Fetty Wap – Fetty Wap

Jeune rappeur de 24 ans originaire du New Jersey, Fetty Wap (Fetty l’argot de Money, Wap comme hommage à son rappeur favori Gucci Mane) s’impose doucement comme l’une des révélations hip-hop de l’année. Commençant à rapper en 2013, il se tourne vite vers le chant, voulant explorer de nouvelles textures musicales. Sa nomination dans le Top Ten du magazine XXL en début d’année avait déjà aiguisé notre curiosité, aujourd’hui il semble faire plus que confirmer les espoirs et attentes mis en lui. Cet été 2015 lui appartient, « Trap Queen » constitue sans conteste le morceau phare de cette année – même s’il est réellement sorti en 2014 – avec 80 millions de fois sur Souncloud depuis sa mise en ligne et occupant jusqu’à la seconde place du Billboard Hot 100 en mai dernier. Le morceau s’est imposé comme « must-played » dans toutes les soirées et s’est même payé le luxe d’être adoubé par Jay Z et Beyoncé. Dans la foulée de ce succès, le moment était opportun et propice pour battre le fer et dévoiler les singles « 679 » et « My Way » qui feront chacun à leur tour leurs effets. Du coup cet été encore, Fetty Wap est notamment devenu le premier rappeur à placer 4 morceaux dans le top 10 hip-hop de Billboard. Une annonce plus que prometteuse à l’heure de découvrir son premier album.

 

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L’histoire de Willie Maxwell ressemble à celle de beaucoup d’autres dans le rap US. Elevé dans les cités de Paterson dans le New Jersey, il se serait essayé comme beaucoup d’autres au hustling et à la drogue pour tenter d’améliorer son quotidien. Mais il semble vouloir cultiver sa différence avec le temps. Atteint d’un glaucome aux deux yeux à l’âge de six ans, il en ressortira aveugle d’un œil, une particularité qu’il assume pleinement aujourd’hui en s’affichant sans prothèse oculaire. Cette identité est devenue une marque de fabrique qu’il promeut jusque sur la cover de son premier album. C’est encore pour se démarquer qu’il décide de chanter et d’abandonner définitivement le rap, car il voulait « créer quelque chose de différent ». S’il on doit bien reconnaître une chose au natif de Paterson, c’est qu’il s’est fait un nom seul ; même si le remix de Dreezy du hit « My Way » – déjà coutumier du fait notamment avec « Versace » – a sûrement offert une plus forte visibilité au titre qui constituait déjà un banger – puis Fetty surfait depuis un moment déjà sur le succès de « Trap Queen ». Le «Do It Yourself » est donc une expression chère au rappeur puisque l’on retrouve sur le tracklist que deux artistes en featuring, M-80 et Monty. Ce dernier, membre du crew Remy Boyz, prend une place conséquente dans l’album puisqu’il apparaît sur quasiment la moitié de l’album. Même son de cloche au niveau des productions, ou la plupart des instrumentaux sont assurés par Brian « Peoples » Garcia, producteur pour Fetty Wap depuis le début et notamment auteur de « 679 », et Yung Lan.

À tout seigneur tout honneur, c’est au morceau roi « Trap Queen » d’ouvrir le bal, histoire de lancer sous les meilleurs auspices l’album. Petite particularité pour les auditeurs français, c’est le remix de la même chanson en collaboration avec Gradur qui clôture un disque assez conséquent puisqu’il comprend en tout 18 titres dans sa version frenchie. Un remix opportuniste et préfabriqué dont on remarque beaucoup trop l’artificialité, qu’il n’était sûrement pas indispensable de faire figurer sur l’opus. Au fur et à mesure des tracks, on se rend peu à peu compte que Fetty n’est clairement pas un rappeur, enchaînant les refrains et les couplets mélodieux, et laissant le quota rap à son acolyte des Remy Boys, Monty. On sent l’importance de ce fidèle dernier, seule autre personne en dehors de Fetty Wap sur les photos du livret, par sa présence sur une bonne partie de l’album. Dans les morceaux marquants, on retiendra bien évidemment les singles « Trap Queen » et « My Way » en tête, des love bangers, chansons dédiées à la gent féminine qui constituent l’ossature de l’album avec des titres comme « D.A.M » ou encore « Time ». Bien évidemment, inutile de chercher de la profondeur dans les textes, Fetty Wap n’est pas un storyteller, ni un punchliner. Mais paradoxalement, c’est quand il se défait du spectre du « Trap Luv »  que se présentent les meilleures surprises de cet album. Récit du parcours de leur crew, l’entraînant « How We Do Things » succède admirablement bien au single phare de la tracklist. « I Wonder », introspection où le chanteur réfléchit sur ses accomplissements et relativise son succès, il est incontestablement une des réussites de l’album. On ressent d’ailleurs sur ce morceau l’influence d’un certain Future, tant sur la voix que sur la musicalité. Autre influence, sur le titre « Boomin’ » où Fetty Wap parodie le flow de Chief Keef avant de rendre hommage à sa plus grande influence, Gucci Mane, en fin de morceau. Les titres s’enchaînent inlassablement et on se surprend à adhérer à l’univers de l’artiste. Peu ou pas de véritables fausses notes, Fetty Wap a trouvé sa formule et l’applique à la perfection. Peut-être un peu trop épais, l’album est aéré par la présence de morceaux low-tempo comme « Rewind » et « No Days Off ». Autant de tracks qui pourraient faire office de potentiel single.

 

Fetty Wap

 

Au final, Fetty Wap signe un premier album aux sonorités très homogènes. Malgré le fait que l’on ressente un peu trop l’envie de répéter sa recette, multipliant la présence de « wanna be » Trap Queen, on est au final surpris par la consistance de l’album, qui plus est sur autant de morceaux. À partir du moment où l’on est conscient que l’on n’assiste pas à une révolution musicale mais plutôt à un album tendance, cette répétition devient moins gênante. Un manque de profondeur que le protagoniste explique ainsi : « En gros, je n’ai pas vraiment d’histoire à raconter. C’est la même histoire : tout le monde a la même. Ils venaient d’en bas, ils ont un talent et maintenant ils ont tout. C’est une histoire que tout le monde connaît. Je me dis juste, pourquoi raconter aux gens qu’ils ne peuvent pas avoir une chance de vivre ainsi aussi ? » En conclusion, un premier effort encourageant pour l’artiste, qui devra néanmoins éviter de s’enliser dans son style et apporter de nouvelles cordes (vocales) à son art, et peut-être explorer de nouveaux thèmes dans ce qui constitue une épreuve importante dans la vie d’un artiste : le second album.

 

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