Big John

A quel moment et pourquoi as-tu commencé à supporter le PSG ?

Quel moment précisément je ne saurais pas dire. Mais je sais qu’après 1991 pas mal de mecs de mon quartier supportaient l’OM. Je ne comprenais pas comment on pouvait venir de Paris et supporter l’OM. Si tu es marié, tu ne vas pas aimer la femme du voisin, tu aimes la tienne. J’étais pas très football à l’époque, je suis basketteur, mais par contradiction face à tous les mecs à côté de chez moi qui supportaient l’OM – et en plus j’habitais à côté du Parc des Princes – j’étais obligé de soutenir Paris.

Ton premier souvenir en tant que supporter ?

Etant donné que je suis encore assez jeune, mon premier souvenir remonterait vraiment autour de 1994-95. Les belles années avec d’abord Ginola, Weah, Djorkaeff puis Julio César, Dely Valdes, l’année où on gagne la Coupe d’Europe. Mon premier souvenir du Parc viendra un peu plus tard.

Comment définirais-tu ton lien avec le PSG ?

Mon lien avec le PSG est assez fort et c’est quelque chose qui passe au dessus de beaucoup d’autres. À la base j’étais basketteur, fan de sport américain, et je n’aimais pas le football. Le PSG pour moi ce n’était pas du football, c’était ma ville, mes couleurs, défendre un stade, défendre un quartier, défendre son honneur donc ça passait bien au delà du sport en lui-même. Regarder l’équipe de France à la télé dans les années 90, ça ne m’intéressait pas. Par contre n’importe quel match du PSG était une guerre pour moi.

Aujourd’hui comment réagis-tu après une victoire ou une défaite du PSG ?

Cela dépend du lieu où je regarde le match parce que maintenant je suis père de deux enfants donc à la maison c’est une joie très muette. Les bébés dorment donc tu ne peux pas crier. En plus de ça ma femme ne supporte pas le football, donc ça la saoule suffisamment. Par contre quand je suis au stade je suis un autre homme. Je suis quelqu’un de très anxieux, de très calme pendant les matchs mais s’il y a un but c’est une explosion de colère et de joie en même temps.

Est-ce qu’il y a un objet que tu gardes constamment sur toi qui te rappelle le PSG ?

Non je garde tous mes souvenirs en tête. Ce qui m’a fait encore plus aimer Paris c’est que j’avais trois potes de mon quartier qui étaient au centre de formation du PSG. J’ai été au Parc des Princes pour la première fois très tard. Par contre, j’allais au Camp des Loges dès l’âge de 15 ans, tous les samedis après-midi on allait voir les matches de CFA, de CFA 2 et les mecs comme Raï, Djorkaeff, Bruno Germain se baladaient au Camp des Loges. Toi t’étais là, assis à côté d’eux, tout heureux. Il y avait Anelka qui était sur le terrain, tout jeune à l’époque. C’est plus des souvenirs que j’ai en tête et des rencontres qui m’ont fait vibrer plutôt qu’un souvenir tactile. J’ai une vieille écharpe des années 90 que je porte à chaque match mais je n’ai pas d’objets que je porte sur moi constamment.

Comment ton entourage vit ta passion pour le PSG ?

Bizarrement j’ai de plus en plus de potes qui supportent le PSG donc c’est presque devenu le sujet numéro un des conversations. Après ce qui est marrant, c’est que j’ai des potes qui ne me parlaient jamais de foot ni du PSG il y a 5 ans qui maintenant me sortent tout l’historique du club, des trucs que parfois j’ignore moi-même.

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C’est quoi la plus belle ambiance de stade que tu aies connue ?

L’un des premiers PSG-OM, ça devait être en 1999 ou 2000 [saison 1998/99 ndlr.] on gagne 2 buts à 1. Nous étions menés 1-0 une bonne partie du match et dans les dix dernières minutes il y a un but de Marco Simone et un autre de Bruno Rodriguez. Une super passe en profondeur où le gardien, Porato, sort. Rodriguez qui fait juste un décalage et le gardien qui part totalement à côté. On faisait une saison de merde comme on en a fait certaines, mais cette victoire nous permet de priver Marseille du titre, donc c’était plutôt cool. L’ambiance dans le stade ce soir-là était vraiment folle, même si j’ai retrouvé quelques ambiances sympas ces dernières années sur des matches comme PSG-Barça ou PSG-Chelsea. Mais je suis un peu nostalgique des années 90.

