Gracy Hopkins : « La rage, c’est ce qui alimente tout le monde »

On dit de lui qu’il est le « plus américain des rappeurs français ». Gracy Hopkins a fait le choix de ne pas utiliser sa langue maternelle pour aborder le regard unique qu’il porte sur son monde. Mais ce n’est pas spécialement là ce qui fait sa singularité dans le rap hexagonal. Rencontre.

Appelez-le Stanky Massassambas, Bear-A-Thon, Kaisy Jay ou encore King Vladimir. Gracy Hopkins change d’identité comme bon lui semble, lance ses auditeurs sur des pistes où il n’est pas évident de le suivre. En représentation constante, il est acteur au sein d’un milieu où peu assument de jouer la comédie. Sauf que lui s’assure de mettre suffisamment de sa personne dans ses rôles – comme celui de Grizzly, qu’il campe dans son dernier EP For Everyone Around Rage – pour troubler la frontière entre la fiction et le réel. Sa musique comme son propos s’articulent autour de concepts et d’interprétations qui lui sont si personnelles qu’elles peuvent ne pas toujours être parfaitement intelligibles. Entretien avec un artiste incompris, au-delà même de son goût pour la langue de Shakespeare.

Photos : @alextrescool

Tu dis utiliser l’anglais dans tes morceaux car c’est en cette langue que te viennent tes pensées, tes inspirations. Sachant que tu n’as pas de racines anglophones, comment tu te l’expliques ?

Je n’ai effectivement pas de racines anglophones, mais j’ai commencé à apprendre l’anglais quand j’étais tout petit, vers l’âge de trois ans, et je suis tombé amoureux de cette langue à ce moment-là. J’ai toujours été ce gars qui regarde à la vitre pendant les trajets, super curieux, qui cherche à comprendre pourquoi telle ou telle chose. Ma mère a vite capté mon besoin d’évasion, donc elle m’a tout de suite encouragé à partir. Une fois elle m’a emmené en Angleterre et c’est là que je suis tombé amoureux de la langue anglaise. Depuis, je n’ai jamais arrêté d’apprendre.

Combien de temps es-tu resté là-bas ?

C’était vraiment un court voyage, juste une semaine parce ma mère avait vu que j’avais besoin de changer de background, de changer d’environnement. Mais dès le moment où je suis revenu, je lui ai dit que je ne parlerai plus français. [rires] J’ai ensuite récupéré de vieux cartons qui étaient à mon grand frère, et qu’il n’a d’ailleurs jamais ouvert, dans lesquelles il y avait des cassettes et des films en version originale. À partir de là, j’ai toujours tout regardé en anglais, en essayant de comprendre ce qui se disait. C’est aussi ça qui a alimenté mon apprentissage.

Sur l’aspect du travail de la langue, quels artistes t’ont influencé ?

Je pourrais te sortir des noms, mais d’un côté il y en a pas tellement, d’un autre côté il y en a trop. Quand j’étais petit, c’était plutôt les choses que je regardais qui m’inspiraient, comme – justement – ces cassettes dont je t’ai parlé. Après en grandissant, je me suis plus inspiré de ce que j’écoutais, et donc de la musique. il y a un côté ultra-mélodique dans la langue anglaise, qui ressort d’autant plus dans les chansons, et qui me donnait toujours envie d’apprendre les paroles, de comprendre ce qui se disait. À l’époque, j’écoutais surtout du Jamiroquai, du Aaliyah, du Michael Jackson… Quoique Michael Jackson, c’est venu un peu plus tard. Il m’a fallu du temps pour vraiment mesurer la portée de ce mec-là, pour comprendre à quel point il était fort. Mais tout ça pour dire qu’avant, j’écoutais tout sauf du rap.

Ce côté « mélodique », tu ne le retrouvais pas dans la langue française ?

