6lack, prononcé black

Avec YARDLive, l’objectif de YARD est de vous faire découvrir des talents émergents dont le potentiel nous aura convaincu. Une occasion de les découvrir pour la première fois sur une scène française. 

Pour cette première date sold out, nous accueillions 6lack (prononcez black) quelques mois seulement après la sortie de son album « Free 6lack ». Sur la cover de cet album, il est assis sur un lit, à côté d’un ours qui apparaît aussi également dans la vidéo de « PRBLM ». De cette rencontre avec l’ursidé, le chanteur garde le souvenir précis d’un mammifère imposant et timide, colossal mais fragile. Un animal dans lequel il s’est tout de suite retrouvé. Et quand on le rencontre, on comprend vite pourquoi.

Le visage caché derrière des dreads qui se forment librement, le chanteur s’exprime d’une voix calme et posée quand ses propos révèlent un discours affirmé et parfaitement assuré. 6lack est indéniablement un introverti qui laisse parler sa musique pour lui et qui sait parfaitement où il va et où il souhaite nous mener.

Quelques heures avant le live, on l’a retrouvé au Badaboum pour en découvrir un peu plus sur lui et sur l’histoire qui a construit ce premier projet.

 

Photos : @lebougmelo

 

 

YARD : L’un des fondements de l’album « Free 6lack », c’est le mot « relatable », qu’on pourrait traduire en français par le fait de pouvoir se retrouver dans ce qui est raconté. Comment est-ce que tu définis cette notion ?

6lack : Quand j’étais dans le studio et que je travaillais sur le projet, c’est le premier mot que j’ai écris sur la console. Je voulais être certain de faire en sorte que tout tourne autour de ça. Donc pour moi, cette tâche consiste à faire comprendre aux gens ce que j’ai traversé pour qu’ils puissent s’y reconnaitre et dire « j’ai aussi traversé ça ». Et s’il ne l’ont pas vécu, qu’ils se disent que si ça leur arrivait, ma musique leur donne une bonne perspective. Je pense qu’on manque de quelqu’un qui raconte des évènements de la vraie vie. Je ne parlerai pas de choses que je ne possède pas, de choses que je ne fais pas. Je creuse dans les relations, le genre de choses auxquelles les gens peuvent se sentir liés.

Y : Pour vraiment comprendre « Free 6lack », il faut aussi que tu expliques toutes ces situations par lesquelles tu es passé au moment d’écrire cet album. Tu étais signé sur un label notamment. Comment ça s’est passé ?

6 : J’étais à l’université, j’y ai étudié un an.

Y : Qu’est-ce que tu étudiais ?

6 : L’informatique. Il n’y avait donc pas vraiment de lien. C’était l’été 2011, ou l’année où beaucoup de projets aux consonances R’n’B sont sortis. Après en avoir écouté quelques uns, je me suis dis « Ok, je ne suis pas sensé être là. Je devrais travailler sur ma musique. Je suis sensé consacrer mon temps à mon œuvre». Alors j’ai quitté l’université et je suis parti à Miami. J’ai un ami dont l’un des frères travaille dans un label là-bas et ils m’ont ouvert leurs portes. Comme j’étais vraiment en demande, je n’ai pas vraiment réfléchi à ce que je signais. Je n’ai fait qu’y jeter un œil. Genre « je dois mettre mon nom sur cette ligne ? Ça marche ! ».

Y : Et que s’est-il passé ?

6 : Après ça, tout a débuté comme ça devait commencer. C’était cool, je ne voyais que les bons côtés. Et avec le temps, les choses ont changé en quelque sorte et tu commences à voir les choses telles qu’elles sont vraiment. Dans cette situation je travaillais avec des gens qui n’avaient pas vraiment la même vision que moi.

Y : À ce moment de ta carrière, tu avais déjà une vision assez précise de ce que tu voulais faire ?

6 : Tu sais, ma vision s’aligne sur ce que je suis. Donc ça n’a jamais été quelque chose que j’ai eu besoin de structurer, de définir ou de planifier. C’est juste… je sais qui je suis et je veux parler de choses qui ont de l’impact sur les gens. Je ne veux pas compromettre ma vision pour quelqu’un.

