Les Divines vues par Vincent Desailly
Elles ont pointé le bout de leur nez le 30 août dernier, elles s’appellent Divines. Le long-métrage a saisi d’enthousiasme le tout Cannes, d’abord la profession avec le prix de la Caméra d’Or puis le public avec un discours de remerciement empreint de liberté et d’engagement prononcé par Houda Benyamina, sa réalisatrice. C’est avec elle que nous avons eu l’occasion de discuter, et c’est entourée de ses actrices que Vincent Desailly a eu l’occasion de les photographier pour YARD. Direction la grisaille cristolienne dans le quartier des « Choux » pour un shooting avec Oulaya Amamra, Déborah Lukumuena, Jisca Kavlanda et naturellement Houda Benyamina.
« À Cannes, mes petits voulaient rentrer dans une soirée très « hype » et on leur a refusé l’entrée. Catherine Corsini (réalisatrice, ndlr) est sortie de la boîte puis a enlevé ses chaussures car ils étaient en baskets. Elle leur a dit : »Je leur donne mes chaussures, mes bracelets… Vous les laissez rentrer. » Puis elle appelait comme ça : « Télérama, venait voir ! Ils ne veulent pas laisser rentrer l’équipe de Divines, c’est du racisme ! Pourquoi vous ne les laissez pas rentrer, ils sont plein en baskets en haut ! Du coup, j’étais contente que ce soit elle qui nous donne le prix. »
« Le problème des quartiers populaires que ce soit à Lille, Paris ou Marseille, c’est qu’on a créé une société dans la société avec toute une culture : on a notre restauration, notre musique, nos codes vestimentaires. C’est ça qui est dangereux. On a créé un enfermement car quand tu habites dans une cité, tu ne vois rien d’autre. Tu ne peux pas te projeter vers un ailleurs […] Avec 1000 visages, notre association, un mec qui adore l’électricité peut se dire : « Putain, je peux être chef électro sur un plateau de cinéma. » Dans sa tête ce n’est même pas possible, il ne sait même pas que ça existe. »
« Divines est le premier film qui est raconté de l’intérieur par quelqu’un qui vient de l’intérieur, d’habitude ce sont les gens de l’extérieur qui viennent nous raconter. Ils ont raison de le faire car demain je vais peut-être faire un film sur la bourgeoisie, l’opéra Garnier, sur la danse. Tous les sujets m’appartiennent ! C’est à nous de prendre les armes, le cinéma, la littérature… C’est à nous de le faire ! »
Interview complète :
Photos : Vincent Desailly
Stylisme : Camille-Joséphine Tesseire
Hair : Soraya Meziane
Make-up : Hannah Nathalie