Explication de texte : Joke – Amistad

Les paroles dans le hip-hop constituent la sève – de la force ou des carences –  du message d’un artiste ; la musique jouant, elle, le rôle de son embellissement et de sa digestion par les auditeurs. Afin de mieux saisir toutes les subtilités de cette écriture chaque numéro de YARD reviendra sur l’un des morceaux les plus marquants de ces derniers mois décrypté par son auteur lui-même.

Joke se voyait déjà comme « le jeune héritier du trône de France » alors qu’il n’avait pas encore sorti  son premier album. Voici maintenant chose faite avec Ateyaba et différents titres qui inondent les ondes et la toile : « Miley », « Majeur en l’air » ou encore « Venus ». Cependant c’est un autre morceau qui a attiré notre attention, le redoutable banger « Amistad » dont l’egotrip mélange intimité et de véritables engagements politiques et historiques.

Réécrire l’histoire sert à masquer les tâches de sang

« Cette punchline s’inscrit dans la continuité du message qu’on retrouve dans l’album, elle fait notamment écho à « Le prof d’histoire m’a menti » dans « Majeur en l’air ».
Ce que je veux dire c’est qu’il y a du sale qui a été fait notamment en Afrique mais ce sont les vainqueurs qui réécrivent systématiquement l’histoire. Tu vois quand j’étais en cours et qu’on abordait ce genre de sujet, j’étais souvent à poser des questions et à ne pas être d’accord avec le prof. Dans son esprit, il y avait toujours un point de vue positif à la colonisation. »

Tout mes mots sont à méditer, la vérité tu veux que j’partage l’oseille, nique ta mère, j’partage qu’les idées

« Tout le monde ne comprend pas la profondeur de mes lyrics et se base seulement sur la première écoute. Je fais beaucoup d’egotrip et souvent les gens ne voient que ça alors que dans mon rap il y a plusieurs niveaux de compréhension autant dans le style que sur le fond. Donc cette punchline veut dire : « Écoute bien ce que je te dis  »

J’suis trop fort parce que dans ma tête y’a un garçon qui parle

« Tu vois quand je travaille je suis un peu possédé, j’ai l’impression qu’on me dicte ce que j’écris. Quand je suis dans un processus de taf forcé, je vais réfléchir et au bout d’un moment je rentre dans une espèce de transe. Parfois cela se passe dès que j’entends l’instru, pour « On est sur les nerfs » c’était de la dictée. J’ai écrit l’intro et le premier couplet en 25 minutes, l’ingé son me regardait en se demandant ce qui était en     train de se passer.»

Mon père portait des cairons ma mère torchait des vieux / Elle m’a élevé seule le bon Dieu l’a vu de ses yeux

« Ce passage est une réponse à des rumeurs bizarres qui disaient que j’étais pistonné ou un « fils de ». Tu vois ma mère est toujours aide-soignante, mon père est maçon et je n’ai pas grandi avec. En faisant courir ce genre d’histoires, c’est comme s’ils m’empêchaient de profiter du fruit de mon travail car j’ai cravaché dur pour être là où je suis aujourd’hui. 

Puis pour la suite je voulais écrire « Elle m’a élevé seul le bon Dieu l’a vu de mes yeux » mais je me suis dit que les gens allaient prendre ça comme un propos blasphématoire. Alors que ce n’est pas le cas du tout, je suis très croyant.»

« Amistad » est a retrouvé exclusivement sur la version digitale d’Ateyaba quant à Joke, il sera dans une tournée française et sûrement près de chez vous.

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