 


Parfois j’appelle les gens et je leur dis « Hey ! Je vais écrire cette chanson, les gens vont l’entendre. » J’ai leur bénédiction et je la sors.


 

Y : Et cinq ans ont passé. Puis tu es parti.

6 : Oui. Après un long combat. J’ai finalement trouvé un bon avocat, on a négocié et j’’étais cassé mon contrat.

R : Juste avant ça, tu avais déjà sorti quelques titres sur Soundcloud.

6 : Oui. Pendant toute la période où j’étais signé, je n’étais pas sensé le faire. Mais je l’ai fait tout simplement parce qu’ils n’allaient pas m’attaquer pour ça et qu’ils n’allaient pas m’aider à le faire non plus.

Y : Donc ce n’était pas un risque énorme. Il était calculé et utile.

6 : Oui, de cette manière, j’ai atteint des yeux et des oreilles et j’avais finalement un public, quand il a été temps de sortir de la musique.

Y : Tu as construit ta marque, établi une fan base…

6 : On avait un logo et tout. Pas mal de ces choses ont été construites à l’intérieur de mon cercle proche, par moi-même et parfois quelques amis. Je me suis managé seul pendant un temps.

Y : Quelles sont les autres choses par lesquelles tu es passé et qui t’ont fait écrire cet album ?

6 : La vie tout simplement. Pouvoir rencontrer autant de monde, j’entretiens tellement de relations, qu’elles soient amicales ou plus spéciales. Traverser ces choses là, vivre de grandes relations et certaines un peu plus mauvaises, ça m’a donné l’inspiration pour terminer le projet. Avec le temps, si quelque chose se passe dans ma vie, j’en fais une chanson. Parfois j’appelle les gens et je leur dis « Hey ! Je vais écrire cette chanson, les gens vont l’entendre. » J’ai leur bénédiction et je la sors.

 

 

Y : Tu viens d’Atlanta.

6 : Oui.

Y : Et la musique que tu fais détonne par rapport à ce qu’on entend là-bas ces jours-ci.

6 : C’est vrai. Je pense que la beauté de tout ça, c’est que je trouve mon inspiration dans ce qui se fait à Atlanta, donc ce qui se fait sur la scène trap. J’inclus ça dans ma musique et je la conserve pour que cela reste familier. Je pense qu’Atlanta a une influence énorme dans ce que je fais. J’essaie simplement de la récupérer et de la mener vers une autre direction.

Y : Et avant de chanter, tu étais dans le battle rap. Est-ce quelque chose qu’on va retrouver plus tard dans ta musique?

6 : Aujourd’hui, je suis plus dans le chant. Je pense que le battle rap m’a donné les outils dont j’avais besoin pour être capable d’écrire de meilleures chansons. Avec cette discipline, j’ai dû utiliser tellement de mots, tellement de moyens pour arriver à faire passer un message.Et quand est arrivé le moment d’écrire des chansons, il a fallu le faire en plus court en conservant tout autant de sens.

 


J’aime ça parce que je m’y suis préparé. C’est tout ce que j’attendais.


 

Y : Parlons maintenant de ce qui t’arrive aujourd’hui : le succès de « Free 6lack », du morceau « PRBLM ». Comment tu le ressens ?

6 : C’est comme si les chose se passaient, tout simplement. Je découvre de nouveaux endroits, je suis entouré de nouvelles personnes. J’ai l’impression que c’est quelque chose de beau mais aussi quelque chose auquel je dois réfléchir. J’aime ça parce que je m’y suis préparé. C’est tout ce que j’attendais.

Y : C’est ce que je voulais savoir. Est-ce que tu le vis comme quelque chose de surprenant, ou comme quelque chose de planifié ?

6 : Parfois c’est accablant. Tu rates des choses, tu perds des choses en ce qui concerne ta vie personnelle. Mais comme je l’ai dit, c’est quelque chose pour lequel je m’étais préparé et je devrais y faire face un jour. C’est doux-amer parfois, mais dans l’ensemble c’est une chance parce que ça me permet de faire tout ce que je voulais faire depuis le début.

Y : Quelque chose d’autrement plus important t’es arrivé. Tu as eu une fille. Qu’est-ce que ça a changé pour toi ?

