Alban Michelet
À quel moment et pourquoi as-tu commencé à supporter le PSG ?
Je suis devenu supporter du PSG à l’âge de 10 ans. Étant de province, j’ai vu mon premier match à la télévision en 1995. J’ai découvert toute la génération de Raï et Weah, c’était la première fois que je voyais le PSG jouer.
Quel est ton premier souvenir de supporter ?
C’était le match retour contre Barcelone en 1994-95, avec les deux buts de Guérin et de Raï. Ce match extraordinaire qu’on finit par remporter et qui nous mène en demi-finale de Coupe d’Europe. Malheureusement, on perd derrière contre le Milan AC. C’était la première fois que je me suis pris de passion pour ce club.
Comment définirais-tu ta relation avec le PSG ?
C’est une relation amoureuse. Comme quand tu tombes sur quelqu’un et que tu as un coup de foudre, tu ne peux plus changer la direction de ton regard. Je me souviens très bien avoir acheté mon premier maillot avec mes économies – un maillot bleu – et je n’ai plus jamais changé de couleur. C’était mon premier achat assez important et depuis je ne l’ai jamais quitté. Je ne quitterai jamais le PSG.
Quelle est ta réaction après la victoire et la défaite ?
Après une défaite, je suis invivable ! Il ne faut pas trop me parler, je déteste perdre et je déteste que le PSG perde. En cas de victoire, tu peux avoir une journée complètement pourrie au travail, ou tu as beau avoir eu une nouvelle difficile à entendre, ça n’a pas d’importance. Si jamais le PSG gagne, ça peut complètement changer la physionomie de ma journée, et je serai heureux quoi qu’il arrive.
Quel est l’objet ou le symbole qui définit le plus ta passion pour ce club ?
Je me suis fais tatouer le blason de la ville de Paris. Je suis amoureux du PSG et de la ville de Paris. C’est ce que je porte quotidiennement sur moi, puisque c’est tatoué.
Comment ton entourage subit ta passion ?
C’est quelque chose qui s’est fait assez naturellement et assez tôt puisque j’ai tout de suite été un gros fan du PSG et étant de province, tu te retrouves un peu tout seul. Tout le monde est pour Marseille, quand je jouais dans un club de foot j’étais le seul à porter un maillot du PSG, tout le monde avait le maillot de l’OM. Paris c’est un club qui est aimé au sein de Paris mais tu sens que dans le reste de la France il y a quelque chose de très pro-Marseille. Donc déjà c’est la sensation d’être seul contre tous donc il y a très vite ce sentiment de devoir se battre pour pouvoir faire aimer ce club. Personnellement, je me sentais plutôt à l’aise avec ça. Mes proches avaient toujours ce côté un peu chambreur, sachant en plus qu’on a eu des heures un peu difficiles avec Paris. Tout ça ne m’a jamais fait changer de club. Quand tu es petit tu peux être influencé, mais c’était moi qui essayait d’amener les autres à la raison. Puis une fois arrivé à Paris, tu retrouves pleins de gens qui sont pour ce même club et forcement tu te lies d’amitié avec eux et là ça devient beaucoup plus facile. Mais du côté de ma famille, ils savent que ça a toujours été Paris et maintenant mes parents, ma sœur, par la force des choses, me demandent et suivent les résultats.
Quelle est la plus belle ambiance de stade que tu aies vécue ?
Je suis arrivé à Paris à 24 ans, je n’avais pas eu beaucoup l’occasion d’aller voir de match de Paris avant. J’ai vite rattrapé mon retard et je me suis abonné. La dernière grosse ambiance que j’ai vécue au Parc, c’était PSG – Chelsea en quart de final l’année dernière avec ce 3-1 et le dernier but de Pastore dans les arrêts de jeu. À ce moment-là, l’ambiance était incroyable, ça criait, ça chantait, tout le monde s’aimait et à la sortie du stade. Je me souviens très bien il y avait une atmosphère électrique. Tout le monde se prenait dans les bras, tout le monde se congratulait. C’était vraiment quelque chose de génial. Il n’y a que ce genre de match en Champions League qui peut nous transporter vraiment dans des ambiances connues lors des époques précédentes.
Quel est le chant qui te fait le plus frissonner ?
Le chant qui me fait le plus frissonner c’est « Ô Ville Lumière » car il reflète un peu tout ce à quoi les gens pensent autour de cette ville de Paris. Et puis en général, c’est un chant que tout le monde connaît, que tout le monde chante en cœur dans le stade. Quand les 45 000 personnes se mettent à chanter, ça donne des frissons et on sent que ça soulève presque le Parc des Princes. Ça doit transcender les joueurs aussi.
Quelle est la marche à suivre pour devenir un 300?
Il faut répondre à diverses questions comme : « Quel est le plus beau but pour toi ? », « Quel est le match qui t’as le plus transcendé ? », « Un souvenir personnel ? » Ce n’est pas nécessairement les plus beaux buts qu’on ait vu, parce que tout le monde va répéter la même chose, on va parler des buts de Ronaldinho ou de Pauleta ; c’est plutôt une action dans un match, quelque chose qui nous a fait aimer ce club. On peut parler d’un joueur qui n’est pas forcément le plus connu mais qui avait un certain charisme, qui se battait peut-être plus sur le terrain. Donc nous devons répondre à toutes ces questions, puis ensuite il faut faire vivre le groupe, mais avant tout c’est une bande de copains qui aiment la même chose. Donc en général c’est plutôt facile.
En quoi te sens-tu légitime dans ce club ?
