Stefflon Don is coming
«It’s a bird, it’s a plane, it’s a Don. The Don is coming» Comme un avertissement, l’intro de la première mixtape de Stefflon Don, donne la couleur. Mais qu’est-ce qu’un Don ? «Un Don, c’est quelqu’un qui devient ce qu’il aspire à être, quelqu’un de vraiment déterminé, quelqu’un de très respecté et de très respectueux.» Stephanie Allen, de son vrai nom correspond à cette description. Une femme forte et sans concession qui dégage une aura aussi bienveillante que redoutable, comme sa musique. Dans ses titres, les images sont graphiques, le langage est brut : «Je crois dans les figures de style et dans le fait de dire ce que je veux et ce que je ressens. Et j’ai l’impression qu’il faut parfois être franc pour être entendu.» Une franchise qui ne s’altère pas dans la transition du studio à la scène : «Je veux que le show soit authentique. Je veux qu’ils sentent que je suis exactement comme eux. Je veux qu’ils fassent partie du show et qu’ils s’amusent. C’est vraiment une question de positivité, ils faut que ce soit fun.»
C’est d’ailleurs avant un show à Paris, une première partie du concert de Future, qu’on la rencontre. Et à la voir aussi à l’aise dans ce « rôle » de rappeuse, cette voie nous paraît être pour elle quelque chose de naturel, comme une évidence. Étonnement, ça ne l’a pas toujours été pour elle : «J’ai toujours aimé le rap, mais ce n’est pas ce que je faisais. Je chantais, et je ne me retrouvais pas encore dans le hip hop. Alors j’ai essayé de m’y mettre plus sérieusement, de me l’approprier.» Résultat, elle y infuse à grosse dose ses influences jamaïcaine et le dancehall avec lequel elle a grandi et se lance en 2016, avec la mixtape Real Ting. 11 titres où elle invite les anglais Abra Cadabra, Tremz, Dutch, Donae’o, l’américain Jeremih, mais aussi la canadienne Fiona Bevan, dans un bonus track entre dance, pop et uk garage.
C’est à partir de là que les choses s’enchaînent pour elle. Si plusieurs labels remarquent son potentiel, elle ne hâte pas la signature. «J’avais plusieurs offres sur la table cette année-là. Mais ce qu’on me proposait n’était jamais suffisant. On a obtenu le deal que j’ai toujours souhaité et j’ai accepté.» Elle signe à 25 ans son label V-IV London pour la somme impressionnante de 1,2 million de livres chez Universal. «C’est vraiment une situation incroyable, d’être si jeune et de déjà avoir le privilège d’une signature en label. Ça veut dire beaucoup. J’espère pouvoir signer d’autres artistes.» Mais pas tout de suite. Pour le moment, l’artiste se concentre et met tout en oeuvre pour s’assurer son propre succès, mettre à profit sa signature pour la mener là où ses ambitions veulent la voir prospérer. Et sur le chemin, elle espère acquérir l’expérience qui fera d’elle le bon guide pour ses artistes. Un niveau d’exigence dont l’artiste acquière encore les pré-requis, en s’imposant dans tous ses choix artistiques et financiers, de la musique à la vidéo, elle touche à tout, mettant même en scène le kidnapping de sa mère dans le clip de « 16 Shots« . La prochaine étape ? La sortie d’un premier album, sur lequel elle travaille actuellement.
En attendant, elle enchaîne les collaborations. Notamment en tant qu’invité sur le hit estival « London » de Jeremih, où elle délivre un refrain obsédant et efficace, puis plus tard aux côtés de Skepta, sur « Ding-A-Ling » et son sample des Simpsons : «Je lui ai fait écouter, il a aimé le titre et on a collaboré dessus.» Un featuring avec Drake a aussi été évoqué, mais pas encore dévoilé. Quand on lui demande ce qu’elle pense du rôle du canadien dans le rayonnement des artistes anglais elle répond : «Je pense qu’il a définitivement joué pour une grande part là-dedans. C’est un artiste tellement énorme, j’ai l’impression que du fait d’ajouter des artistes anglais sur son album, de faire des featurings avec eux, tous ses fans vont forcément les écouter. Tu vois ce que je veux dire.»
Son avenir, elle l’imagine à la tête d’un empire. Si les Etats-Unis sont forcément dans sa ligne de mire et qu’elle a à ses côtés le parfait porte-parole, en la personne de Coach K (aujourd’hui manager de Migos et Lil Yachty), elle garde en tête les racines de sa musique et rêve d’un featuring avec Vybz Kartel, le tout en louchant fortement sur un marché africain florissant. Autant de publics à satisfaire avec une identité sur laquelle elle ne fera, encore une fois, pas de concession. «Je ne prévois pas de changer ma musique. Si elle change, ce sera parce que j’aurais grandi, parce que j’aurais vu des choses différentes.»
Photos : @samirlebabtou