Damso : « Atteindre l’excellence. Quand je parle de faire du sale, c’est ça »
Moins d’un an après la sortie de sa carte de visite officielle, l’inventeur du concept #Vie reprend du service pour un second tour de piste. Une première rencontre avec le colosse belge – finalement très sympathique – qui a été une belle occasion pour nous de tirer un dernier trait sur son premier opus à la batterie pourtant encore chargée, et d’essayer de comprendre, après quelques écoutes rapides, ce qui fait l’ipséité de son nouvel album.
Photos : @lebougmelo
« Brassens m’a inspiré parce qu’il avait une facilité à parler du sexe mais d’une manière très frontale et raffinée en même temps, j’aimais beaucoup. »
Première question, un peu directe, quel est ton ambition profonde en tant que rappeur ? Tu parles beaucoup de t’imposer, de faire du sale, ou mettre à mal le rap français, ça signifie quoi concrètement ?
Atteindre l’excellence. Pas seulement en tant que rappeur, mais dans tout ce que je fais. Quand je parle de faire du sale, c’est ça. L’excellence. C’est se dépasser soi-même. Et que cela devienne normal. Aujourd’hui ça l’est devenu, mais l’idée c’est de tout le temps se dépasser : plus qu’hier, bien moins que demain. C’est un peu ça, le sale.
L’écriture est un pan assez important de ton identité en tant qu’artiste. Quelles ont été tes références textuelles dans la musique, qui t’ont inspiré par leurs mots, dans le rap ou ailleurs ?
J’écris depuis très longtemps donc c’est presque un domaine dans lequel je me suis formé tout seul, cela depuis tout petit. Mais les rappeurs que j’écoutais et qui m’ont influencé indirectement ou directement sont peu nombreux en France. Il y a eu Booba et Disiz, parfois Pit Baccardi dans certains sons, Doc Gynéco dans d’autres, et le Ministère A.M.E.R. Mais j’écoutais plus de rap US : Bone Thugs-n-Harmony, 2Pac, Biggie, et toute la Westcoast. J’ai aussi écouté Brassens, même un JB Mpiana dans ce qui vient du bled, beaucoup pour la mélodie. Je ne peux pas te dire que j’ai pris ça ou ça d’ici, je m’inspire mais je ne fais pas de plagiat donc je ne pourrais pas dire. J’écoute tellement de choses que parfois on peut retrouver des trucs, Brassens m’a inspiré parce qu’il avait une facilité à parler du sexe mais d’une manière très frontale et raffinée en même temps, j’aimais beaucoup.
Lyriciste. Est-ce une notion qui est toujours existante pour toi dans le rap d’aujourd’hui et te considères-tu de cette caste-là ?
Moi, lyriciste ? Ouais, peut-être. C’est ce qu’on dit de moi. Moi je fais juste du son. J’me fais kiffer. Un jeu de mots me fait kiffer, dire les choses comme « Elle aime le sperme dans la bouche, elle a le gout du risque », ça me fait marrer. Je vais le balancer comme ça, d’autres vont le dire d’une autre manière… Je ne sais pas, je fais du son. J’fais du sale, j’me dépasse, j’suis content.
« Si je ne connais pas un truc je ne vais pas en parler parce que ça sert à rien. Mais les femmes je les connais, donc je vais en parler »
C’est devenu assez rare dans le rap d’aujourd’hui, ceux qui peuvent tenir un thème sur la longueur, ou faire du pur story-telling dans leurs chansons.
Pour moi c’est un kiff, quand t’écoutes « La Lettre » [morceau du groupe Lunatic, ndlr] c’est du story-telling. Booba a respecté le thème de A à Z mais il ne l’a fait qu’une fois. Ça vient comme ça vient, moi ça me vient parce que je kiffe ça, lui ça vient comme ça parce qu’il kiffe ça. Maintenant je me pose la question : finalement être un bon rappeur, c’est savoir tout faire, juste faire ce qu’on aime ? Je pense que c’est une critique très dangereuse et très négative, faut surtout savoir apprécier la musique de chacun et apprécier peut-être plus la musique d’une autre personne qui correspond plus à tes attentes que d’autres. C’est plus comme ça que je vois les choses. J’suis le meilleur ? Non, y’a juste d’autres personnes qui kiffent car elles ont telles attentes. Gradur est plus dans « l’enjaillement », lui-même le sait, je pense que c’est son truc. Certains vont te dire Damso il fait chier, vont me trouver un défaut compliqué et recherché.
