Pic of the week : Xscape de Michael Jackson
Certains disent que nous sommes en plein dedans pendant que d’autres assurent qu’au contraire nous en sortons, mais une chose est sûre c’est que la crise a touché l’industrie du disque a touché directement les majors au portefeuille. Et ça continue ! En mars dernier l’IFPI (Fédération Internationale de l’Industrie Phonographique) annonce des chiffres en baisse pour l’année 2013 avec un recul de 4%.
C’est donc dans cette relative concomitance que nous apprenons la sortie d’un nouvel album posthume de Michael Jackson, le second en moins de quatre ans, Xscape. Après les polémiques soulevées lors du précédent opus, Michael, notamment concernant l’authenticité de la voix du King sur certains morceaux et la commercialisation de son travail sans aucun consentement ; forcément la construction de ce nouveau projet interroge.
À ce sujet, dès l’annonce, les justifications s’empilent. Les titres auraient été travaillés dans un esprit de « contemporisation » de l’œuvre de MJ. Un néologisme qui cherche à induire l’idée d’un travail qui reste dans l’esprit de l’artiste, grossièrement : « C’est ce que Michael aurait voulu ». Les enregistrements ont été sélectionnés puis mis dans les mains des producteurs avec lesquels le chanteur avait travaillé à l’origine : Timbaland, Rodney Jerkins, John McClain… Une fois de plus, on exhume les pensées de MJ et on les fait parler. Le premier round est pour EPIC, nul doute que le second sera celui de la famille et enfin se seront les fans qui après écoute rendront le verdict définitif.
Loin de nous l’idée de juger l’utilité artistique et éthique d’Xscape, ce nouveau projet symbolise la logique mécanique des majors et cela prend une ampleur considérable avec une figure aussi populaire que celle de Michael Jackson. Les labels restent dans une logique de faire fructifier leur catalogue qu’il soit déjà exploité – avec une multitude de « best of » (The Definitive Collection), coffrets (The Indispensable Collection), rééditions d’albums (le 25ème anniversaire de l’album Bad) – ou avec des inédits compilés dans des albums posthumes. Depuis la mort du roi le 25 juin 2009, douze projets de ce type l’ont amené à côtoyer les bacs soit deux de plus que ce qu’il a fait de son vivant en solo.
Il s’agit de capitaliser sur des catalogues dont la puissance de frappe est connue, nous pénétrons sereinement dans l’économie macabre. Le fan milking qui consistait à extraire des fans le maximum de deniers en multipliant les recettes possibles (albums, concerts, produits dérivés…) existe encore plus dès la mort de l’artiste. Ceux qui ont vendu, vendront !
Une loi simple qui minimise la prise de risque dans un secteur où les succès ne peuvent ni se prévoir, ni se quantifier. Les majors se cantonnent trop souvent à faire de la resucée de leur tête d’affiche plutôt que de chercher les artistes de demain. Pour la survie du disque, refaçonner le modèle économique n’est plus suffisant. Il est maintenant temps de renouveler la proposition artistique.