Adam Naas, opiniâtre candide

Juin 2016. Il a suffit d’un titre à Adam Naas pour en convaincre beaucoup. Sur les toits de Paris, il tourne à l’improviste avec un ami new-yorkais, la vidéo de « Fading Away ». Un titre mélancolique dont la douceur est portée par la voix androgyne de l’artiste qui fini par s’effacer progressivement au fil de la vidéo. Un peu comme dans la vraie vie, où Adam s’est depuis fait silencieux. Quelques mois après sa découverte, on a retrouvé le chanteur avant la sortie de sa deuxième vidéo « Please, Come Back To Me ».

Photos : @perebisou

 

 

Aux premiers abords, on ressent vite l’hypersensibilité d’Adam, un jeune homme de presque 25 ans. Introverti, il tire sur ses manches, et ne tient pas en place, s’agitant d’une jambe à l’autre alors qu’on établi les plans pour préparer le shooting. Lunaire et solaire à la fois, rêveur et insouciant. Un personnage aux allures candides qui semble se laisse porter par la vie avec l’envie de jouir de tout, et de tirer du bon de chaque expérience. Si ça n’avait pas été la musique, il aurait tout autant aimé devenir fleuriste. « L’important pour moi c’est de vivre de belles expériences. »

 

 

Son premier succès, Adam ne l’a d’abord pas compris : « Je ne m’attendais pas à ça. J’avais voulu faire de la musique une carrière et de savoir qu’il y avait de bons retours, ça m’avait vraiment fait plaisir. Mais du coup ça m’avait fait vachement peur aussi, parce que je me disais que peut-être justement ça pourrait être un avenir pour moi la musique. J’ai dû prendre du temps pour moi, me recentrer, me demander si je voulais vraiment faire ça, si j’avais envie de me dévoiler et finalement créer mon identité musicale et trouver comment j’avais envie de le faire justement.  Et c’est tout ce process qui a pris un peu de temps. » Dans ce process justement, même s’il avoue quelques élans de paresse, sa vision s’affine et il s’entoure d’abord de proches pour la concrétiser.

 


« Je me laisse porter, mais faussement. »


 

Avec tout ça, il a dû apprendre à embrasser la scène, une discipline qui ne venait pas vraiment de soi : « C’est comme quand tu manges des sushis la première fois. Tu te dis que c’est du poisson cru et tu ne sais pas, t’es dans le doute, est-ce que ça se mange vraiment… Et puis après tu le manges et tu finis par te rendre compte que finalement, c’est peut-être ta nourriture préférée et peut-être que c’est ça qu’il faut que je fasse. Et du coup, avant mon premier concert,  je pensais que j’allais mourir… genre tachycardie, hôpital, crise d’angoisse… Ça c’était en première partie de Aaron devant 2000 personnes. »

 

 

Il y a quelques jours, il sortait finalement « Please Come Back To Me », la complainte d’un amour déchu, dans la suite de l’EP quatre titre qu’il sortait en 2016. Avec ses influences éclectiques, ses sonorités électro et sa voix soul, on l’imagine facilement passer la Manche et l’Atlantique et trouver un public. Mais chez lui, pas de stratégie de marché. « Je vois les choses dans leur globalité. S’il y a un mec au States, deux mecs au Mexique, cinq mecs en France et dix mecs en Angleterre qui kiffent et bien je serais content. Genre c’est trop cool.» Pourtant sous ses allures de dilettante, Adam tient fermement à sa vision et entend bien la porter loin. Un état d’esprit qu’il résume en quelques mots : « Je me laisse porter, mais faussement. »

 

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