One year, one shoe : Adidas Superstar (1969)
Si l’on devait représenter vulgairement la street culture, la sneaker culture ou le breakdance par une seule icône ce serait instinctivement la Superstar. Un choix légitimé par sa silhouette singulière et son histoire unique.
La Superstar, c’est avant tout une paire reconnaissable et facilement identifiable : sa forme ronde, ses trois bandes sur les côtés, sa languette prédominante, la présence du Trefoil au niveau du talon et surtout sa « Shelltoe », nom donné à la partie avant de la chaussure (la toebox) pour sa ressemblance avec un coquillage (shell en anglais) ; c’est cet ensemble qui constitue la force du modèle.
Lancée en 1969, cette chaussure est crée à partir de la Pro-Model pour en faire une version basse, destinée aux joueurs de basket-ball. Elle connaît dès son arrivée un grand succès car elle chausse des vedettes comme Kareem Abdul Jabaar ou « Pistol » Pete Maravich et devient la première chaussure basse en cuir à fouler les parquets de la NBA. « Fouler » est un euphémisme, car la Superstar s’établit partout dans la ligue au point d’être portée par 3/4 des joueurs au milieu des années 70.
Puis, il est impossible de parler de la Superstar sans évoquer Run-D.M.C. Le trio du Queens formé en 1983 a fait entrer la paire au panthéon des sneakers avec leur image basée sur un style et une esthétique travaillée dans une époque où le hip-hop véhicule encore les codes vestimentaires du disco. La Superstar est alors la pièce maîtresse du « street style » qu’amène les membres du groupe, elle est portée la plupart du temps sans lacets et souvent accompagnée d’un survêtement Adidas et d’un Kangol ou d’un Fedora sur la tête.
L’histoire de la Superstar prend son envol un soir de 86 lors d’un concert au Madison Square Garden où un représentant de la marque Adidas est témoin d’une scène folle : le public entier brandit chacun une paire d’Adidas à la demande du groupe avant d’entonner l’hymne glorifiant la marque, « My Adidas ». Ensuite, le groupe signe un contrat avec la marque allemande à hauteur d’un million de dollars en promotion et pour créer une collection capsule Run-D.M.C. Ce contrat fait d’eux les premiers non-athlètes à signer un contrat avec une marque sportswear, ouvrant la voie à d’autres artistes et montrant le potentiel marketing du hip-hop. Le succès de la Superstar grandit à mesure que l’exposition du groupe augmente, Run-D.M.C étant le premier groupe de rap à être diffusé sur MTV, à apparaître en couverture du magazine Rolling Stones, ou a collaborer avec un groupe de rock (Aerosmith sur « Walk This Way »). Le trio a mis le style au cœur de son image, lance une mode et voit « leur Adidas » adoptée par tout le pays. Ils aident ainsi un peu plus à l’intégration de la marque Adidas aux USA dans les années 80.
45 ans après sa création et près de 30 ans après le concert au Madison Square Garden, la légende de la Superstar est toujours intacte et voit se multiplier les sorties hommages, comme pour rappeler – si besoin en est – son histoire et son lien avec le hip-hop. 25ème anniversaire de Def Jam, 25ème anniversaire du titre « My Adidas », hommage à Jam Master Jay, la Superstar est ressortie pour la dernière fois en septembre dernier, arborant les mentions « Run DMC » et « 1986 ». Une autre réédition mémorable a été celle du 35ème anniversaire de la paire qui l’a vue être déclinée en 35 versions différentes, toutes ayant des caractéristiques bien distinctes. Le 35ème est un modèle unique en or et reste à ce jour la basket la plus chère au monde.
En outre, la Superstar est devenue un objet privilégié de la customisation, un terrain de jeu attirant pour de nombreux artistes allant de l’accessoire au graff en passant par la collaboration ( BAPE, UNDFTD, ATMOS, PORTER, CLOT, NBA, X LARGE, MOTOWN,FRESH IMP, DEF JAM…). Tout au long de son histoire, la Superstar aura véhiculé l’image du cool et du « stylé », son adoption par les crews de b-boys dans les années 80-90 et par les danseurs hip-hop en général ( Popping, Locking, New Style…) en sont la preuve. Des groupes comme Korn et Limp Bizkit amèneront la Superstar dans l’univers rock, et comme beaucoup de paires iconiques elle inspirera son lot d’inspirations. C’est le cas de la Superstar Skate, ou la Campus, version suede de la Superstar qui est crée pour concurrencer la Clyde de Puma.
Aujourd’hui, on peut retrouver la « Shelltoe » autant dans les pieds de pionniers tels que Jay Z, Nas ou Missy Elliott ou de façon virtuelle chaussée par Scott Pilgrim qui révèle son cachet de « must have ». Cette shoe contribuera à créer en 2001 la division Adidas Originals, collection qui réinterprète de façon moderne les pièces historiques de la marque.
5 dates en 1969
5 mars : Naissance de MC Solaar
16 juin : Georges Pompidou est élu président de la république
21 juillet : Neil Armstrong est le premier homme a marcher sur la lune
15 aout : Ouverture du festival hippie Woodstock
19 novembre : Pelé marque le 1000 ème de sa carrière but face au Vasco de Gama, au Maracana.