Body Of Work Janet Jackson – « Rhythm Nation 1814 »
Nous voici de retour pour une nouvelle édition de « Body of Work« , une rubrique qui refait l’histoire d’albums classiques, aussi bien sur le fond que sur la forme. Cette fois-ci, nous célébrons un anniversaire : les 25 ans de l’album Rhythm Nation 1814 de Janet Jackson. Retour sur un album clé dans l’histoire de la pop music, une oeuvre de tous les records, qui, bien qu’encore sous-estimée, laisse encore des traces aujourd’hui.
En 1989, Janet Jackson a 23 ans et se repose encore sur les lauriers qu’elle a remporté grâce à Control, son premier véritable album solo, son premier succès en tant qu’artiste émancipée du père Jackson. Alors qu’elle reprend le chemin du studio, la cadette de la famille rappelle le duo de producteurs Jimmy Jam et Terry Lewis. S’il lui aura été fortement suggéré d’embrayer sur un Control II, c’est un autre chemin que va prendre la direction artistique de l’album.
Dès les premières sessions d’enregistrement, l’équipe s’attelle au titre « Miss You Much« , une ballade dans la lignée des tubes pop de Control. En studio, la télévision reste allumée en toile de fond. Quand l’équipe ne regarde pas MTV, elle zappe sur BET et CNN : succession de Reagan par George Bush père, fusillade dans la cour de récréation d’une école maternelle en Californie, tremblement de terre de San Francisco qui provoqua l’effondrement du « Bay Bridge » entraînant la mort de 63 personnes… Des images terribles au goût d’apocalypse, auxquelles s’ajoutent le constat d’une situation sociale loin d’être idéale. La noirceur de cette actualité influence Janet Jackson, qui en tant qu’artiste tient à faire porter un message optimiste dans un avenir qui semble délicat. Une volonté foncièrement idéaliste et délibérément naïve ; un appel à la paix et à l’union d’une nouvelle génération instruite et positive, appelée à changer le monde.
C’est ainsi que prend racine Rhythm Nation 1814. 20 titres dont 8 interludes, mais 4 morceaux véhiculant sa vision du monde qui l’entoure : « State of the World« , « The Knowledge« , « Livin’ in the World (They Didn’t Make) » et l’hymne « Rhythm Nation« . Pour compléter ce projet musical, Janet insiste pour obtenir la réalisation d’un véritable court-métrage mettant en scène quelques titres. Réalisé par Dominic Sena , cette vidéo de 15 minutes, qui remportera un Grammy, est une incursion dans un monde obscur entre deux époques. Dans une ambiance « black and white » aux aspirations militaires ironiques, l’image de ces soldats de la paix et leurs chorégraphies millimétrées restent encore aujourd’hui iconiques. Tout comme son architecture sonore, le new jack swing, ce son hybride entre pop et hip-hop façonné par des productions edgy rythmées par des beats puissants et sourds, comme des tambours de fanfare. Depuis ces codes ont été repris par des pop stars auxquelles Janet a ouvert la voie. Sur la liste : Lady Gaga, Beyoncé, Britney Spears, Rihanna, feu Selena, les Coréennes de Girls’ Generation, mais aussi Jessie Ware, Sleigh Bell ou encore Michael Jackson lui-même.
C’est 1816 qui sera finalement l’album qui l’amènera à un autre niveau : avec 7 singles qui ont intégré le TOP 5 de Billboard, et des « hits n°1 » répartis sur trois années successives. Miss Jackson signe là un record encore inégalé. Rhythm Nation 1816, sera aussi le ticket de sa première tournée mondiale, qui reste encore aujourd’hui la plus importante en terme de recette. Les billets de sa première date, annoncée la veille, ce sont vendus en seulement trois heures : 7600 places dont 1000 distribuées par une oeuvre de charité. Ce n’est d’ailleurs pas le seul geste fait par Janet dans la lignée du message porté par 1814, elle ouvrira en effet une bourse de scolarité au nom de son album.
À l’heure d’un féminisme revendiqué dans la pop music par plusieurs chanteuses, Janet Jackson se situe à l’origine de ce mouvement et posait en 1989 les bases de la construction d’une image artistique féminine forte et multidimensionnelle. Si son absence au Rock & Roll Hall Of Fame fait encore polémique, la soeur Jackson est indéniablement l’une des icônes pop les plus influentes de la décennie 1990. Quant à Rhythm Nation 1814, il restera comme l’album de tous les records, l’album phare de toute une nouvelle génération d’artistes.
1 TITRE
Black Cat
« Black Cat » est le seul morceau de l’album clairement orienté rock. Un engagement artistique total car il est le tout premier titre écrit par Janet. Une performance qui lui vaudra d’ailleurs un Grammy Award de la meilleure prestation vocale rock féminine.
1 CLIP
Rhythm Nation
1 LYRICS
Spreading vise don’t believe the hype
You don’t find the knowledge in a pipe
Too many lives go up in smoke
It’s nice to laugh but don’t be the joke
Elargissez l’étau, ne croit pas ce qui se dit
La connaissance ne se trouve pas dans un tuyau
Trop de vies partent en fumée
Il est bon de rire, mais ne devenez pas la blague
The Knowledge
1 DUO
Jimmy Jam et Terry Lewis
Ce duo de producteur n’aura jamais autant connu le succès que lorsqu’ils sont ensembles. En effet, c’est avec Janet qu’ils ont obtenu le plus de titres classéss au sommet des charts. Ce sont les véritables initiateurs d’un son new jack swing et d’une mouvance militant funk.
1 CHIFFRE CLÉ
1816
Si 1816 est l’année de la création de The Star-Bangled Banner par Francis Scott Key, qui deviendra plus tard l’hymne national des États-Unis, ce chiffre prend une autre dimension lorsqu’on le décompose autrement. 18 et 16 correspondent au placement des lettres R et N de l’alphabet et forment les initiales de Rhythm Nation.