Noah Carter fait partie de cette génération d’artistes qui s’affranchit des frontières
Tout droit débarqué de Copenhague au Danemark, Noah Carter est arrivé un mardi soir à Paris, prêt à se frotter au public du YARD Summer Club. Face à cette audience loin d’être acquise, il lui a suffit de quelques titres pour retourner la terrasse du Wanderlust. Impossible de résister face à l’énergie du Danois encore inconnu pour beaucoup en France mais qui fait déjà grand bruit chez nos amis scandinaves. Finalement, il aura mis tout le monde d’accord et délivrera l’une des performances les plus mémorables de cette soirée.
Quelques heures avant son passage, on a rencontré celui que l’on compare déjà à Skepta afin qu’il nous donne un rapide aperçu de son parcours et de la scène rap danoise.
Pour commencer, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Noah Carter, j’ai 24 ans et je viens de Copenhague, au Danemark.
Passer sa jeunesse et grandir au Danemark, ça ressemble à quoi ? Et plus particulièrement du point de vue d’un amateur de musique urbaine ?
La jeunesse d’un gosse au Danemark est sans doute la même que celle d’un mec qui a grandit dans n’importe quelle autre capitale. Malgré la distance, tout est disponible sur internet, et bien avant ça il y avait l’importation d’albums, etc.
J’ai grandi en écoutant du rap US, que ce soit de la Soul, du R&B ou la musique des débuts des années 90 que ma mère – grande amatrice de musique -, écoutait depuis que je suis né. Je me suis mis à la musique danoise ou anglaise très tard, quand j’ai mûri…mais maintenant je suis vraiment à fond dedans.
Chaque grande scène nationale en Europe dispose d’une multitude d’artistes originaires d’Afrique du Nord, Centrale ou encore Subsaharienne. Qu’en est-il de la scène danoise ?
Je suis d’origine ivoirienne et à Copenhague, plus précisément dans le quartier de Nørrebro, vous pouvez y voir une grande mixité culturelle. Il y pas mal d’africains, de personnes du Moyen-Orient et d’à peu près partout. C’est assez représentatif de ce qu’il y a dans tout le pays en fait. Enfin, beaucoup moins proportionnellement, bien sûr [rires, ndlr].
À quoi ressemble la scène hip hop au Danemark et plus précisément celle de Copenhague ?
La scène danoise est en plein essor actuellement, en fait, depuis pratiquement deux ans. Et tout ça c’est grâce à des rappeurs comme Benny Jamz, Kesi, Sivas, Ukendt Kunstner, Gilli, MellemFinga Musik et plein d’autres. Vraiment, la scène danoise est en train de faire du bruit !
As-tu un crew et qu’est-que B.O.C ?
Quelques-uns des artistes mentionnés plus haut font parti du B.O. Nous avons toujours été un collectif de mecs créatifs, et la plupart de ces gars ne font pas de musique.
Si je voulais avoir un bon aperçu de ce qu’était la scène danoise, que me montrerais-tu ?
Je te conseillerai d’écouter tous les mecs que je viens de te citer.
De manière générale, quand on parle de rap en Europe, les gens pensent immédiatement à la France et au Royaume-Uni. On a vu naitre des connections entre Drake ou A$AP Rocky avec Skepta, ou encore Booba avec Rick Ross et Future. N’as-tu pas l’impression que les autres scènes, comme la danoise par exemple, soient « méprisées » ?
Jamais. D’abord parce qu’au Danemark il n’y a jamais eu de « rappeurs » avec un son susceptible de dépasser les frontières du pays. Personnellement, je suis amoureux de cette musique depuis toujours, je m’y suis mis pour m’amuser et depuis un an et demi ça a pris une part très importante dans ma vie. Donc non, le Danemark n’a pas été mis de coté…avec les bons mouvements nous aurons les talents qui feront parler de notre pays.
As-tu commencé à rapper en danois avant de rapper en anglais ? Et selon toi, rapper en anglais permet-il de toucher plus de monde ?
J’ai commencé à rapper en anglais il y a très longtemps, comme beaucoup de personnes, spécialement ici au Danemark. Mais lorsque ces artistes essayent de rapper en danois et voient qu’ils obtiennent plus de retours et de résultats, alors ils continuent dans notre langue. J’ai toujours aimé l’anglais, et ça a toujours été une langue avec laquelle j’ai réussi à exprimer mes pensées facilement. J’ai collaboré sur pas mal de morceaux d’amis à moi en danois, mais l’anglais a toujours été quelque chose de plus fort à mes yeux. Je suis en parti américain donc cette langue a toujours été présente dans ma vie…mais honnêtement, je me suis perfectionné grâce à la télé, sur YouTube et à la musique que j’écoutais.
D’après toi, pourquoi de plus en plus de gens sont friands de musique dans une langue étrangère ?
La recherche de nouvelles sonorités ne cessera jamais.
Que sais-tu de la scène française ? Et serais-tu capable de faire une collaboration avec un artiste d’ici ?
La scène française est dingue, et plein d’artistes talentueux sont originaires de ce pays. Il y a une énergie assez spéciale ici, et oui, en suivant cette logique, un featuring avec un artiste français serait un truc à faire.
Parlons un peu de ton album « Couch Dreams ». Comment a-t-il été accueilli par ton public ?
Les retours ont été positifs au Danemark, et il a également eu une bonne réception dans d’autres pays. C’est cool d’avoir un retour de personnes en dehors de notre pays.
L’idée d’avoir le même producteur derrière chaque titre de cet album a été mûrement réfléchi. J’ai choisi de collaborer avec McCoy parce que nous voulions tous les deux essayer quelque chose de différent et créer quelque chose qui n’avait jamais été fait ou entendu ici au Danemark.
En terme de carrière, quels sont tes perspectives futures ? Quels sont tes prochains moves ?
Je ne peux rien vous révéler pour le moment. Sachez juste qu’il y a de nouveaux morceaux qui arrivent.
Pour finir, que peux t-on te souhaiter pour l’avenir ?
Santé, richesse, sagesse et le respect de ma vie privée [rires] !