Si, mais je crois que je suis né avec un syndrome de la différence. Dans une famille de quatre enfants, j’ai fait le contraire de tout ce que mes frères et soeurs ont pu faire. Le seul truc sur lequel je les ai suivi, c’était la musique. Mon frère était à fond dans l’afro-caribéen, ma première soeur préférait la soul et le R&B, ma deuxième soeur était plutôt dans le hip-hop. Donc je me suis imprégné des trois, mais le hip-hop est vraiment venu en dernier. Au départ, j’étais d’ailleurs plutôt dans le chant que dans le rap. Mais quand tout le monde chantait en français, je chantais en anglais. Quand tout le monde faisait de l’afro, je faisais du hip-hop. Toujours en décalage avec les autres, et c’est comme ça depuis petit.

Dans ton morceau « France », tu évoques les critiques que tu peux recevoir de par ton utilisation de l’anglais. En quoi te gênent-elles particulièrement ?

Elles ne me gênent pas du tout. C’est là où vient la confusion autour de ce son-là. Quand les gens entendent cette chanson, beaucoup pensent que c’est de l’énervement pur et simple, ou que je suis en train de me plaindre, alors que ça n’a rien à voir. Le truc, c’est qu’il y a toujours une barrière entre l’artiste et le public. Même si tu apprends ce qui se passe dans la vie d’un artiste ou que tu décortiques ses chansons, tu le vois toujours à travers une vitre. Certains oublient qu’un artiste est une aussi une personne à part entière. Et quand il va réagir à quelque chose qu’il lit sur les réseaux, les gens vont se dire : « Il passe ses journées à lire ce qui se dit sur lui. » Alors que non, c’est juste que moi aussi j’ai des potes, moi aussi on m’envoie des trucs, moi aussi je suis sur Twitter. Et vu que j’y ai répondu en musique, forcément j’y ai mis une certaine passion dedans. Beaucoup de gens ont confondu ça avec de l’énervement, de la rage. Mais pas du tout, ce n’est pas une gêne.

Peut-être que les gens interprètent ma démarche comme si je leur disais : « Non, je n’ai pas envie que tu me comprennes. »

On sent en tout cas que le sujet te tient à coeur. 

C’est juste qu’à force d’entendre toujours le même discours, il y a des choses que je me dois de clarifier. Je ne suis pas dans l’optique de me plaindre, en mode : « Mais pourquoi il dit ça ? » Ce morceau, c’était juste une manière de dire que, quoique les gens puissent dire ou faire, ça ne changera pas. Je suis qui je suis, et depuis que je suis tout petit, c’est en anglais que ça se passe. Donc ce n’est pas parce que deux ou trois personnes me disent quelque chose là-dessus que ça va changer. Au final, c’est à vous de choisir. Le public peut choisir de ne pas m’écouter. Mais s’il prend la peine de le faire, mieux vaut qu’il sache d’avance que ce sera toujours pareil, parce que c’est la personne que je suis.

Tu ne te dis pas qu’il y a une certaine forme d’hypocrisie quand le public adule des artistes américains mais n’accepte pas qu’un artiste français rappe en anglais ?

Hypocrisie… [Il réfléchit.] Oui et non. Parce que de ce que j’ai pu observer, certaines personnes n’aiment pas que je rappe en anglais parce qu’ils savent très bien que ce qui les attire dans le rap américain, c’est précisément le fait qu’ils ne comprennent pas. Vu qu’ils ne comprennent pas, ils se contentent d’apprécier tout ce qu’il y a autour : l’instru, le flow, l’élocution, la manière dont ça sonne, etc. C’est ce qu’ils kiffent. Quant à moi, je suis vu comme un français qui met de lui-même cette barrière avec les auditeurs français, et c’est peut-être ça qui passe un peu moins. Parce que forcément, on a envie de se comprendre entre nous. Peut-être que les gens interprètent ma démarche comme si je leur disais : « Non, je n’ai pas envie que tu me comprennes. » Donc je ne pense pas que ce soit de l’hypocrisie, je pense plutôt qu’il y a de l’incompréhension. Peut-être qu’on n’a juste pas assez parlé. Parce qu’à côté de ça, je suis toujours le premier à mettre en avant le fait que je sois français. Depuis que j’ai commencé, on me dit tout le temps de faire croire que je viens de Californie ou un truc comme ça, je n’ai jamais voulu. J’ai toujours dit que je venais de Torcy. Même pas Paris : je viens de Torcy, 77, seine-et-marnais. Le département des chevaliers et tout… [rires] Parce que c’est ce que je suis au final. Je n’ai jamais renié.