Quel est le chant parisien qui te fait le plus frissonner ?

Ça reste « Ô ville lumière » parce que c’est un vrai hymne qui est là depuis très longtemps que j’entendais déjà quand j’allais au stade avant donc c’est vraiment un chant qui me parle. Je pense qu’il faudrait vraiment trouver de nouveaux chants surtout avec l’équipe qu’on a, il y a vraiment de quoi faire. Notre équipe des 300 en a trouvé un sur Verratti, on en cherchait un sur Zlatan donc je pense qu’on peut encore innover et trouver des choses à l’avenir.

Que représente Marseille pour toi ?

Ça ne représente pas grand-chose en fait. En plus j’ai vécu à Marseille où j’ai signé un contrat d’un an dans une équipe de basket. J’ai même vécu un OM vs PSG au Vélodrome avec une victoire de Paris. Pour moi ça représente les grèves d’éboueurs, la ville sale, enfin les Champs-Elysées de Marseille – la Cannebière – dégueulasse et jamais lavée, des accents bizarres, des mecs qui aiment bien en rajouter, qui aiment bien sortir des mythos [rires]. Je rigole, j’ai des potes marseillais mais pour moi Marseille ça ne vaut pas grand chose. Ils sont encore là, à nous saouler 25 ans après pour une Coupe d’Europe très litigieuse. Les matches très douteux comme OM vsValenciennes et leurs commentaires du genre : « On n’avait pas besoin de l’acheter le match ». On s’en fout, tu l’as acheté et logiquement tu t’es fait disqualifié ! Ça ne représente pas grand-chose mais c’est en même temps notre seul adversaire. S’il ne devait y avoir qu’un match dans l’année pour moi ce serait PSG-OM. Au delà des Coupes d’Europe, c’est la rivalité Nord-Sud, entre les deux plus grandes villes de France et pour beaucoup c’est aussi la rivalité Paris-Province. Je suis fier d’être parisien, j’ai vécu en province et même s’il y a des endroits sympa là-bas, je ne me verrais pas vivre ailleurs qu’à Paris.

 

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Quelle a été ta plus grande joie lors d’un PSG vs OM ?

C’est celle que j’ai vécue au Vélodrome. La vraie joie, c’était de voir la tête des mecs, parce que je n’étais pas dans une tribune parisienne. J’avais eu des places par un pote et c’était un match de Coupe qu’on a gagné après prolongations. Il y avait eu un but de Drogba et un de Pauleta, et je crois que c’est Sorin qui marque en prolongations et qui nous qualifie pour le tour d’après. Ca me faisait rigoler de voir des gens pleurer dans les tribunes. Moi j’étais calme parce que je savais que j’étais le seul parisien, je n’allais pas non plus faire le fou en tribune marseillaise. Ça restera un grand souvenir parce que pour une fois j’étais à l’extérieur c’était assez jouissif surtout qu’on a eu des années difficiles avant. C’était lors d’une période où on avait aligné 8 victoires de suite face à l’OM donc ça faisait un peu de bien.

La plus belle victoire lors d’un PSG vs OM ?

Il y a un match que je retiens beaucoup curieusement – peut-être parce qu’on n’avait pas une super équipe. C’est un match qui a eu lieu il y a quelques saisons, un 4-2 au Vélodrome avec un but de Luyindula notamment. J’étais chez moi et je me suis dit « Putain on est capable de faire ça et on fait rien le reste de l’année!?»

Quelle a été ta plus grande peine lors d’un PSG vs OM ?

Je ne dirais pas un PSG vs OM, mais je sais qu’il y a un match qui m’a vraiment rendu fou c’était le PSG-Chelsea avec Drogba qui marque et qui nous dit « Allez l’OM ». C’était comme si j’avais perdu contre Marseille, mais en pire. Je me suis dit : « Pourquoi ? T’es parisien mec ! Reviens dans le droit chemin ». Sinon il y a un OM-PSG avec un but de Fiorese ou de Florent Maurice qui venait de quitter le PSG. Ca me rendait fou que les anciens parisiens quittent Paris pour aller à Marseille. Je peux accepter qu’un marseillais vienne à Paris, je me dis « Ok, t’étais perdu dans ta vie, t’as vu la lumière, t’as vu Jésus, tu t’es dit : je viens ! » Mais que tu fasses une Déhu, que tu quittes Paris pour aller dans un caniveau, je ne comprends pas. Tous les matchs où les anciens parisiens marquaient face à nous me rendaient fou.