6 : Ce qui est fou, c’est que je ne pense pas que cela ait changé quoi que ce soit, parce qui je suis est resté intact. Je pense que maintenant, je vois juste les choses avec une perspective différente. Tu sais, je n’ai pas besoin de changer ce que j’ai écrit, je change seulement la façon dont je le regarde et la façon dont ça pourrait l’affecter. Comment ma fille pourrait le percevoir un jour, quand elle aura grandi. Je pense que j’ai toujours pris soin d’elles et fait en sorte que les femmes autour de moi se sentent bien…que tout allait bien, qu’elles ne sentent pas qu’on leur manque de respect ou qu’elles ont été mené dans une mauvaise direction. Donc aujourd’hui, j’en ai une à moi, et c’est mon boulot de lui montrer le chemin et de la protéger.

Y : Avec tout ça, est-ce que tes projets vont prendre une autre direction. Est-ce que tu vas trouver un autre mot à inscrire sur ta console ?

6 : Non, je pense que je vais me concentrer là-dessus. Au moins pour l’instant. Avec ce projet, j’ai donné un récit général de tout ce que j’ai traversé ces cinq dernières années.

Y : Comme une grande introduction.

6 : Oui. C’est un résumé de tout ce que j’ai traversé et je sens que, là, c’est mon travail de peut-être y retourner et peut-être donner une vision un peu plus profonde de ces années-là.

Y : J’ai lu que tu avais été intégré dans une discussion WhatsApp qui réunissait tes plus anciens et plus grands fans, et qu’il t’arrivait d’y faire quelques apparitions. Comment est-ce que tu interagis avec tes fans en général ?

6 : Je pense que, plus que tout, il faut que les gens se souviennent que je suis une personne. Parce qu’avec le succès vient, bien sûr, plus d’attention. Et les gens ont tendance à oublier qu’à côté de la musique, on a une vie. A côté de la musique, on a des sentiments, il y a tout un tas de choses qui se passent et ça se perd parfois. Mais avec mes fans, ce que j’ai été capable d’établir jusque-là, c’est en quelque sorte une ligne directe. Évidement, tu ne peux pas être trop présent pour tout le monde, ou trop atteignable. Mais je ne veux pas qu’ils pensent que je suis inaccessible parce que c’est ce que je veux. Dorénavant, ma vie entière est publique. Donc le peu d’intimité que j’ai, j’aime qu’elle soit respectée.

 


Avec ce projet, j’ai donné un récit général de tout ce que j’ai traversé ces cinq dernières années.


 

Y : Sur cet album, il n’y a aucun featuring. Était-ce un choix ?

6 : Oui et non. Je ne me suis pas dit, « je ne veux aucune collaboration », mais je me suis aussi investi dans ce projet en me disant que je voulais me tester moi-même et voir combien de choses différentes j’étais capable d’apporter à l’album. Combien de refrains serai-je capable de faire seul ? Plus que tout, j’ai simplement continué de travailler. Au moment où j’ai fini par aimer le projet, il n’y avait plus que moi dans ces chansons.

Y : On t’as vu en studio avec Gucci Mane, sur Instagram avec A$AP Rocky, sur scène avec The Weeknd et tu as sorti un titre avec Jhené Aiko. Dans quelle direction nous emmènes-tu avec cette variété d’artistes ? Avec qui est-ce que tu souhaiterais collaborer et comment ça se passe ?

6 : J’ai déjà une liste d’artistes avec lesquels je voudrais collaborer, mais à chaque fois que je rencontre quelqu’un et qu’il y a une connexion, musicale ou autre.. c’est comme ça que ça se passe. Même à mes débuts, je n’étais pas le genre de personne à demander « Combien pour un featuring? ». Parce que quand on rencontre quelqu’un et qu’on s’entend…

Y : Ce n’est pas une question d’argent, mais de connexion.

6 : Exactement. Je pense qu’avec les gens que j’ai rencontré jusqu’ici, ça a été aussi simple que ça et c’est comme ça qu’on fait de la bonne musique.

 

 

#YARDLive :
Woodie Smalls – 26 avril @ Candy Shop Paris
Allan Kingdom – 24 mai @ Candy Shop Paris

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