Dixon : « C’est plus intéressant de faire de la musique qui touche tout le monde »

dixon-interview booba yard 2019

Après avoir séduit Shy’m dans la Nouvelle Star, c’est Booba qui s’est épris du talent bourgeonnant de Dixon, un jeune chanteur autodidacte originaire du 93. Son premier single aussitôt paru, l’artiste en développement a accepté de répondre à nos questions.

Photos : @alextrescool

Une histoire d’amour dans le téléphone et des sentiments doux-amers en poche, Dixon a déployé ses ailes au grand jour avec le titre « En vue ». Mais le jeune chanteur de Bondy n’en est pas à sa première apparition publique. Du haut de ses vingt-deux ans, Loïc Bukolo a fait ses premiers pas sous le feu des projecteurs de M6 en 2017, dans le cadre de l’émission Nouvelle Star, où les présentations avaient eu lieu sous les auspices de Ray Charles et Stromae dont il avait repris les chansons. Repéré depuis par le fondateur du label de musique pop 7CORP — un certain Booba —, l’artiste élabore actuellement son premier album en toute discrétion, non loin du rayonnement de Bramsito, l’autre signature du label, et de leurs proches collaborateurs, Dany Synthé en tête de file. On voit déjà poindre les tubes à l’horizon, ce pourquoi on a voulu prendre de l’avance et partir à la rencontre de Dixon lui-même. Douceur en vue.

« En vue » est ton tout premier single. C’est en quelque sorte ton passeport musical. Pourquoi avoir choisi de t’introduire avec cette chanson ?

À l’origine, ça ne devait pas être celle-ci. Finalement, on a changé d’avis parce qu’elle a quelque chose de différent. Même au niveau de l’esthétique du clip. On m’a proposé le pitch de Frédéric de Pontcharra et on a travaillé sur la direction artistique avec Adrien Galo. Et le titre marche bien alors que quand on est en studio, on est un peu enfermés dans notre processus créatif et on ne sait pas ce qui va plaire. On a juste des espérances. Maintenant, on sait que c’est cool comme carte de visite. Mais il va falloir bien enchaîner.

Tu as toujours voulu faire de la musique ton métier ?

J’ai d’abord rêvé de devenir journaliste. Ensuite, j’ai fait des études pour devenir historien. Et encore après, je me suis retrouvé dans le prêt-à-porter, donc j’ai voulu continuer dans cette direction. Avant la musique, c’était vraiment ce vers quoi je me tournais.

Et la danse ?

C’était plutôt un hobby pour moi.

Comment la musique a-t-elle pris le pas sur le reste ?

C’est une question de feeling. On m’a dit que je savais chanter, alors j’ai persévéré. Mes proches, mes amis… Ma mère m’a acheté une guitare pour mes quinze ans, puis un piano. J’avais donc déjà commencé à apprendre la musique en autodidacte mais les conseils de mon entourage m’ont poussé à aller plus loin. Si on ne m’avait rien dit, je n’aurais peut-être jamais continué. Je serais toujours seul dans ma chambre avec ma guitare…

On dirait que tu t’intéresses à des domaines artistiques assez variés. De façon générale, quelles sont les figures qui t’ont marqué ?

Au niveau de la danse, j’ai beaucoup suivi les Twins. Et au niveau de la mode, Olivier Rousteing est vraiment une influence. J’aime beaucoup son histoire. Mais musicalement, j’ai toujours été plutôt dans la soul, avec Lauryn Hill, Ray Charles… Je suis aussi très attaché à la chanson française, à des chanteurs tels que Brel ou Aznavour. Et bien sûr, Stromae. Je trouve qu’il a tout. C’est important pour moi.

On est en pleine ère du DIY, de l’immédiateté et de l’indépendance dans la musique. Pourquoi avoir choisi un télé-crochet [la Nouvelle Star, ndlr] pour te faire connaître ? La plupart des artistes d’aujourd’hui ont le réflexe de poster leurs morceaux directement sur une plateforme.

La pub de la Nouvelle Star passait à la télé… Et comme on me disait souvent que je chantais bien, je me suis dit qu’il fallait que j’aie un avis professionnel. Je voulais savoir si j’avais quelque chose à offrir dans ce milieu-là.

Tu n’es pas allé frapper à la porte du prof de musique du conservatoire de ton quartier, tu t’es directement dit : « je vais demander l’avis de Benjamin Biolay » [rires] ?

