Body of Work : Styles P – A Gangster and a Gentleman

Les américains appellent ce genre d’opus « a body of work », le dernier en date selon l’opinion général serait indéniablement Good Kid, MaAd City de Kendrick Lamar. Traduisez par là qu’il s’agit d’un album complet tant dans le fond que dans sur la forme, porté par un univers cohérent et une qualité qui ne se dévaluera pas – ou très peu – avec le temps. Chez YARD, nous n’avons pas choisi de nous attarder sur ces albums qui ont fait l’unanimité, mais sur ceux qui ont traversé les filets musicaux de la masse populaire. À tort ou par mégarde, ces pépites n’ont pas eu le succès qu’elles méritaient et se sont perdues dans les limbes abyssales de la musique contemporaine.

Aujourd’hui nous vous (re-)présentons A Gangster and a Gentleman du rappeur Styles P (tiers du groupe The Lox). Flashback sur l’année 2002 – le 9 juillet pour être pointilleux – date à laquelle l’album du MC engendré par les rues du Yonkers sort dans les bacs.

Pour contextualiser, il s’agit du 1er album du Ghost (un de ces multiples alias). Quand on sait à quel point une première galette est importante dans la carrière d’un rappeur, qui plus est d’un membre important du collectif Ruff Ryders (excusez du peu), on se dit que toutes les chances sont mises du côté de l’artiste : par son label (Ruff Ryders/Interscope) mais aussi par le bonhomme lui-même.
Bien mal lui en a pris, l’album entre honorablement à la seconde place au Top R&B/Hip-Hop Album et 6ème au Billboard 200. Certifié disque d’or par la R.I.A.A le 11 octobre 2002 (soit 3 mois après sa sortie), sans réel single hormis « Good Times » (6ème au Hot R&B/Hip-Hop Songs ; 8ème au Hot Rap Singles et 22ème au Billboard Hot 100), The Hardest Out a du mal à défendre l’album devant un public habitué à plus de tubes provenant d’un membre des Ruff Ryders.
Nous sommes en 2002, en pleine période estivale ; au 3ème trimestre (notion chère aux bureaucrates de labels musicaux outre-Atlantique) et face à lui, Paniro doit lutter contre : The Eminem Show d’Eminem, sorti le 26 mai – Nellyville du rappeur Nelly – God’s Favorite de N.O.R.E tous les deux le 25 juin ou encore Scarface et son album The Fix le 6 août. Ah, dear summer !

Pour ceux et celles qui puent de la chatte et des aisselles comme dirait notre Housni national (#joke), voici quelques points que nous avons jugé représentatifs de l’album A Gangster and a Gentleman. Car conscients qu’une grande partie de notre auditoire n’ira pas forcément écouter le LP dans son intégralité, nous avons décidé de vous simplifier ce bourbier.

1 titre :

« The Life » feat. Pharoahe Monch (produit par Ayatollah et contenant un sample de The Long and Winding Road interprété par Aretha Franklin).

Un refrain entrainant plein de soul, une instru maitrisée de bout en bout par un producteur trop souvent oublié et un texte qui peint une réalité froide et pleine de lucidité à travers l’âme torturée du rappeur. Le flow est continu, la voix calme délivre une vérité brutale et sans concessions.

1 clip :

« Good Times » 

On retrouve ici les codes d’un clip studio, simple et efficace. Les scènes où le rappeur porte des lentilles de contact fluorescentes – clin d’œil à Sisqo et son tube « Thong Song ? » (#joke) – et la séquence en général nous rappellent aux plus belles heures d’un Hype Williams.
Une vidéo qui ne casse pas des briques mais qui ne vient pas ternir le titre non plus. Cependant une question nous turlupine un peu l’encéphale : pourquoi diable Styles P passe t-il le tiers du clip aux chiottes alors que la fête semble battre son plein sur le dancefloor ?!

1 lyrics :

If I could got my miracle on/
Listen to me, I would bring my brother back in the physical form/
Cause the spirit still here, but the visual gone.
Si je pouvais bénéficier d’un miracle/
Soyez bien attentifs, je ressusciterais physiquement mon frère/
Car son esprit est toujours présent, mais son image s’en est allée.

Où quand fond et forme sont en symbiose.

1 feat :

M.O.P sur le titre « Y’all Don’t Wanna Fuck ».

Le 18ème titre de l’album nous présente le duo de Brownsville. Fidèles à eux-mêmes les deux compères nous livrent une partition sans fioritures. Lil’ Fame et Billy Danze font le taff sur un refrain dont eux seuls ont le secret, nous servant une prestation très énergique. La base pour ce binôme explosif.

1 chiffre clé :

24

Le nombre de pistes (dont une intro, cinq skits, une outro et un morceau bonus) dont regorgent l’album. C’est beaucoup, peut-être trop pour une première salve discographique personnelle. Une abondance de titres qui certainement, a du mettre à l’épreuve les auditeurs les plus chevronnés et fait fuir un public qui ne demandait pas tant pour une introduction au style de David.

En conclusion, cet album est à écouter sans pression mais avec une oreille avertie. Public, si tu as une heure à perdre et que tu souhaites compléter ta discographie avec un album qui aurait mérité meilleur sort, nous t’ invitons à vous pencher sur A Gangster and a Gentleman. Nous te promettons que tu ne seras pas déçu.

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