Chronique d’album : Future – Purple Reign
Future est un pâtissier. Passé maître dans l’art de la cooking dance et de la trap music, il mélange les ingrédients – basses vrombissantes, flow saccadés et rebondissants, refrains entêtants, lyrics mélancoliques, égotrip – avec minutie, connaît les doses exactes, et nous rassasie à chaque dégustation. Chacun de ses projets est une gourmandise et Purple Reign n’y échappe guère. Confectionnée par l’artiste et son comparse DJ Esco, la mixtape est un plat de chouquettes.
Quinze titres soit quinze perles tendres et sucrées, saupoudrées de l’ingrédient magique : la touche prodigieuse de Metro Boomin. Tantôt croquantes et édulcorées à l’image des bangers « Salute » et « Inside the Matress » dont la saveur surprend dès la première bouchée, parfois élastiques et charnues tels « Wicked » ou « Bye Bye » dont la mastication plus soutenue en révèle le goût et la profondeur, voire moelleuses et onctueuses comme « Drippin How U Luv That », « Perkys Calling » ou encore « Purple Reign » dont la douceur délicate nourrit le palais d’un velouté suave… D’aucun diront que Future, après 56 nights & What A Time To Be Alive, ressert la même substance pâteuse et insipide une fois encore. Concédons-leur ceci : chaque piste est semblable à la précédente dans sa structure certes, mais unique dans son contenu. Unique pour satisfaire la soif de nouveauté du consommateur, et semblable aux autres pour le rassurer sur la nature de ce qu’il consomme – un track pour bouncer, dabber ou simplement agiter la tête. Et comme le rappelait Muriel Barbery : “La question, ce n’est pas de manger [mais] de savoir pourquoi. « Au nom du Trap God, du fils, et de la chouquette. Amen.