Bardamu : PSG vs. OM

C’est un classique français. Comme les gorges du Tarn, l’andouillette de Troyes ou « Pour Ceux » de la Mafia K1fry. Chaque année les médias, en bons couturiers sensationnalistes, montent la rivalité en épingle entre la province qui se rebiffe et la capitale qui se la pète. Le peuple se presse autour du gazon comme naguère autour des arènes antiques. Il faut que ça saigne un peu pour que le rendez-vous ne déçoive pas. Historiquement les matchs n’ont pas toujours été de qualité mais leur voltage demeurait élevé. Surtout dans les années 90, grâce à des poètes tels que Eric Di Meco ou Francis Llacer qui ont tourmenté de nombreuses malléoles et sectionné moult artères.

Cette rivalité footbalistique est pourtant une création de Bernard Tapie et de Canal+ au début des nineties pour relancer l’intérêt de la Division 1. À entendre les supporters de part et d’autre on croirait que leur haine viscérale remonte à des temps immémoriaux alors qu’elle est un business plan fomenté par les puissants. Ceci étant dit, la ferveur d’un OM-PSG est tout à fait respectable car humaine, émotive, identitaire, grégaire, démesurée. Enervante aussi quand deux grappes de demeurés se foutent sur la gueule pour du football.

Le football justement… Car il s’agit de ça au départ, d’un sommet émotionnel du sport français avec ses cohortes de héros et de vaincus. Le but de Pauleta sur Barthez, le film porno de Ronaldinho au Vélodrome, la frappe de Dhorasso en finale de la coupe de France, les simulations de cette pute de Ravanelli, bref autant de faits de jeu qui renseignent le lecteur sur mon code postale. Encore que l’adresse des gens ne détermine pas nécessairement le choix de l’équipe supportée. Ce qui nous amène à l’une des énigmes parmi les plus nébuleuses de ces 25 dernières années: comment peut-on être supporter marseillais en habitant et en étant né en Île-de-France ? Deux réponses reviennent fréquemment :

 

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1 – « Je kiffe leur jeu, et en plus ils ont 10 fois moins de budget que Paris, c’est pas une équipe montée avec le fric ». Pourquoi alors, espèce de boloss, ne supportes-tu pas Lorient ou Carcassonne ?

2 – « Ils avaient une équipe de fous vers 93, c’était dingue je m’en remets pas et je suis loyal ». C’est clairement la réponse la plus satisfaisante ; j’étais également fan de Marseille à cette époque et j’avais même tenté le mulet à la Waddle, ce qui me valu quelques quolibets fleuris sur le terrain au milieu de ma cité. Réponse satisfaisante donc, mais pas suffisante. De plus, chers supporters phocéens en Passe Navigo, sachez que les Marseillais vous conchient cordialement.

 

Avril 2015. Ça chauffe au sommet de la Ligue 1, le trio de tête se tient à quelques poils de cul. L’OM, étonnamment, est encore sur le dance floor. Le PSG, pourtant multimillionnaire et halal, n’est leader que depuis une journée. Autant dire que le spectre de la défaite compresse les trous de balle des deux côtés.

Marseille, il faut bien le dire, a fait une première partie de saison exemplaire avec du fond de jeu et de l’athléticité. Bielsa et ses entrainements militarisés ont discipliné une équipe moribonde l’année dernière. Depuis janvier la Canebière cherche son second souffle mais reste quand même dans le game.

Paname n’est pas irréprochable en Ligue 1, loin s’en faut, mais botte des culs en Champions League, Paname est encore en lice sur 4 tableaux mais Paname peut aussi se ramasser partout. En bref c’est une rencontre déterminante entre deux prétendants au titre. Paris est dans une meilleur dynamique et aborde donc le rendez-vous galant avec un cialis en poche. Voici pourquoi.

 

Les Coachs : Marcelo Bielsa a indéniablement plus de charisme que Laurent Blanc. Même si ce dernier envoie un brin plus de swagg (encore qu’il serait temps de lui expliquer que cet espèce de bouc de hardeur du sud est ringard depuis 1982), Marcelo lui se linge avec le survet du club et s’en bat complètement les couilles de son allure, posture vestimentaire qui démontre s’il le fallait que sa marmite cérébrale bouillonne plein gaz. D’ailleurs il a soufflé un vent d’air frais technico-tactique sur la Ligue 1 en même temps qu’il a déclamé son espagnol monocorde en conférence de presse. Mais, depuis Chelsea, Paris peut se targuer d’avoir un Laurent Blanc majuscule, peut-être enfin positionné sur la carte des coachs européens. Son accent du sud pèse quand même très lourd au moment des ultimes délibérations.

