Chronique d’album : ★ – David Bowie

Difficile en effet de ne pas céder à la tentation de voir ★ comme un album testament.

Après une décennie de silence, la compilation Nothing has Changed en 2014 nous offrait une quarantaine de titres issus de l’ensemble de sa carrière. Comme un best of posthume, on sentait venir la fin.

Mais c’était sans compter la ténacité créative de la légende anglaise. Changeant de masque comme de son, l’homme aux mille visages était passé du rock au glam, en passant par le disco et le free jazz. Cette fois-ci il repousse encore un peu plus loin la frontière qui délimite l’ensemble de son œuvre, avec un album intime, riche et insaisissable. S’il choisit une formation jazz pour l’accompagner, Bowie ne veut pas donner d’étiquette à son album. Son producteur Tony Visconti explique l’influence majeure de To Pimp a Butterfly : « Nous aimions l’état d’esprit de Kendrick Lamar qui n’a pas fait un album de Hip Hop au sens strict ». Ainsi s’explique ce son inclassable, alternant les références musicales contradictoires et brouillant les pistes entre passé, présent et futur. La présence tourmentée et virtuose du saxophone tout au long de l’album est remarquable. Il avait découvert l’instrument avec son demi-frère Terry Burns à qui il vouait une grande admiration et qui s’était suicidé en 1985.

Mais la chanson « Lazarus » est sûrement la plus prophétique. Elle fait référence à Lazare de Béthanie, mort puis ressuscité quatre jours plus tard par Jésus selon la Bible. Dans les paroles, Bowie y annonce sa mort proche comme une libération…

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