Le but le plus fort en émotion lors d’un PSG vs OM ?

Si je devais en retenir un, je garderais celui de Pauleta. Je sais que c’est un petit peu classique, mais le but vient de nulle part. Tu peux mettre 10 joueurs de génie à sa place, je ne suis pas sûr que la moitié le marquent. Et c’était face à Fabien Barthez. C’est vraiment un but qui m’a marqué.

Le geste technique qui t’a marqué lors d’un Classico ?

Ronaldinho nous en a fait une ribambelle…  Il y a aussi le coup franc d’Ibra à Marseille il y a 2 ans. Une sacrée frappe et je le retiens surtout car que je l’ai vu chez des potes marseillais donc ça m’avait vraiment fait plaisir de foutre le bordel chez eux.

Si il y a un joueur emblématique de cette opposition?

Celui qui représente le mieux Paris parmi les joueurs actuels, pour moi c’est Zlatan. Parce qu’il a quelque chose d’extrêmement parisien : il est arrogant, fort, talentueux mais il respecte ses adversaires malgré tout. Il a un truc en plus qu’on ne trouve qu’à Paris. A Paris on est arrogant, on n’arrête pas de critiquer la province et ça peu importe d’où tu es ! On est fier de notre ville et je pense que l’esprit Zlatan représente bien l’esprit parisien. Si je devais revenir sur d’anciens joueurs, je mettrais Ginola parce qu’il avait ce même truc arrogant, parfois agaçant. Il était hyper talentueux très sûr de lui et c’est ça pour moi la mentalité parisienne.

Si tu devais citer un duel de joueurs PSG vs OM ?

Il y a un moment où j’aurais aimé être sur le terrain. C’est la fois où Jérome Leroy pousse Laurent Leroy. Je me suis mis à la place du Leroy parisien en me disant « Pourquoi tu ne lui as pas mis une patate ? Quitte à prendre un carton rouge, mets lui une patate, met le K.O !» Si je devais retenir une rivalité, ce serait celle-là surtout que Jérôme Leroy était parisien avant ça, donc c’était encore un mec qui s’était égaré.

 

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Il y a un duel de dirigeants auquel tu penses ?

Un des meilleurs dirigeants à Paris était Denisot. Denisot-Tapie était une belle rivalité mais à l’heure actuelle j’ai l’impression qu’il n’y a plus de leader charismatique à Marseille et très peu dans les autres clubs non plus. De nos jours il n’y a plus vraiment de rivalité entre dirigeants, c’est très aseptisé, très respectueux.

Comment vois-tu l’évolution du Classico ?

Ce qui est drôle, c’est qu’avant on était sûrs de rien parce qu’on était souvent irréguliers et l’OM était souvent en haut de tableau. Ce match-là est très particulier parce que nos joueurs étaient capables de sortir un match de folie, de se surpasser et de gagner. Quand on y allait, on n’était pas spécialement confiants, on y allait avec la rage mais sans être sûrs de l’emporter. Aujourd’hui, je n’ai aucun doute sur aucun PSG-OM. Pour moi on ne peut pas perdre. On est beaucoup plus fort, on est au dessus, on a du talent. C’est là que ça a changé. Avant j’appréhendais, maintenant la seule question que je me pose c’est « Combien on va leur mettre ? »

Que serait la vie d’un parisien sans le club de Marseille ?

Il faudrait alors trouver une autre équipe de province sur laquelle taper. Mais qui ? À part Lyon, y’a pas grand monde. PSG-OM reste quand même ma rivalité préférée. Il y a le bien et le mal. Il ne peut pas y avoir l’un sans l’autre. Il ne peut pas y avoir PSG sans OM ou OM sans PSG. Même si l’OM était en D2 on continuerait à parler de nous. Mais pour l’intérêt du championnat, il faut qu’il y ait les deux équipes, qu’elles s’affrontent parce qu’il n y a aucun autre match dans le Championnat qui déchaine autant les passions.

 

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