C’est quand même un domaine important dans lequel tu aimes te démarquer dans un rap game qui se détache de plus en plus de ses codes passés ?
Non le rap game j’lui pisse dessus. En vrai je lui fais pipi dessus parce j’écris comme ça depuis très très longtemps. J’ai fait un projet qui s’appelle Salle D’attente, et c’était déjà ce que je fais maintenant, en moins expérimenté. Je prenais moins de temps pour faire les sons, je revenais moins dessus. Ce qui se fait dans le game, je ne cherche pas à le savoir. Je cherche juste à me dépasser. Je suis mon premier fan en fait, si je kiffe ce que je fais, c’est bien. Si demain un mec qui fait un truc qui me plait, j’vais dire « c’est cool ». C’est pour ça qu’il n’y aura pas de jalousie parce qu’il fait son truc, moi je dois faire le mien. Quand je suis au studio c’est ma voix qu’on entend, pas celle de quelqu’un d’autre. C’est personnel. On peut me dire que je fais tout le temps la même chose, mais si cette chose je la kiffe, je vais continuer.
Mine de rien, Batterie Faible était un album porté sur la figure féminine. Pourquoi cette thématique, cette fixation pour un premier album ?
Non ce n’est pas une fixation, dans la vie d’un homme, la femme a une place très large. Que ce soit du sein de ta mère à la schnek de la future mère de ton enfant. Donc je raconte ce que je vis, et bien sûr j’ai « checké » beaucoup de meufs donc j’ai beaucoup de choses à dire là-dessus. Et demain je serais peut-être dans des jardins à regarder des fleurs, donc j’aurais plus de choses à dire sur les fleurs. Je dis vraiment ce qu’il se passe. À ce moment-là j’avais beaucoup de choses à dire car je venais de signer, donc automatiquement y’avait pas mal de choses. Demain ce sera d’autres thèmes, la peur d’être père par exemple, comme dans le nouvel album. Je suis papa aujourd’hui donc je peux en parler. Mais je n’aurais pas pu en parler dans Batterie Faible, j’aurais été un tricheur et un menteur. Je vais juste parler des trucs que je connais, si je ne connais pas un truc je ne vais pas en parler parce que ça ne sert à rien. Mais les femmes je les connais, donc je vais en parler.
« Ipséité, c’est être soi et pas quelqu’un d’autre, c’est plus singulier que d’être unique, car tu peux être unique sans être toi »
Si on utilise un raccourci facile, on peut dire que Batterie Faible était un peu un Première Consultation nouvelle génération…
On m’a déjà fait le rapprochement avec Doc Gyneco mais … Ouais, peut-être bien. Moi j’ai une autre vision car j’écoute les beats aussi, pour moi c’est un autre projet. L’être humain est très hypocrite, on vit dans une société ou il y a Tinder… Ça s’est fait comme ça, mais il n’y a pas que la femme dans l’album, même si il y a des punchlines les concernant dans toutes les chansons, je combine souvent plusieurs sujets dans une seule chanson. Batterie Faible, je l’ai écris très vite. Pour le dernier j’ai eu le temps d’écrire plus de 200 morceaux donc forcément d’autres choses se sont passées depuis. Je parle de Dieu, je parle de ma mère différemment, y’a eu mon gosse, l’argent, pas mal de choses.
Tu as déclaré ne pas écouter de rap récemment. C’est un truc que l’on entend assez souvent chez les rappeurs aujourd’hui.
Je n’en écoute pas parce que je ne veux pas. J’écoute de la musique pour être détendu, je passe plus de temps à écouter des prods, car j’ai toujours besoin d’être inspiré. Et je ne prends plus autant de plaisir à écouter des morceaux, et j’ai plus cette notion d’orgasme auditif. Ce moment où je me dis que le son est trop lourd comme quand j’ai écouté « Many Men » de 50 Cent, la prod, la manière dont il posait, j’comprenais rien à l’anglais, mais pam ! Ça restait dans mes tympans ! Mais peut-être que parce qu’à ce moment-là je ne connaissais pas la musique, j’étais plus petit. Depuis je recherche toujours ce truc-là. Le dernier en français ? Ce n’est pas parce que je bosse avec lui mais c’était « Génération Assassin » de Booba. J’avais posté une vidéo Instagram parce que la prod, son flow m’avaient tapé, aussi parce que je n’aurais pas pensé à poser comme ça. En gros je n’aimais pas le son au début, mais à la fin, ça m’a tapé. Mais je n’ai plus ce truc ou je me dis que je n’aurais pas posé de cette manière, que le mec m’a giflé. Même chez les ricains, le dernier c’était « Too Much Sauce » [morceau de Future sur la mixtape Project E.T en 2016]. C’est pour ça que je ne parle pas de rap français.