Ton dernier projet s’intitule For Everyone Around Rage. Quelle est cette rage et d’où te vient-elle ?

La rage dont je parle dans ce projet-là, c’est la rage que tout le monde a. Pas forcément la mienne, puisque j’y interprète un personnage, Grizzly, qui est la personnification de ma vision du monde. Ce que je kiffe avec le mot « rage », c’est qu’il a un double sens. Quand tu vas dire « J’ai la rage », ça veut dire que tu es enervé. Mais quand tu as « la rage de vaincre », ça veut dire que tu as un désir extrême de gagner, de réussir. C’est ce double-entendre là que j’aimais bien. C’est un peu comme la peur, que j’aborde beaucoup depuis que j’ai commencé à sortir de la musique. On confond beaucoup d’états avec la peur. C’est comme quand tu vas voir un film d’horreur : tu sais très bien que tu vas avoir peur, tu ressens quelque chose d’étrange, mais malgré tout, tu aimes bien ce sentiment. C’est la raison pour laquelle je parle de ça. Parce que la rage, c’est la raison pour laquelle toi et moi sommes là en train de nous parler. J’ai eu la rage de réussir, la rage de rendre ce projet concret alors que c’était un rêve de gosse. Évidemment, il y a encore énormément de travail à faire, mais c’est en route. Et cette rage, c’est le carburant qui m’alimente sur ce trajet, et qui alimente tout le monde, d’une certaine façon.

Tu as parlé de ton alter-ego Grizzly, le protagoniste principal de ce projet. En quoi est-il différent de Gracy Hopkins ? 

Il est pas si différent que ça, voire pas différent du tout. C’est juste que Grizzly c’est un gars super radical, qui va vraiment au bout des choses. Quelqu’un qui va dire tout haut ce que les autres pensent tout bas. Il ne se contient pas. Et c’est la même chose dans la colère, la joie ou la tristesse. Grizzly, c’est une maison avec des vitres tellement propres que tu vois tout ce qui s’y passe à l’intérieur. Voilà la différence qu’il y a avec Gracy Hopkins. Mais la manière dont le personnage de Grizzly est né, c’était plus une excuse pour raconter des histoires liées à des expériences que j’ai vécu, à des choses j’ai vu dans ma vie. C’était une manière de les rendre moins intimes, parce qu’à la base, je ne voulais pas être ce gars qui vend sa souffrance. Je ne trouvais pas ça respectueux, d’autant que ce ne sont pas des histoires qui ne concernent que moi, elles ont touché énormément de gens. Quand je parle de Grizzly, c’est différent, je ne parle pas forcément de moi. Je parle du monde. Tout le monde peut se reconnaitre en Grizzly.

Si tu veux te donner un personnage, c’est qu’il y a un truc enfouit en toi qui est cette personne-là.

As-tu le sentiment de te découvrir toi-même à travers ta musique et les multiples alter-ego que tu te crées ?

Carrément. Mais on parle beaucoup d’alter-ego parce que j’ai 10000 blases, mais en vrai ce sont juste des noms. Quand tu vas m’appeler Gracy Hopkins par rapport à mon art, quelqu’un va m’appeler Gracy parce qu’il me connait pour de vrai, tandis que ma mère va m’appeler par le surnom qu’elle me donne toujours parce que je suis son fils. Mais tout ça, ce ne sont que des « a.k.a ». Le seul alter-ego que j’ai, c’est Grizzly. Et à travers lui, il y a une grande thérapie qui se passe en moi. Donc forcément, tu vas retrouver énormément de Gracy Hopkins en Grizzly, parce que je suis quand même la personne qui est à l’origine, même si je m’inspire du monde. Mais la musique est un moyen de se découvrir en général, pas seulement par rapport aux alter-egos. Parce que quand tu écris, beaucoup de choses qui viennent si spontanément que tu sais pas pourquoi ils sont là. Dernièrement, je suis allé sur Genius, quelqu’un qui avait annoté une des phrases que j’ai dite dans mon premier EP, et son annotation m’a aidé à comprendre ce que je voulais dire par-là. Alors que moi-même, je ne le savais pas. [rires] Je découvre des choses en même temps que tout le monde, et c’est ce que je trouve intéressant dans l’art en général. Mais en réalité, je ne sais pas si ça existe réellement les « alter-egos », parce que ça vient toujours de toi. Si tu veux te donner un personnage, c’est qu’il y a un truc enfouit en toi qui est cette personne-là. C’est comme quand tu me vois sur scène et que tu me vois posé-là. Tu as l’impression que c’est quelqu’un d’autre mais non, c’est juste que je suis un peu plus complexe. Je pense que personne n’arrivera à me comprendre entièrement.

