Chronique d’album : A2H – Libre
4 ans après s’être formellement introduit à l’industrie du disque en tant que Bipolaire assumé, A2H revient avec un troisième album solo intitulé Libre. Libre comme l’esprit de son auteur ? Difficile de répondre par l’affirmative, le projet s’apparentant plus à un questionnement qu’à une affirmation claire et concrète. À l’approche de la trentaine, le rappeur bedonnant se sent en effet à la frontière entre jeunesse insouciante et maturité contrainte. L’âge l’oblige désormais à faire face à ses responsabilités (« Grandis un peu ») et c’est un album plein de doutes et très introspectif qu’A2H nous livre.
Libre est une pause dans la vie de l’artiste. Le temps de 18 titres, A2H s’arrête un instant et pose un regard lucide sur sa situation, mais aussi celle de ses proches trentenaires. Un à un, il les voit se stabiliser quand lui se morfond dans ses lubies d’adolescents, sans savoir véritablement quel chemin emprunter : « J’veux ma tiss-mé, j’veux mes gosses, ma piscine et mon butin »/« J’veux voir twerker un millier de paires de seufs » (« Excellent »). Plus qu’une réflexion sur sa vie, Libre est aussi la mise en abyme d’un A2H qui prend du recul sur son propre processus créatif. Son verbe se simplifie – parfois trop, son style s’affirme, dans la lignée de la modernité d’Art de Vivre, et n’entend pas plaire à tout le monde (« Branché »), en dépit de quelques redondances, et d’un énième titre dédié à la weed, sempiternelle muse du rap. Puisqu’il conclut l’album en se considérant comme « prisonnier » de sa vie d’artiste, A2H semble embrasser son lifestyle, ses quelques vices et apparaît ainsi plus décomplexé qu’auparavant. Et si c’était ça, la vraie liberté ?
Date de sortie : 15 avril 2016
Label : Palace Prod
Note : 6,5/10