Batterie Faible comme Ipséité, a ce sens double qui sonne un peu comme une provocation face au rap français.
Batterie Faible avait un double sens. Le « faux » sens c’était ce coté-là un peu arrogant de dire que j’viens recharger la batterie d’un rap affaiblie, mais c’était surtout pour dire que je viens pour proposer autre chose, c’était plus dans ce sens-là. Ipséité, c’est être soi et pas quelqu’un d’autre, c’est plus singulier que d’être unique, car tu peux être unique sans être toi. On fait preuve d’ipséité comme on fait preuve de courage. Par exemple, on va gifler tout le monde dans cette pièce, et chacun va réagir différemment. Certains vont suivre l’attitude d’autres, certains vont faire preuve d’ipséité et réagir à leur manière. C’est vraiment l’idée de réagir comme on le pense. J’ai ce titre d’album depuis 2010. Ce devait être le titre de mon premier album. Batterie Faible pour moi était au départ une mixtape, mais Ipséité je l’ai depuis longtemps, je ne savais juste pas comment le travailler, mais il me fallait une équipe douée pour ça, notamment dans le mix.
Ipséité ne ressemble pas du tout à ce que tu as fait sur ton premier album, est-ce qu’on peut dire qu’il est plus abouti ?
C’est deux fonctionnements différents, comme une Lamborghini exclusive qui prend du temps à fabriquer et une bonne Mercedes de série qui a pris moins de temps mais qui a quand même demandé du travail. C’est totalement différent. C’est plus une question de temps que d’aboutissement. Sur le dernier y’a peut-être plus de choses que je voulais atteindre : plus de chevaux, plus de ci, plus de ça. Je ne sors pas un projet si je ne l’aime pas. Batterie Faible je le kiffais à mort, je le kiffe toujours, mais c’est un autre style. Ipséité a juste pris plus de temps. Le but dans celui-là est d’arriver à mes compétences, c’est à dire amener autre chose dans le mix, les textes, les formules de phrase. Essayer de maitriser des choses que ne je ne maitrisais pas avant, comme dans « Lové » ou « Kin La Belle » où je voulais un son rumba mais d’une certaine manière, et « Signalé » où je parle de meufs mais d’une autre façon. Aller au bout de mes compétences car je fais des prods, et je mixe aussi donc y’a plein de trucs qui amènent une fraicheur et je voulais que ça vive dans le temps également.
« Pour le morceau avec Vald, on s’est vus aussi. Mais en même temps, il a fait la démarche aussi, il a mis son égo de coté, parce qu’il a vu que je n’en avais pas non plus »
Sur Ipséité comme sur Batterie Faible, tu n’as fait qu’un seul featuring. On a l’impression que tu cultives ce truc, comme si tu ne voulais pas te mélanger.
Je n’aime pas faire de featuring qui n’apportent rien artistiquement. Quand t’écoutes « Paris c’est loin » c’est chaud. Tu ne pourrais pas le classer quelque part. Je préfère faire ça qu’une collaboration que l’on oublie le lendemain, juste en notant deux-trois punchlines et ça s’arrête là. J’en ferais de toute façon, c’est obligé, mais pas beaucoup. Ça n’a jamais été mon truc.
En dehors de ta personnalité, on sent aussi que l’esprit collectif que vous développez sur 92i renforce un peu ce coté « for us by us », « Bisso na bisso », entre vous. Avec une certaine alchimie cela dit si on se réfère notamment au morceau « Ivre » sur l’album de Benash avec Shay et toi-même.
