93 Days of Summer : Junior Alaprod

Le 21 juin annonce le début de l’été,  l’amorce  de son rythme si caractéristique. Là, les compteurs repartent souvent à zéro, les projets prennent une pause ou, au contraire, un nouvel élan d’énergie accélère les choses. Plus loin des contraintes, pendant 93 jours, l’été ouvre son champs des possibles. 

Sur cette période, @le_s2t, s’est donné la mission d’interroger 13 jeunes créatifs, sur leur passion, leur avenir et leur projet cet été.

 

 

Junior fait partie de ces hommes de l’ombre derrière certains titres de Shay, Fally Ipupa, MHD, Benash, Siboy et bien d’autres. Entre deux sessions au studio, il nous raconte le chemin parcouru et sa conception de la musique.

 

T’as grandi où?

Un peu partout, entre Boissy-Saint-Léger, Asnières, Meudon, et ensuite Paris. On a beaucoup foutu la merde avec mes frères et c’est souvent à cause ça que nos parents voulaient déménager. À Meudon, quand j’étais en seconde, j’étais jamais là et quand j’étais là c’était uniquement pour foutre la merde, alors mes parents m’ont envoyé au bled pendant 2 ans. C’était une expérience de malade, j’ai kiffé de fou et j’ai aussi beaucoup appris.

 

Du coup, t’as quand même fait des études?

Ben j’ai quand même fait un an de BTS puis une année en école de commerce, c’était pas mal mais j’ai arrêté à cause de la musique.

 


“En décembre j’avais dit à mon pote Le Motif que je voulais tout péter cette année et l’autre fois, il est venu me voir et il m’a dit “putain Junior on te voit partout”… Ben ouais gros, je l’ai tellement voulu.”


 

Comment t’es tombé dans la musique?

Mon père est dans la musique aussi donc j’ai toujours baigné dedans. Au début je voulais être rappeur mais ça n’a pas marché parce que je ne sais pas rapper tout simplement (rires). Il faut dire la vérité, il y en a ils sont là depuis un moment et ils savent toujours pas rapper! À cette époque, je voulais des prods précises et j’en n’avais marre de chercher donc je me suis mis à les faire tout seul. J’ai fait de la merde pendant un moment et quand c’est devenu cool j’ai arrêté parce que je voulais devenir dj, comme les mecs de Soundcloud.

 

 

Ensuite j’ai rencontré les bonnes personnes à Kinshasa, ce qui m’a pas mal aidé et puis j’ai des potes qui ont percé quand moi j’étais déterminé comme DSK on the beat, que je connais depuis le CM2, l’époque de Boissy. A l’époque il rappait aussi mais il a arrêté depuis. Tout le monde rappait à Boissy ahah!

 

 

Quelles sont tes influences, c’est quoi ta signature?

Les gens vont te dire que je fais de la zumba, parce que j’ai placé que des trucs dansants, mais à la base, moi je fais du rap, du rap de tous les styles, du banger au rap accessible. Mais attention, j’écoute de tout, de la bossa nova, du Buena Vista Social Club, de la musique du bled aussi…

 

 

Avant j’aimais bien sortir pour écouter ce qui se jouait, mais plus trop maintenant. Des fois c’est cool parce que t’entends la musique que tu fais mais c’est plus le même plaisir. Tu connais toutes les transitions et tous les sets des dj etc.. Après il y a des dj qui sont très chauds et qui vont te surprendre comme Endrixx, qui peut te mettre une intro de film et te balancer un dernier des bangers!

 

Comment tu appréhendes tout ça? Le fait d’avoir travaillé avec de gros artistes comme Fally, Shay, MHD…?

Quand tu kiffes un artiste depuis un moment et que tu taffes avec lui, c‘est comme un trophée que tu remportes. Ca m’a fait ça avec Fally Ipupa, la star du bled, ou avec Shay, pour ne citer qu’eux. Là j’ai bossé avec toutes les personnes que je kiffe dans le rap français, que ce soit sorti ou pas, sauf Booba, peut être un jour qui sait?