Slimka est le seul invité de F.E.A.R., mais il apparaît en tant que George de la Dew. Tu tenais à ce qu’il ne soit pas lui-même, qu’il vienne jouer un rôle ?

En fait, j’ai fait la prod de ce morceau à l’époque du COLORS Berlin, dans ma chambre d’hôtel en Allemagne, et depuis ce moment-là je voulais que Slimka soit dessus. Il faut savoir que les suisses et moi, on se ressemble énormément, on a la même folie. On se met beaucoup dans des personnages qui nous ressemblent énormément, mais qui sont quand mêmes des personnages. Cette histoire de featuring avec George de la Dew, c’est parti d’une blague. Il était en mode : « Si tu sors l’EP en tant que Grizzly, alors je serai George de la Dew. » À ce moment-là, il venait de sortir le son. Du coup, je l’ai crédité en George de la Dew. Mais il n’y avait rien de calculé.

Chacun des tes projets est d’ailleurs accompagné d’un court-métrage, écrit par tes soins. Quel est ton rapport avec le cinéma ?

Le rapport que j’ai avec le cinéma, c’est d’abord mon nom : Gracy Hopkins. Hopkins vient de mon vrai prénom, Gracy-Anthony, « Anthony » comme Anthony Hopkins, du nom l’acteur que tout le monde connait, mais aussi du nom d’un compositeur musical beaucoup moins célèbre. On m’a toujours dit, depuis tout petit, avant même que je regarde des films, que j’étais « trop dramatique », que je faisais « trop de cinéma ». Je pense que tout vient de là. Ça a créé quelque chose en moi, c’est sûrement de là que m’est venue l’envie de faire des courts-métrages, des trucs liés au cinéma. Mais si je suis un acteur, je suis un acteur de la musique. Parce que je ne pourrais pas vraiment t’expliquer comment le cinéma est arrivé dans ma vie, contrairement à la musique, dans laquelle j’ai baigné. Tout le monde fait de la musique chez moi. Mais le cinéma, c’est une autre histoire. Surtout que je n’ai pas non plus énormément de références cinématographiques.

Tu sembles très attaché à la notion de concept : tes projets sont systématiquement construit de manière à ce que les titres soit liés les uns aux autres. Est-ce une manière de pousser tes auditeurs à décortiquer ton travail ?

Peut-être. Personnellement, je crois vraiment en la force du subconscient. Donc peut-être qu’inconsciemment, il y a eu cette volonté-là. Mais encore une fois, que ce soit pour mon premier EP ou mon deuxième, tout a été ultra-spontané. Il y a eu de la recherche et de la réflexion, parce qu’il en faut, mais le thème s’est imposé à moi. Grizzly est la personnification de ma vision du monde, et il y a trop à dire sur ce monde-là. Tu peux pas résumer toute ta vie de manière hyper concise. C’est aussi pour ça que mes projets sont construits en jours. À chaque fois, c’est une semaine. Sept morceaux dans le premier, sept morceaux dans le second, sans compter les bonus tracks. Cette temporalité, c’est une manière de dire que je grandis. Tu le sentiras au fur et à mesure des projets. Ce ne sont pas des concepts qui sont là juste histoire de faire les choses différemment. C’est juste que je me suis dit que c’était la meilleure façon d’expliquer aux gens ce qui se passe dans ma tête. Il y a toute une montagne de choses dans ma tête. Alors mon plus grand combat, c’est vraiment la structure. « Comment je vais raconter ça ? » Heureusement qu’il y a tous ces gens autour de moi qui sont là pour entendre mes bêtises, à commencer par Lossapardo. Heureusement qu’il y a Jay, Ines, Le Sofa, etc. Ils m’aident à recadrer ma pensée. C’est mon premier public.