Voilà, je me suis dit : « autant y aller tout de suite » !

Avec l’expérience de la Nouvelle Star, les caméras braquées sur toi, la pression du concours et la profusion d’opinions qu’on a dû te donner sur ta musique, je me demande comment tu es parvenu à te construire une identité musicale.

L’émission m’a juste confirmé que j’avais quelque chose à exploiter. Ce sont plutôt les séances de studio après ma signature qui m’ont aidé à me bâtir une vision artistique.

Tu es actuellement en train de concevoir ton premier album, comment ça se passe ?

On travaille dessus depuis ma signature, donc je suis encore en pleine préparation. Ça devrait sortir pour 2019.

À quoi va-t-il ressembler ? On a écouté « En vue » bien sûr, mais on a aussi entendu parler d’un autre titre, « Ce soir ».

C’est vraiment quelque chose de poétique, de pop, nourri d’influences variées. Parce que moi, je ne sais pas encore où me situer musicalement. Non pas que je ne sache pas où je veux aller. C’est plutôt que je suis traversé d’inspirations tellement différentes… La chanson « Ce soir », par exemple, est assez calme et parle de mon père, alors que ce n’était pas quelque chose que j’avais prévu de faire à l’origine. On était à Miami et dès que la prod est apparue, c’est venu tout seul. À la fin, on a rendu le titre vraiment orchestral, je me suis dit : « pourquoi pas ? » La plume était là.

Qui sont les artistes qui t’accompagnent dans la construction de ce projet ? Tu as l’air très entouré.

J’ai des personnes talentueuses avec moi. Notamment Dany Synthé, avec qui je travaille étroitement, et qui réalise l’album. On me propose aussi d’autres personnes qui interviennent à différents niveaux, comme Junior Alaprod ou Le Motif.

Comment est-ce que tu fais pour trouver ta place quand tu es en studio avec des artistes aussi imposants ?

C’est encore compliqué aujourd’hui. Il faut vraiment avoir confiance en soi pour oser dire quelque chose quand on a un studio rempli de ces personnes-là. Mais elles sont bienveillantes. On me laisse faire des propositions, et après on voit.

Tu composes toi-même ? Ou est-ce que tu te vois plutôt comme un interprète ? 

Au début, je faisais surtout des covers. J’ai commencé à composer très tardivement, mais les autres le font mieux que moi. Donc c’est un peu des deux, je tiens quand même à ce qu’un morceau ait ma signature.

Est-ce que tu as parfois l’impression, peut-être pas d’avoir brûlé des étapes, mais d’avoir tout appris à vitesse grand V ?

J’ai pris conscience de ça dès le départ, que tout allait aller très vite. Et c’est assez effrayant…

Ça va, tu tiens le rythme ?

Oui [rires] !

Vous n’êtes que deux à être signés sur le label 7CORP pour le moment. Quelle est ta relation avec Bramsito ?

Bramisto, c’est un ami. Qui est très très fou d’ailleurs ! On a une très bonne relation. Il était là à Miami aussi, on a un échange artistique, on s’entraide.

Et Booba, qu’est-ce qu’il représente pour toi aujourd’hui ? Quels sont les modèles de carrière qui t’inspirent ? 

Booba, c’est mon producteur, et c’est la personne qui me met en avant aujourd’hui. Et musicalement… Ben, c’est Booba quoi [rires] ! Sinon, j’aime beaucoup le parcours de Stromae et d’Angèle. Son ascension, comment elle a gravi les étapes… C’est devenu quelque chose de très très grand en peu de temps.

C’est un objectif pour toi de pouvoir être « pop », de parvenir à toucher le plus de monde possible ?

En fait, avant, je n’arrivais pas à mettre de mots sur ce qui était pop, ce qui était variet », ce qui était urbain, ce qui était trap etc… Désormais, j’ai pris le réflexe de demander autour de moi : « pour vous, c’est quel style ça ? » quand je fais un son. Mais Dany me dit que c’est du Dixon !  Quand « En vue » est sorti, j’ai reçu des vidéos d’enfants de cinq ans ou de pères de famille… Là, j’ai compris que c’était beaucoup plus intéressant de faire de la musique qui touche tout le monde.

Les retours ont l’air satisfaisants…

C’est cool, il y a même quelqu’un qui m’a dit qu’il s’était remis avec son ex grâce à ma musique…

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