En décembre, j’avais dit à mon pote Le Motif que je voulais tout péter cette année et l’autre fois il est venu me voir et il m’a dit “putain Junior on te voit partout”… Ben ouai gros, je l’ai tellement voulu, je me suis donné les moyens.

 


“Pour moi, les mélodies c’est bien mais ce qui compte le plus, ce sont les rythmiques. Il faut que la mélo te perce mais dès que ça cogne, je kiffe. Mon problème, c’est que je m’en fous des paroles. Ce que je kiffe moi c’est la topline, la ligne mélodique ou le yaourt si tu préfères.”


 

Comment tu fais pour être créatif?

On est pas mal dans notre équipe donc on a toujours des nouveaux délires. Que ce soit Shabz, S2Keyz, Blackstarz, Swagga Guru, Le Motif, Heezy Lee ou DSK, on se donne de la force. Par exemple, quand j’ai envoyé la boucle d’Afro Trap Part. 9 à DSK il m’a tout de suite dit que c’était archi lourd et MHD a kiffé par la suite. Mais dans tous les cas, ce que je fais, j’essaye de ne pas le faire comme les autres. Quand les gens me disent que ce qu’on fait avec Ghenda (93dos – Christopher) ça se ressemble, ça me fait rire parce que ça n’a rien à voir. On est des frères du bled mais lui il est trop chaud, ce qu’il fait avec ses sébènes etc… il me rend fou, il est trop bon ce batard ahah!

 

C’est quoi ton approche de la musique?

Pour moi, les mélodies c’est bien mais ce qui compte le plus, ce sont les rythmiques. Il faut que la mélo te perce mais dès que ça cogne, je kiffe. Aussi, mon problème c’est que je m’en fous des paroles. Ce que je kiffe moi c’est la topline, la ligne mélodique ou le yaourt si tu préfères. Et après ça, ce sont les paroles. Dans la variété française, il y a des paroles qui sont compliquées pour être compliquées mais ça veut rien dire mec.

 


“L’autre fois il y a un petit de 16 ans qui est venu du 77 juste après une épreuve du BAC. Le petit fait ses instrus, il écrit et il pose! Quand je vois des petits comme ça, ça me donne envie de les aider, de transmettre ce qu’on m’a appris.”


 

T’as galéré pour évoluer dans ce milieu?

La musique c’est horrible, je vois des trucs de ouf. Pour arriver à certains endroits il faut être chaud mais il y a aussi des process à respecter. D’une part, il faut être super patient pour placer des sons, et d’autre part, il ne faut pas envoyer tes sons à tout le monde. Il faut écouter les gens qui sont en place, moi si je n’avais pas écouté Le Motif, j’aurais jamais placé un son de ma vie.

 

 

De 2014 à 2015 je passais mon temps à envoyer des mails. Quelques personnes ont pris mes sons mais sans plus, sans les bonnes connexions c’est compliqué. En plus, Paris c’est pas très grand, tout le monde se connaît et il faut se servir de ça mais malheureusement il y a des gens qui ne l’ont pas encore compris.

 

C’est assez fermé alors comme milieu?

Je ne sais pas mais nous par exemple, des fois on fait des sessions au studio et on dit à des gens de venir. L’autre fois il y a un petit de 16 ans qui est venu du 77 juste après une épreuve du BAC. Le petit fait ses instrus, il écrit et il pose! Il m’a envoyé ce qu’il fait et j’ai commencé à retravailler tous ses sons. Quand je vois des petits comme ça, ça me donne envie de les aider, de transmettre ce qu’on m’a appris.

 

 

Et c’est quoi les projets à venir?

Là jusqu’à septembre c’est noir. J’aime quand je me réveille le matin et que j’ai du taffe à mort car qui dit taffe dit argent. On ne travaille pas pour avoir des followers sur Instagram hein! Quand j’ai arrêté l’école pour la musique, mes parents m’ont bien dit qu’il ne fallait pas juste kiffer ce que je faisais mais travailler dur pour en vivre et viser loin.

 

Dernière question, t’as quel âge?

J’ai 22 ans. Je ne sais pas si ça passe vite, mais on vit.

 

Instagram: @junior_alaprod

Playlist: Apple Music, Deezer, Soundcloud

 

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