Autosex

La sexualité est une thématique inépuisable. Même en demeurant connement hétéro la pratique sexuelle est toujours inédite pour peu qu’on y mette du sien, et ce sans qu’il faille s’aventurer en tongs sur les rochers escarpés de la zoophilie (relation sexuelle avec des animaux genre épagneul), de la nécrophilie (relation sexuelle avec un cadavre genre Geneviève De Fontenay), de la gérontophilie (relation sexuelle avec des seniors genre Jean-Pierre Marielle) ou encore de la podophilie (relations sexuelle entre podologues). La forme la plus narcissique reste l’autosexualité qui est une sublime conversation entre soi et son plaisir. J’en suis évidemment un grand amateur. Le nombre de mes branlettes excèdent, de l’ordre du simple au quintuple, les relations sexuelles que j’ai eu avec une partenaire. L’orgasme que je ressens à chaque fois n’est évidemment pas mieux qu’avec une amie un peu chipie, mais il a le mérite de la constance et de la régularité, et surtout il n’est jamais gâché par une main malhabile qui tire trop violemment sur la plaquette de frein, jamais endolori par la canine malheureuse d’une fellation dentaire et jamais appauvri par la tristesse d’une capote. C’est tout bonnement l’assurance d’un bonheur sensoriel au milieu d’un maëlstrom d’impôts, de rhumatismes, de centres de Bacary Sagna et de belle-mères.

Dans un élan de journalisme gonzo j’ai décidé d’emprunter un sex toy masculin qu’un ami du foot a en sa possession depuis un anniversaire de mauvais goût. Lorsqu’il m’a passé l’engin de plaisir dans un banal sac plastique, il m’a précisé qu’il y avait un petit fascicule explicatif… Ce qui m’a rassuré. En rentrant chez moi je déballai l’objet. En lieu et place du mode d’emploi je trouvai un descriptif Habitat de la lampe « Louie » ainsi qu’un ticket de caisse Franprix de grande classe puisqu’il comprenait des nectarines, du jambon, des tomates grappe, de la glace Carte D’Or à la framboise et du papier toilette pour effacer le reliquat de la digestion disgracieuse qui ne manquerait pas d’arriver. Je me résignai donc à appréhender le sex toy intuitivement mais je ne regrette pas ces deux documents qui m’ont arraché un sourire par l’incongruité de leur présence.

L’objet qui nous intéresse ici, le « Flip Hole », avait une forme impressionnante: une sorte d’ogive nucléaire de poche qu’un agent secret iranien aurait sauvé des contrôles de l’ONU. Tel un feu de signalisation coquin, trois boutons se suivaient sur la façade et chacun permettait d’accentuer la pression sur le sexe à trois endroits différents. Un trou étroit permettait la pénétration. Le sex toy s’ouvrait en deux. Je découvris une technologie rebutante faite de formes étranges dans une texture gélatineuse censée donner du plaisir à mon génitoire. Pour ma part j’y voyais plutôt les entrailles d’un bébé alien. Je refermai l’abdomen et laissai passer une semaine.

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C’est un dimanche soir que je décidai de le tester, dans des circonstances que j’admets originales. Je regardai distraitement le match Portugal/Etats-Unis et avais mis de l’eau à chauffer pour quelques pâtes à venir quand, sans crier gare, l’envie d’un plaisir solitaire m’anima. Prenant mon courage à deux mains et ma bite à une, je décidai de tester l’infâme objet. J’ai oublié de préciser plus haut que le package incluait 2 tubes de lubrifiants, des « hole lotion », dont l’un était libellé « real » et l’autre « wild ». J’optai pour le « real », refusant clairement de baiser ce truc avec de la harissa sur la teub, et badigeonnai les viscères du monstre.

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L’eau commençait son ébullition, Christiano Ronaldo galérait au Brésil… Autrement dit il me fallait un vrai stimulus de bonhomme. Je surfais jusqu’à Youjizz et sélectionnai deux vidéos aux titres prometteurs: Latina Ass Action et Young Housewife Asstomouth. Je lançai la première et découvrais une jeune femme plutôt dégourdie avec un tarpé replet et un anus hospitalier. Cela fit rapidement effet sur mon psychisme de pervers consommé. Je pénétrai alors le « Flip Hole » avec une vague inquiétude. La vraisemblance de l’insertion était bluffante. Mais cette petite surprise heureuse ne dura qu’un temps et la réalité de la situation reprit ses droits. La sensation à proprement parlé était étrange et je peux affirmer sans trop de risque que le vagin de la femme a encore de beaux jours sur le trône de notre désir. Je me senti subitement gay et ridicule avec cette capsule sur le sexe.

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J’enlevai rapidement le « Flip Hole », mis les pâtes dans la casserole frémissante et retournai me finir à la main dans la plus pure tradition séculaire de l’onanisme. D’ailleurs il paraît que des pâtes chaudes dans un gant de toilette sont ce qui se rapproche le plus des vrais sensations. L’appétit eut raison de mes velléités journalistiques et je dévouai naturellement mes farfalle à la noblesse de l’alimentation.

Ah oui, au fait, mesdames, information périphérique à cette chronique mais d’importance, si vos keumés vous racontent qu’ils ne se branlent pas, ce sont des putains de mythos. On se saisit le manche dès que vous avez le dos tourné, et ça n’a absolument aucun rapport avec le taux de satisfaction que vous nous procurez. On file sur Youjizz aussi rapidement qu’un campagnol quitte le terrier une fois la buse partie, on clique sur des vidéos avec des grosse putes siliconées et on se masturbe avec une fierté déraisonnable. Et qui plus est en cette période de coupe du monde où nous troquons votre canapé utérin contre le canapé du salon.
Dont acte.

Illustration: Lazy Youg

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