Serge Aurier : « Les clashs m’ont un peu éloigné du rap »
À l’heure où Matuidi est devenu « charo », qu’en est-il de Serge Aurier ? Titulaire au PSG, lui aussi a sa petite histoire avec le rap français. Quelques mois avant sa signature dans le club de la capitale, le latéral est interpelé dans un morceau de Gradur qui culmine aujourd’hui a plus de treize millions de vues. Suffisamment impressionnant pour partager un écouteur avec l’international ivoirien.
Première question un peu basique : qu’est-ce que le rap pour toi ?
Le rap, ça vient de la rue, souvent les mecs qui le font ont vécu des choses fortes dans leur vie, petits ils n’avaient pas ce que certains avaient, ils trimaient. Du coup, c’est leur poésie à eux. Le rap a une histoire, je n’étais pas encore né que c’était déjà une musique qui faisait partie de la culture aux States, mais aussi en France. Aujourd’hui, en France, il y a une nouvelle génération qui commence à mettre un peu d’ambiance positive. Le problème, c’est qu’il y a eu beaucoup de clashs, et pour ma part ça m’a un peu éloigné du rap. Tu ne sais plus qui écouter, pour qui prendre parti.
Dans Sheguey 8 – Dani Alves, à la fin du freestyle, Gradur dit : « Serge Aurier, j’suis avec ton frelon, y a rien. » Comment tu apprends ça ?
Sincèrement, il l’a fait de lui-même, on n’en a pas parlé. C’est un très bon ami à mon petit frère, il l’accompagnait toujours à ses showcases un peu partout, ils se connaissent bien. C’est un petit clin d’œil qu’il a voulu me faire, ça m’a fait plaisir. On s’est vus une fois à une de ses prestations, on est entrés en contact, et c’est parti de là. Je sais que c’est un mec qui a la tête sur les épaules, qui est tranquille. Quand tu es avec lui, il ne se prend jamais la tête, il reste vraiment posé. Pour moi, il incarne cette nouvelle génération, il est dans le rap pour ouvrir les portes à d’autres personnes. Du coup, dès qu’il y a un rappeur qui poste un son qu’il aime bien, il le partage. C’est comme ça qu’il faut se donner de la force.
Tu trouves justement qu’il contribue à changer les mentalités ?
J’ai l’impression que tout le monde veut être le boss. Gradur arrive à redonner une définition au rap qui ressemble à celle des États-Unis. Là-bas, dès qu’un nouveau sort un son que tout le monde kiffe, les artistes confirmés le pousse : ils font des « remixes », ils le font venir en concert. Un vrai esprit collectif. Ce qui fait avancer le rap ici, c’est que les mecs s’en battent les couilles, on va dire. C’est du business. Du coup, en France, la nouvelle génération doit apporter un autre délire.
Qu’écoutais-tu des générations précédentes d’artistes ?
J’ai grandi en écoutant de Rohff, c’est des sons qui me parlaient. Dans ses albums, il y avait beaucoup de textes dans lesquels je me reconnaissais. J’ai connu le rap à cette époque-là, quand il a commencé à être actif artistiquement ; et tout ce qu’il disait, j’avais l’impression de le vivre automatiquement. Il a des classiques, pour moi ça reste l’un des meilleurs rappeurs en France.
Aujourd’hui, quels sont les artistes que tu écoutes le plus ? Ton top 5 ?
Young Thug, Future, Kaaris, Gradur et Ixzo. Mais dans le vestiaire, avant d’entrer sur la pelouse, c’est soit Gradur, soit Kaaris. Ce sont des paroles qui me donnent la patate.
Retrouvez cette interview dans le dernier numéro du YARD Paper.