Si je n’avais pas la foi, il y a énormément de choses qui ne se seraient pas passées aujourd’hui.

Tu es rappeur mais aussi producteur, de manière plus discrète, caché derrière les pseudonymes de Kaisy Jay ou Bear-A-Thon. Pourquoi dissocier les deux et pourquoi garder ce « mystère » autour de cette autre facette de ta personne ?

À la base, je prenais juste le pseudo de Kaisy Jay quand je faisais mes instrus, et ça devait rester comme ça. Sauf qu’au moment où j’ai placé ma première prod, en l’occurrence « Size » de Di-Meh, je me suis délibérément appelé Bear-A-Thon parce que je voulais un certain recul. Continuer d’avoir un espace pour bien travailler, un espace pour vivre, aussi. La première fois que j’ai vu Di-Meh jouer « Size » en concert, à Genève, j’ai pleuré. Mes larmes coulaient parce que j’ai vu un truc incroyable se passer devant moi. C’était le son de la fin, celui que tout le monde attendait, celui qui clôturait le show. Il y a une explosion dans la salle, tout le monde était en train de féliciter Di-Meh, à base de « Putain il est trop chaud ton son. » Mais personne ne savait que j’étais à la prod. Avec ce recul là, j’ai pu réellement observer pendant un court instant comment mon travail prenait. Au bout d’un moment, Di-Meh m’a cramé auprès des gens, parce qu’il disait « produit par Gracy Hopkins », il me mentionnait sur les réseaux, etc. Je savais que ça n’allait pas durer dans tous les cas, mais pendant un petit moment, j’ai pu vivre ça plus comme un amoureux de la musique et moins comme un scientifique. C’est quelque chose d’incroyable que de pouvoir n’être qu’un simple spectateur. D’où l’intérêt d’avoir plein d’identité différentes : je peux être partout, mais sans qu’on me voit. The Invisible Man. D’autant que même si je dis clairement que Bear-A-Thon c’est moi, beaucoup de gens ne vont même pas relever. Et ça me va très bien.

On imagine en plus que tu ne compte pas arrêter d’en avoir ?

Des nouveaux a.k.a ? Il y en a énormément. Je peux limite te les lister, il y a : Gracy Hopkins, Kaisy Jay, Bear-A-Thon, Yokima, Stanky Massassambas, King Vladimir, Stanislas Blue et plein d’autres encore. Mais j’insiste sur le fait que ce sont juste des noms. Je m’éclate à être partout en étant nulle part en même temps. Après je reste Gracy Hopkins avant tout. C’est lui la pièce centrale. Quoique… La pièce centrale, ce serait même plutôt Gracy-Anthony.

Une autre composante importante de ta musique, c’est ton rapport aux phobies. En quoi te fascinent-elles autant ?

Je ne suis pas fasciné par ça, c’est juste que j’en parle beaucoup parce que c’est un truc qui nous guide tous. Mon éducation a toujours été basée sur le contraire de la peur, qui selon moi est la foi. Si je n’avais pas la foi, il y a énormément de choses qui ne se seraient pas passées aujourd’hui. Toi et moi, nous ne serions probablement pas en train de parler maintenant. Il n’y aurait pas eu de F.E.A.R ou d’Atychiphobia, de tournée, d’équipe autour de moi. Je dis souvent que j’ai la phobophobie : j’ai peur d’avoir peur. Pour le reste, je me dis que si un truc doit m’arriver, ça m’arrivera. Je ne peux pas me permettre d’avoir peur, il faut que j’aie la foi. C’est comme le saut à l’élastique : ça t’effraie mais tu as envie de le faire parce que tu veux vaincre cette peur, même si tu auras toujours la boule au ventre. C’est ce qui fait que je peux paraître aussi fasciné par la peur, parce que c’est ce qui drive pas mal de gens, voire tout le monde aujourd’hui. Pareil pour la peur d’échouer. Grâce à ça, tu te dis : « Je suis obligé de réussir. »

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