C’est parce qu’on se connaît aussi. Si je veux taffer un son avec Siboy, je peux le contacter directement, on peut aller au studio, il sait où se trouve mon studio. C’est plus simple. Benash et Shay, on avait passé une semaine ensemble, on faisait des sons et celui-là est ressorti. C’est différent quand tu fais une collaboration avec un artiste à distance, que tu ne connais pas, c’est pas la même chose. Pour le morceau avec VALD, on s’est vus aussi. Mais en même temps, il a fait la démarche aussi, il a mis son égo de coté, parce qu’il a vu que je n’en avais pas non plus. Il est venu, on a écouté des prods longtemps, ça nous a bien pris 6 heures de temps, on a bu et fumé un peu, on a tissé des liens. Jusqu’à présent on est cool, il peut m’envoyer un DM au calme. C’est un peu de ça dont je parle.
Au delà des concepts textuels déjà présents sur Batterie Faible, il y a sur Ipséité des concepts musicaux comme sur « Mosaïque Solitaire » qui se divise en trois parties, « Macarena » qui s’apparente à une comptine avec un coté un peu immature, ou « Lové » qui touche à l’électro et à la dance. On sent que t’a voulu aller beaucoup plus loin d’un point de vue musical.
C’est totalement ça. J’me suis vraiment fait plaisir. Mais encore une fois ce sont les beats. T’en écoutes tellement que quand il y en a une qui sort du lot… Comme « Lové » ou « Gova », quand tu les entends t’as envie de tester des trucs. Même la prod de « Une Âme pour Deux » est bizarre, elle n’a pas de sens, c’est un kiff de poser sur ce genre de prod. En général, ça vient comme ça, c’est des prods qu’on m’envoie, comme « Lové » ou « Kin La Belle ».
À l’époque de Batterie Faible, tu n’avais pas eu de rotations sur Skyrock, mais là avec cette album, on a l’impression que tu pourrais passer sur tout type de radios…
On verra. Faut déjà qu’ils kiffent. Mais ce ne sera jamais un objectif de vouloir faire un son « pour que ». Je fais un son parce que je kiffe pas pour qu’il passe ici ou là. S’il passe, tant mieux pour moi.
Quelle a été l’inspiration profonde du morceau « Kin La Belle », hommage à la RDC, où tu es née et vécu tes premières années ?
C’est un mélange de tout en fait. Un mélange de ma vie personnelle, de la vision que les autres ont de notre pays, ma propre vision de mon pays et l’espoir que j’ai de le voir s’élever. Il fallait un son comme ça, avec tout ce qu’il s’y passe. Ce morceau est venu comme ça, je l’ai écrit spontanément quand j’ai écouté la prod. Je n’incrimine pas forcément tout le monde, je suis juste un peu blasé par ce qu’il se passe. Les « mal-bouches » qui parlent beaucoup mais qui font rien. Quand tu es congolais-européen ou même congolais du pays ; si t’es devenu français, accepte-le et puis c’est tout. Beaucoup de gens ne veulent pas l’accepter, ils commencent à parler du pays, à dire qu’il faudrait faire ci ou ça, mais ce sont les derniers à bouger leurs culs, et finalement ils ne le bougeront jamais. Et finalement mieux vaut qu’ils se taisent, car il y a peut-être un mec qui veut faire quelque chose mais en parlant trop, ça le déstabilise. À un moment donné faut arrêter, c’est un peu hypocrite de la part des gens.
« C’est très insolent ce que je vais dire mais le rap français je lui mets une claque quand je veux. Mais à un moment donné, il faut aussi un sens artistique »
Sur ce morceau d’ailleurs tu dis « j’hésite à faire du sale ou bien chanter ». Cette phrase résume assez bien l’album d’une certaine manière, puisque dans beaucoup de morceaux tu t’essayes au chant. Toi qui veut dominer le rap français, sortir un album plus « pop » ne te fais pas aller sur un autre chemin que celui du projet stricto-sensu rap qui aurait pu asseoir ta position de rappeur qui compte dans le paysage rapologique français ?
C’est très insolent ce que je vais dire mais le rap français je lui mets une claque quand je veux. Mais à un moment donné, il faut aussi un sens artistique. Et ça c’est plus fort que moi, c’est même plus fort que faire du sale, c’est faire de l’art. C’est au-delà de faire du sale, tu kiffes réellement ce que tu fais jusqu’au bout. Je peux te faire un album de 20 titres avec du rap hardcore, des punchlines etc. Mais je l’ai déjà donné en balançant des freestyles rap. Ce qui est un kiff en soi aussi, rapper, kicker. Mais c’est un kiff « rapide ». Mais sur cet album, j’ai observé, pris le temps, écouté plusieurs beats pour voir comment je m’adapte dessus. Mon couplet sur « Lové », tu le mets sur une prod rap, c’est un putain de flow. Mais le tester sur cette prod éléctro ou dance, ça change tout. C’est ça pour moi aller plus loin. Mais il reste des morceaux rap comme « Gova ». C’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas.
