Chronique d’album : BJ The Chicago Kid – In My Mind

Nommer son premier album “In my mind”, après que Pharrell Williams l’ait fait, est en soit un pari ambitieux. Pourtant, dès l’intro, le crooner chicagoan affirme ne rien craindre hormis “perdre quelqu’un qu’il aime, Dieu, les toiles d’araignées”. Pas même la comparaison systématique avec l’album qui nous offrait le titre That Girl en 2006 ? Non, et si défi il doit y avoir, il le relève avec joie. C’est donc aux côtés de Chance The Rapper « Church », Buddy and Constantine « Man Down », ou encore Kendrick Lamar « The New Cupid » que l’on retrouve dans ce premier opus un homme ambitieux qui chante l’amour. Mais pas n’importe lequel. Un amour dualiste torturé. D’un côté l’amour vertueux, la crainte du Divin, présent en filigrane dans la structure de l’album. « Jeremiah and the world needs more love ». Bien avant « Kush and Corinthians », BJ revendiquait déjà son engagement religieux et son penchant pour le Gospel, présent musicalement à travers les cuivres, contrebasses et pianos… De l’autre l’amour charnel, celui des plaisirs du monde, de la femme « Woman’s world ». Alors à mesure que s’enchaînent les tracks, on l’écoute épancher son amour débordant « Love Inside, Crazy », culpabiliser, tomber « Falling on my face » ; « The New Cupid » puis se relever. On l’écoute se déchirer, entre deux camps, puis choisir « Church ». On l’écoute, cet amour cet album, on l’écoute. Et on l’aime… pour ce grain de voix rocailleux et nasillard propre au chanteur ; ce style où R’nB et gospel s’entremêlent lascivement sur un lit parsemé de funk ; pour ce final magique qu’est « Turnin’ Me Up». On l’aime… et quand bien même la structure de l’album paraît parfois décousue, certains titres semblant de trop, on lui pardonnera, de bon cœur. Après tout, l’amour n’est-il pas aveugle?

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