Qui est derrière Spotr®, l’application qui va sauver les instagrammeurs en galère ?

Il s’appelle Alexandre, il est jeune et vient de créer l’application Spotr®. Quelques jours avant sa sortie sur l’App Store nous avons proposé au jeune parisien de se raconter, afin de mieux comprendre les origines de sa créativité mais surtout de ce qui a nourri et alimenté son altruisme. 

 

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À la base, je voulais juste photographier mes potes.


 

Alexandre Sanou : « Je suis un enfant de la ville. Né à Paris, élevé en banlieue. J’aime bien la campagne, mais je suis allergique au pollen. Jusqu’à mon bac, j’étais un sale gosse. J’ai fait toute ma scolarité en fond de classe, près du radiateur. Paradoxalement, j’ai aussi été élu délégué six ans d’affilée. J’achetais mes votes contre des Skittles, comme les chefs d’États Africains. À cet âge, les Skittles sont une arme de corruption massive (ex-æquo avec les M&M’s). Le lien entre les deux, c’est la couleur. Je suis une personne assez visuelle. Les couleurs m’obsèdent dans tout ce que j’entreprends. Je n’arrive pas à faire abstraction de la forme, même quand je suis jugé sur le fond. Après le bac, j’ai cherché un job étudiant. C’était la première fois que McDonald’s sortait le slogan « Venez comme vous êtes ». Je me suis dit que j’avais une chance. Ensuite j’ai été admis en école de commerce et j’ai eu l’occasion d’étudier un petit moment à la Nouvelle-Orléans. À l’obtention de mon diplôme, j’ai décroché un stage à Londres dans une agence de publicité. C’était il y a quatre ans. Aujourd’hui, je suis de nouveau à Paris et je conseille les marques sur leur stratégies de communication.

À la base, je voulais juste photographier mes potes. J’ai réalisé qu’il n’était pas toujours simple de trouver des endroits cools pour faire du portrait ou du paysage. Jusqu’ici les photographes et les curieux s’organisaient comme ils pouvaient en créant des groupes sur les réseaux sociaux. Plus récemment, ces initiatives ont donné naissance au phénomène des InstaMeets: les sorties-photo entre Instagrameurs chevronnés. J’ai voulu créer un outil qui permette à ces communautés citadines de trouver facilement les endroits les plus intéressants pour prendre des photos.

 

 

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Si je n’ai pas l’impression de mâcher le travail des photographes en dénichant tous les spots ? C’est tout l’intérêt


 

Au départ, j’étais seul. Je trouvais l’idée assez sexy pour sacrifier mon temps-libre donc j’ai commencé à rédiger un cahier des charges. J’ai mis cinq mois à en venir à bout (je suis assez lent). L’expérience fût pénible mais utile. C’est ce cahier des charges qui m’a permis de démarcher – non sans mal – bon nombre d’apprentis développeurs. Après plusieurs collaborations inabouties, j’étais sur le point d’abandonner lorsque le projet a tapé dans l’œil du trio gagnant : trois étudiants de 42, l’école d’informatique fondée par Xavier Niel. Au même moment, j’étais rejoins par un collègue d’agence – créatif de métier – avec qui nous avons conçu une interface et une expérience utilisateur améliorée. Pendant des mois, notre équipe a travaillé dans le secret avec les photographes les plus influents de la capitale. Des adeptes de l’exploration urbaine qui connaissent Paris jusque dans ses moindres recoins. Ils s’appellent ixeurban, aliochaboi, ahtlaqdmm, thomvsfrs ou encore paulmougeot et ils comptent des centaines de milliers d’abonnés sur Instagram. Ils sont l’équipe créative derrière Spotr.
En dernier lieu, nous avons sollicité Instagram pour que soit approuvé l’ensemble des usages de leur API. Spotr a été lancé sur l’AppStore le 23 février.

Si je n’ai pas l’impression de mâcher le travail des photographes en dénichant tous les spots ? C’est tout l’intérêt.
Le paysage urbain comporte des lieux fascinants auxquels peu de gens prêtent attention. Notre mission est de les dévoiler à travers les yeux de ceux qui les photographient. Pour un touriste Suédois qui débarque à Paris, c’est l’occasion de créer des souvenirs au-delà du Jardin des Tuileries. Pour une passionnée de mode qui veut partager son outfit of the day, c’est une façon de trouver une façade colorée à proximité. Pour un vidéaste, c’est un moyen de repérer des endroits pour tourner les scènes d’un clip ou d’un court-métrage. En somme, Spotr ouvre le champ des possibles à une communauté animée par le désir de découvrir.

 

 

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Est ce que l’application ne va pas aseptiser toutes les photos, vidéos et le microcosme de l’Instagram game ?  Au contraire, l’outil démontre qu’il y a des milliers de façons de photographier un lieu. Finalement, l’esthétisme est là ou chacun le voit. Je pense que c’est en inspirant les gens qu’on les rend créatifs. Attirer leur attention sur les lieux les moins exposés, c’est changer leur regard sur la ville. Aujourd’hui, hormis une poignée de curieux, rares sont les personnes à s’aventurer hors des sentiers battus. Pourtant il existe des endroits époustouflants à proximité. L’Axe Majeur de Dani Karavan, les Espaces Abraxas ou encore les Arcades du Lac de Riccardo Bofill font partie des merveilles architecturales les plus spectaculaires d’Île-de-France. Comment se fait-il qu’elles restent inconnues d’une majorité de Franciliens ?

 

 

 

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Nous recevons quotidiennement des centaines de sollicitations du Japon, du Brésil, des Etats-Unis et d’ailleurs


 

L’objectif ? 100,000 utilisateurs d’ici la fin d’année – sous réserve de la mise en service d’une version Android. C’est un objectif ambitieux, mais atteignable si nous maintenons le taux de croissance que nous connaissons actuellement. Pour se faire, il faudra des ressources à la hauteur de nos ambitions. Nous souhaitons étendre l’accès à l’application en Europe, améliorer la qualité du service et déployer de nouvelles fonctionnalités. Nous préparons une levée de fonds cet été.

Aujourd’hui, tout ce qui m’importe c’est le développement de ce service. Je suis convaincu de tenir quelque chose. C’est une première victoire d’avoir réussi à rassembler les ressources nécessaires à la mise en service de l’application, mais le plus dur commence maintenant. C’est stimulant et terrifiant à la fois. Nous recevons quotidiennement des centaines de sollicitations du Japon, du Brésil, des Etats-Unis et d’ailleurs. Le potentiel de l’outil est immense et nous en sommes conscients. Par chance, notre équipe est désormais constituée d’une panoplie de talents au service d’une même vision. »

 

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