Sur « Signaler » tu touches aux sonorités zouk/dancehall à ton tour, après Booba « Validée » ou Benash dans son dernier album. Le début d’une marque de fabrique 92i ?
[Rires] C’est un kiff en fait. C’est vraiment comme ça que je fonctionne, quand j’entends un beat qui me tape un peu je le réécoute, et je le mets de coté, je me promène et un jour j’ai une phase et ça commence. « Signalé » c’est parti d’une phase simple, j’ai vu un boule sur le net et je me suis marré en disant que j’allais le signaler, et j’avais le beat qui passait déjà, il me fallait juste la première punchline pour amorcer le tout.
Quelque part le morceau « 92i Veyron » ressemble aussi à « Macarena » par cet aspect mélodique qui s’approche de la comptine.
Je pense que c’est peut-être une oreille artistique finalement. On touche à tout. Les comptines, quand je n’étais pas connu j’ai fait des morceaux qui s’en approchaient, et je pense que c’est de l’artistique. Quand t’écoutes l’album de Benash, tu sens que c’est un artiste. Il passe d’un son violent à de l’afro. Pas que de l’afro-trap, mais de l’afro en général.
« Mais c’est quoi le style Damso déjà ? Car je suis en perpétuelle évolution. »
Tu n’as pas peur que de trop rester dans ce carcan 92i puisse porter préjudice au style Damso, celui de Batterie Faible ou même d’avant ?
Mais c’est quoi le style Damso déjà ? Car je suis en perpétuelle évolution. Je ne pense pas qu’on reste toujours ensemble, dans l’album de Benash il y’a un feat avec d’autres comme Alonzo… Moi c’est différent parce que j’écris trop, donc finalement je termine vite. Dès que je reçois une prod, je ne pense à personne. Quand j’écris un morceau, c’est un devoir de terminer. C’est très rare que j’écrive un morceau et sans le terminer. C’est comme ça que je fonctionne. D’où le fait qu’il n’y ait pas de featuring. Et comme je suis toujours à fond sur mon travail, je ne regarde ni à droite, ni à gauche…
On a vraiment l’impression que t’es en roue libre sur cet opus, qu’à partir de maintenant tu feras toujours ce type de disque ou est-ce que tu reviendras à ce que tu as fait auparavant ?
En fait, dis-toi que Damso fera toujours ce qu’il voudra, peu importe la situation. J’ai toujours fait ce que je voulais peu importe la situation. Je me suis retrouvé à la rue parce que je voulais faire ce que je voulais. Ce n’est pas demain que ça va changer. J’avais l’occasion de faire des études, j’ai dit non, je vais essayer de faire un album. Du coup on m’a mis dehors, mais je l’ai fait cet album. J’ai presque envie de dire que je m’en fous de l’argent, mais ce serait mentir d’un certain point de vue, mais à une époque j’en avais rien à foutre, tant que je faisais ce que je kiffais. Le jour où je ferais un truc que je n’aime pas, ce ne sera plus Damso, ce sera quelqu’un d’autre qui aura le même visage que moi, mais ce ne sera pas moi.
Tu penses quoi de cette nouvelle génération de rappeurs qui s’affranchit des codes classiques du rap ?
Ça ne sert à rien d’être dans des codes et de faire semblant. Si t’es vrai et que t’es dans les codes c’est mieux. Avant ils étaient dans des codes mais ils étaient vrais. Ils avaient un vécu qui allaient avec. Aujourd’hui tout est ouvert, tu peux être un mec de banlieue et taper une meuf de je ne sais où parce que tu l’as rencontré sur Tinder. Tout est totalement ouvert. Le hip hop s’est démocratisé et ça a ouvert pas mal de choses. T’as tellement de gens de styles et d’origines différents qui écoutent la même musique. Forcément, des connections se font et ce sont des apports très riches dans l’art. Tu as des mecs comme Vald qui a son propre parcours qui fait des feats avec Damso, qui a un parcours différent. Une brèche artistique s’est ouverte, ça ne sert plus à rien de rester dans des codes, c’est obsolète.
Remerciements : Hôtel Grand Amour, Paris X