AVANTAGE OM.

 

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Les Gardiens: Sirigu est trop beau gosse. Même si Marseille gagne, sûr que la raclie de Mandanda aura laissé une batterie de sextos sur le 06 de Salvatore.

AVANTAGE PSG.

 

Les Remparts : Nkoulou avait le buzz en 2012, Rod Fanni paye à boire, Djadjédjé est au mieux un exercice d’orthophonie et Jérémy Morel a un blaze de stagiaire ou de pompiste. Ok, tous alignés y’a un côté terroir et fait à la main, mais bon…

À Paris les défenseurs viennent de reprendre une bouteille au TT Twister: David Luiz a la patate il vient de rebaiser son ex, Thiago Silva fait flipper avec son talent et sa rigueur, Marquihnos ferait presque oublier son appareil dentaire, Maxwell est propre comme un missionnaire avec un amour d’été et Van Der Wiel est tout pourri mais on lui pardonne en faisant des Google image de sa meuf.

AVANTAGE PSG.

 

Les Artistes: On rentre dans le vif. Côté azur, Dimitri Payet… ouais ouais, y’a du crochet court, une belle vista, une certaine humilité, une coupe pas trop répugnante. Florian Thauvin… bof bof, le profil du joueur qui élimine sans jouer au foot, qui compte ses petits ponts à la fin d’un match perdu 4-0. Heureusement il y a Imbula. Propre. Fort. Technique.

Motta, fin de carrière, fin de règne, le buste haut, il a encore quelques passes soignées à donner et quelques semelles à offrir. Pastore a le talent tendre et juteux comme une pièce de bidoche argentine. Quant à Marco Verratti, l’admiration et la fascination se disputent mon clavier. Le destin est d’ores et déjà écrit : il va éliminer ses adversaires dans sa propre surface, prendre un jaune à la cinquantième et donner une passe dé que Cavani va vendanger comme un joueur à 35 euros.

AVANTAGE PSG.

 

Les Happy Ending: Ce sont les buteurs, les joueurs censés finir les actions, comme les putes viets dans les salons de massages. Je vous écris de Saigon d’ailleurs, et j’y ai déjà le désagréable souvenir d’une hôtesse courte sur pattes et courte sur cul qui me demande beaucoup trop d’oseille pour une pipe. Ça me rappelle Cavani. Edinson plante quand même un nombre de buts tout à fait louable mais au vu des occasions qu’on lui offre sur un plateau et du montant de son transfert, son compteur devrait être indécent. Ibra se dirige en trottinant vers sa retraite mais on est pas à l’abri d’un triplé et ça c’est cool. Pour Lavezzi, autant ne pas compter sur lui, il rentrera de résoi le jour du match à 16h.

Plus au sud, André Pierre Gignac. J’aime bien son nom qui sent la France comme une vieille édition de Marcel Pagnol. En tant que supporter parisien, il ne m’inquiète pas trop, comme un gars avec des blagues trop grasses et une chemise trop beauf qui drague ma meuf. Batshuayi, par contre, s’est révélé très efficace et il pourrait bien être l’athlète cultivé qui pécho ma meuf devant mes yeux. Méfiance les sos!

AVANTAGE PSG.

 

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Je sais comme vous que ces petites tendances s’autodétruiront au coup de sifflet. La réalité du terrain est totalitaire et ne livre son verdict qu’après coup. Toujours est-il que j’ai hâte, nous avons hâte, de pouvoir réveiller nos pulsions régionalistes et insulter l’arbitre et l’équipe adverse pendant une heure et demie. Le YARD office va lui aussi naviguer dans les sinuosités ordurières du langage et il n’y aura qu’un neutre Guingampais pour tenter de ramener les esprits à la raison. Pour ma part je serai toujours au Vietnam… et si cette tchouin de Cavani rate ses face à face il n’est pas dit que je n’aille pas demander un discount dans le salon le plus proche.

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