Ali, Foreman & Frazier : BFF (1989)
Alors que nous célébrons aujourd’hui le 40ème anniversaire du « Rumble in the Jungle » qui opposait Muhammad « The Greatest » Ali et « Big » George Foreman, c’est toute l’histoire de la boxe qui nous revient.
Dans les années 70, Muhammad Ali est l’un des protagonistes des deux combats les plus importants de la décennie. Chacun d’entre eux se déroule dans un contexte socio-politique tendu qui ajoute une dose de prestige à l’événement. Le premier l’oppose à « Smokin’ » Joe Frazier et se termine par une défaite au point d’Ali. Ce soir du 8 mars 1971 reste le point culminant d’une crispation sociale après les déclarations d’Ali contre la guerre du Vietnam (« Jamais un Viêt ne m’a traité de Nègre« ), alors opposées aux positions de Joe Frazier sur le conflit.
Quant au second combat, il se déroule en 1974, le 30 octobre au Zaïre. Le « Rumble In The Jungle », qui l’oppose à George Foreman, se joue dans un environnement favorable à Ali qui bénéficie du soutient de tout un pays. À grands renforts de communication et de rebondissements, le combat fait l’évènement et c’est l’ancien Cassius Clay qui remporte le combat par K.O
Ces deux matchs ont construit la légende de trois grands poids lourds de l’histoire de la boxe, mais ils ont aussi forgé trois grandes amitiés. Encore aujourd’hui, les liens créés entre Ali et Foreman sont indéfectibles, comme ce dernier raconte dans un hommage rendu au Greatest. « Par le passé, il était de ceux que je n’aimais vraiment pas. Je le détestais. [Aujourd’hui] on s’intéresse aux mêmes choses, on parle de nos enfants, de nos petits enfants et il continue de faire des blagues. Il me dit : » Hey Georges, tu as combien de petits-enfants. » Je lui dis six. « Bien, j’en ai huit, George. Tu vois, je t’ai encore battu. » Il veut toujours être « The Greatest ». » Foreman rapporte aussi l’affection qui liait Frazier et Ali. « Muhammad Ali et Joe Frazier étaient comme deux frères. Ils s’aimaient sincèrement. »
Le 10 octobre 1989, le trio est réuni à l’autre bout de l’océan Atlantique, à la London Arena, pour promouvoir le documentaire Champions Forever qui réunit les témoignages des meilleurs boxeurs de l’époque : Ali, Foreman, Frazier, mais aussi Ken Horton et Larry Holmes. En visite dans le gymnase, ils font la promotion du documentaire, posent pour les photographes, signent quelques autographes et laissent une trace indélébile de leur passage historique dans une plaque de ciment.
La promotion se poursuit sur un plateau de la BBC, où chacun est invité à s’exprimer sur leur combats et leurs relations aujourd’hui. Cette année là, Joe Frazier est finalement entraîneur après un court come-back sur le ring, Foreman revient sur le ring et deviendra en 1994, le plus âgé des champions du monde poids-lourd, et on voit déjà apparaître les premiers signes de la maladie de Parkinson chez Muhammad Ali.
À l’issue de ce reportage, on comprend que leurs différents combats est loin de nourrir l’adversité entre ses personnages. Au contraire, il aura finalement établit un véritable respect mutuel et une belle histoire d’amitié, un trio affectif. Tout au long de cette journée promotionnelle, les trois semblent très proche en se complimentant les uns les autres, vantant chacun les qualités de boxeurs de leurs anciens adversaires. Une histoire d’amitié qui ressemblera à toutes les autres, entre haut et bas, mais ces deux combats auront eu le mérite de rapprocher trois figures qu’on voulait opposé.