Chronique d’album : Alpha Wann – Alph Lauren II
« Dans mon programme j’élimine la sieste »… « Protocole ». Première piste. Enième vers. L’évocation de ces quelques lettres est beaucoup plus profonde qu’on ne le pense. Entre ces lignes, il faut se détacher de son sens premier, de la futilité en apparence, de la grammaire, pour tenter d’entrevoir la conscience intérieure de Monsieur Alph. Le temps avance sans attendre. Pour le rattraper, mieux vaut ne pas s’assoupir, « fini d’bailler », dormir est la tare absolue. Les frivolités sont tout autant synonymes de distractions, dès lors, même une femme aux cuisses bien gainées ne serait faire vaciller le Tour EiPhaal, et ce, malgré une passion évidente, « pas l’temps pour elle ». En filigrane de Alph Lauren II, le temps résonne. Plus Alph avance, plus il lui fait écho. Même si pour faire son entrée le pas n’est pas pressé, ses vers s’enrobent d’une élégante nonchalance, « Flingue est à la traîne ». Dans son Entourage, les disques d’or sont apparus. L’oseille. Le succès. De la matière à réfléchir, mais Alph est un garçon intelligent. Cloisonné dans « Vortex » spatio-temporelle, il rattrape le temps à force de « charbonnage », sans prendre des raccourcis mal sentis. Aucune impasse n’est faite sur sa plume « Ce grand mince ne s’branle pas mais il s’prend en main / J’ai les dents longues, j’suis pas Didier Deschamps ». Aucune impasse sur l’esthétique visuel (les clips de « 1,2,3 », « Lunettes Noires », la pochette). Aucune impasse sur la production. Brillamment choisie, elle oscille entre continuité (Hologram’ Lo, VM The Don) et modernité (Richie Beats). « A deux pas » du succès. Patience. Maintenant, passez à la caisse.