Derrière la caméra de Valentin Petit pour « Le bruit de la lumière »
Le réalisateur Valentin Petit dévoile son deuxième court-métrage, un espace d’expérimentation et d’exploration du lien entre la musique et la lumière. Rencontre avec celui qui vous a donné quelques clips de Nemir, Deen Burbigo, Joke et Nekfeu.
Comme son nom le laisse entendre Le bruit de la lumière aborde le thème de la synesthésie. Cette maladie, créé chez celui qu’elle atteint, une connexion improbable entre deux sens, la plus courante se faisant entre l’ouïe et la vue, avec différents déclencheurs. Ici la lumière se transforme en son, dans un processus douloureux pour Lou (Alice David). Elle découvre son « don » aux côtés de son copain Marius, (Patrick Biyik) et de son binôme dans la musique, Pablo (Jonathan Illel), alors qu’ils sont tous les trois réunis et reclus pour produire du son.
« En gros le bruit et la lumière est né d’un projet avec la structure Ocurens où je suis réalisateur et producteur. Germain Robin est mon associé dans cette structure. Mais l’initiative est la mienne, c’est un projet perso. Je voulais vraiment lier mes deux passions pour l’image et la musique. J’ai eu l’idée en lisant Je Suis Né Un Jour Bleu écrit par Daniel Tammet. C’est l’autobiographie d’un français, il est autiste, mais il a des capacités intellectuelles incroyables. Il arrive à interpréter les chiffres comme une couleur et une forme. Cette maladie s’appelle la synesthésie. Je suis partie de là pour broder une histoire. »
Tout au long du film, les scènes sont habillées de lumières tamisées et colorées qui contrastent avec l’obscurité des décors. Ici les niveaux de décibels s’accordent avec les couleurs et leurs degrés Celsius. Des éléments porteurs de sens. A travers cette histoire, le réalisateur aborde aussi la question du sacrifice de l’artiste à son art ou encore de l’usage de la femme comme instrument.
« Je ne pointe pas ces thèmes directement, mais ce sont des trucs que je recrache parce que je les vis tous les jours. Je ne me porte pas en défenseur de ces thèmes. J’y suis sensible et ça s’arrête-là. »
Point culminant de ce court-métrage, une chute d’étoiles filantes, filmée dans un lieu insolite et difficile d’accès : le pôle des Étoiles de Nancay et sa station de radioastronomie.
« Le repérage était très compliqué. J’avais repéré quelques lieux, dont la station spatiale de Nantes. Une espèce de lieu incroyable qui est géré par le CNRS, c’était une tannée je ne vais pas te mentir. Parce que sur le tournage, tous le matériel dégage des ondes radios et le lieu était très sensible, donc on a tourné avec des cages de faraday [enceinte utilisée pour protéger des nuisances électriques et subsidiairement électromagnétiques, ndlr] Et du coup on a galéré : pas de téléphone sur un terrain de centaines d’hectares, pas de talkie-walkie, pas de drone pour les plans aériens. On était très emmerdé. »
Sur les 23 minutes de film, le réalisateurs s’amuse loin des contraintes du film publicitaire ou des exigences d’un autre artiste et tente de produire un objet à l’image de sa propre vision.
« J’essaie de faire quelque chose de singulier pour que ça reste dans le temps. Mon premier vrai court, il y a trois-quatre ans, « Anthophobia », tu le regardes encore aujourd’hui, il y a encore des articles dessus, ça tourne encore. C’est ce côté intemporel que je recherche en fait. Être trop dans la hype, c’est cool sur le moment, mais ça ne vie pas dans le temps. »