Au sein des 300, ma légitimité est comme celle des autres. On est là pour débattre, débriefer, rigoler, se lancer des piques de temps en temps… Il n’y a personne qui soit vraiment au-dessus, ou qui ait un rôle précis. Forcement il y a le « coach » (surnom de Jonathan Candan, ndlr) qui à créé ce groupe. Après c’est nous qui le faisons vivre et je pense que chacun à sa petite pierre à apporter à l’édifice, c’est le plus important. Ce que j’aime beaucoup dans ce groupe c’est que ce n’est pas ouvert qu’aux Parisiens, on accueille des gens comme moi qui viennent d’une autre ville. C’est vraiment l’amour que tu as pour ce club qui compte.
Que représente l’OM pour toi ?
L’OM c’est ce côté populaire que tu peux trouver en province où tout le monde est pour l’OM, tout le monde renforce le club. Malgré cela, je ne peux pas les encadrer. Tout le monde était pour eux donc je devais me battre trois fois plus qu’une personne normale qui était pour Marseille pour montrer les valeurs du club du PSG. Marseille est l’opposé de Paris, je les déteste autant que je peux aimer Paris.
Quelle est ta plus grande joie lors d’un PSG vs OM ?
Une des plus grandes joies, c’est le fameux 3-0 du PSG à Marseille avec le but de Ronaldhinho, et le doublé de Jérôme Leroy. On voit Ronaldhino qui dribble tout le monde, ensuite il met la balle et tu as Jérôme Leroy qui vient tacler. Cette victoire à l’extérieur était tellement jouissive. En plus de ça les buts sont tellement beaux, c’est une des victoires de Paris qui m’a le plus marqué.
Quelle est ta plus grande peine lors d’un PSG vs OM ?
Une des plus grandes arnaques était cette scandaleuse simulation de Ravanelli. On la regarde aujourd’hui et on se marre avec le recul ! C’était quelque chose qui m’avait beaucoup révolté, comme beaucoup de Parisiens. Il l’avait faite face à Rabesandratana, c’était tellement grossier que c’est incroyable que l’arbitre soit tombé dans le panneau. C’est l’un des plus mauvais souvenir que j’ai : se sentir floué et trahi. Tu as toujours l’impression que tu as tout le monde contre toi dans ce genre de match.
Quel est le but le plus fort en émotion que tu aies vécu lors d’un PSG vs OM?
Le fameux but de Pauleta qui entraîne la balle sur le côté gauche, avec Barthez par la même occasion, et qui en se retournant te met la balle dans un angle complètement fermé en le lobant légèrement pour mettre la ballon au fond. C’est un des plus beaux buts techniquement qu’il puisse y avoir lors d’un Classico. Il y en a eu bien d’autres mais celui-là a une saveur particulière et Pauleta était un grand attaquant pour nous, donc quand on l’a mis c’était complètement fou.
Quel est le geste technique qui t’a le plus transporté lors d’un PSG vs OM ?
Lors des affrontements entre Marseille et Paris, Ronaldhinho était particulièrement en forme. Des gestes qui m’ont transporté, il y en a plusieurs, sa virgule entre autre. Dès qu’il y avait Marseille, tu sentais qu’il en avait laissé dans le sac et qu’il sortait tout à ce moment-là. Il y a plusieurs gestes techniques qui sont incroyables, mais il y en a un en particulier : c’est le but qu’il marque techniquement. Il y a cette balle avancée en profondeur, lui qui court, qui court, qui court… Il résiste à la charge de deux défenseurs et tu penses qu’un des deux va le prendre… Le gardien sort, il te met une petite balle piquée extérieure. Impossible de savoir comment il arrive à la piquer alors qu’il reste 10cm entre la balle et le gardien. De ne pas tomber déjà est fou, mais alors en plus de faire le bon geste avec les deux Golgoths derrière… Ce but est juste incroyable.
Comment vois-tu l’évolution du Classico aujourd’hui ?
L’évolution du Classico par rapport aux dernières années, avec l’arrivée des Qataris au PSG, a forcement donné une autre dimension au club. Sur ce genre de match c’est beaucoup plus facile de battre Marseille. Mais c’est vrai que cette année c’est beaucoup plus intéressant. On a beau dire ce qu’on veut et détester l’OM, on a quand même envie de voir des gros chocs. On a envie de voir une équipe qui peut se mesurer à nous. C’est quand même plus intéressant que de les piétiner et de les écraser trop facilement. Cette année avec Marcelo Bielsa à Marseille, c’est intéressant parce qu’ils jouent vraiment bien et en plus de ça tout le monde est encore en course pour le titre. C’est vraiment le genre de Classico que tout le monde aime voir, que tu sois du côté de Paris ou de Marseille. Je peux te dire que le lendemain ça va chambrer pour la défaite de l’un ou l’autre.
Ton pronostique pour le 5 avril ?
Paris va gagner, et Marseille marquera. Je pense que Gignac va marquer, mais je pense que Paris va l’emporter 2-1. Cavani et Lavezzi marqueront.
Quelle est la vie d’un supporter parisien sans Marseille ?
Elle continuerait, mais elle aurait moins de peps. Si tu enlèves le Classico, on perd de l’intérêt. Forcément on aimera toujours autant notre club, on le supportera toujours, mais il n’y aurait pas ce goût du sang, du moment où il faut se battre. Quand on commence le championnat, dès que tu as le planning, tu notes deux dates sur le calendrier : quand Paris reçoit Marseille et quand Paris va à Marseille.