Guillaume Salmon
À quel moment et pourquoi as-tu commencé à supporter le PSG ?
En 1986 quand le PSG est devenu champion pour la première fois, mais sur la fin de la saison. Quand j’ai vu les scènes de joie chez mon beau-père et son fils à l’époque, ça m’a interpellé et j’ai commencé à aimer le club. C’est mon premier souvenir du PSG.
Comment définirais-tu ta relation avec le PSG ?
Elle est sanguine, elle est dans les veines. Elle existe au quotidien, elle fait partie de moi.
Quelle place occupe le PSG dans ton quotidien ?
Il ne faut pas exagérer, ça occupe un petit peu de place mais ce n’est pas non plus primordial. Tout dépend de la journée, des urgences, des priorités et du travail. Mais il y a toujours des clins d’œil grâce aux applications smartphones pour être au courant des news, des infos. Je ne suis jamais déconnecté.
Quelle est ta réaction lors d’une victoire et lors d’une défaite ?
Dans les victoires il y a différents niveaux d’intensité, la victoire contre Chelsea n’est pas la même que celle contre Metz au mois de janvier quand il fait -2°C et que tu as vite envie de rentrer chez toi. Selon l’équipe, tu décuples un peu plus de joie et tu développes une grande banane. Pour une défaite, tu baisses la tête et tu rentres vite te coucher, tout simplement.
Qu’est-ce qui symbolise le plus ton attachement au club ?
Ce sont mes tatouages, la tour Eiffel derrière le bras gauche c’est le symbole de la ville de Paris et la phrase sur l’avant-bras droit. Et pour paraphraser un grand poète urbain, » je suis tatoué, je vais mourir avec. »
Comment tes proches vivent ta passion pour le club ?
Personne dans ma famille n’aime le foot et encore moins le club. Mais tout le monde m’accepte et parfois ils jouent même le jeu. Dans ma vie de couple, je ne suis pas toutes les émissions, on a juste un deal pour le Canal Football Club. Sinon je regarde ailleurs, les matchs je vais les voir au bar, au Parc ou chez des potes. Je ne mets pas une pression néfaste donc tout se passe bien.
Quelle est la plus belle ambiance que tu as vécue au stade ?
La victoire de la Coupe de France au stade de France, malheureusement ce n’était pas au Parc, quand on les bat 2-1 [score sur lequel Paris bat Marseille en 2006, ndlr]. C’était magnifique. Ce qui était très beau, c’était à la fin quand les supporters marseillais dépités tournent le dos pour repartir puis ils se retournent une dernière fois et les Parisiens avaient mis un tifo avec écrit : « Droit au bus » [parodie de la devise des Marseillais].
Quel est le chant qui te fait le plus frissonner ?
Le chant numéro un, c’est « Ô ville lumière ». Il est beau, il est fédérateur et quand il est repris en cœur dans les tribunes, il devient magnifique. Tout supporter doit le connaître, c’est dommage d’ailleurs que le club ne s’appuie pas plus dessus pour unir les nouveaux spectateurs. Ce n’est pas un chant guerrier, c’est l’ôde d’une ville et d’une équipe. Il faut vraiment le mettre en exergue.
Que représente Marseille pour toi ?
Pas grand chose, c’est une ville dans le sud.
Comment définirais-tu l’opposition PSG – OM ?
J’exagère évidemment, si ça ne représentait rien, il n’y aurait pas d’opposition. La rivalité s’est amoindrie par rapport aux années 90. J’ai grandi dans ces années et c’était violent sur le terrain et en tribune. Maintenant et tant mieux d’ailleurs, c’est nettement plus sécurisé. Quoiqu’on en dise, même si Paris a une belle équipe et des beaux joueurs qui devraient maîtriser ce match, ça reste un choc, ça reste une opposition. Je dois avouer que les deux dernières années passées, je frémissais moins à l’idée de rencontrer Marseille que St-Etienne par exemple, je me disais : « On les tape easy ! » Mais quand l’échéance approche, tu as bien envie de faire bonne figure.
Quelle a été ta plus grande joie pour un OM – PSG ?
Quand Ronaldinho a fait un carnage au Vélodrome. Quand on les tape huit fois d’affilée, ce qui est exceptionnel car l’équipe de Paris n’était vraiment pas bonne. Les saisons étaient difficiles mais on enchaînait les victoires contre Marseille. Puis, la finale de Coupe de France reste une victoire majeure ; car encore une fois en championnat ce n’était pas terrible, encore une fois ils étaient favoris, et encore une fois on les tapait.
La plus belle victoire selon toi ?
Tu en as plusieurs, notamment quand on a enchaîné les huit victoires. Puis, il y a ce moment au Parc quand Pauleta fait son petit lob sur Barthez dans l’angle, ça reste de très belles victoires [en avril 2004]. Mais la plus belle c’est toujours la prochaine.
La plus grande peine selon toi ?
Chaque défaite ! C’est une sensation terrible car tu sais que si le dimanche tu perds contre eux, le lendemain tu vas croiser des supporters de Marseille et c’est assez pénible.
Le but le plus fort lors d’un PSG – OM ?
Le deuxième de Dhorasoo en Coupe de France, le seul but de sa carrière [rires] qui permet de gagner. C’est une explosion de joie pour toute une équipe, toute une ville.
Le geste technique qui t’a le plus marqué lors d’un PSG – OM ?
Ça doit être un gros tacle de Colleter sur un genou [rires], j’aimais bien ces matchs-là. Il n’y avait pas beaucoup de technique mais c’était physique.
Quel est le PSG – OM le plus insolite que tu aies vécu de ton point de vue ?
En terme d’expérience, il n’y a rien d’exceptionnel par rapport à ça… En général c’est soit au Parc soit chez des amis, ou dans un bar. Mais lors du 5 avril, je serai au Vélodrome pour la première fois sans être dans le parcage visiteur donc je ne serai pas protégé. On verra ce que ça va donner. Ça sera intéressant au niveau de la gestion de ses émotions. Je vous ferai signe le 6 [rires].
Quel est le duel de joueur qui t’a le plus marqué ?
Ronaldinho contre onze joueurs, c’était magnifique. Mais tu avais surtout les duels des années 90 quand Ginola se tapait Boli ou quand Mozer se tapait Valdo. Ces chocs-là étaient fabuleux.
Est-ce qu’il y a un duel de dirigeant qui t’a marqué plus qu’un autre ?
Malheureusement et force est de constater que Tapie avait la mainmise sur le foot et les médias français en 90-91. Il écrasait tout le monde. À l’époque, Denisot est plus en retrait donc on ne peut pas parler de duel. C’était clairement plus le cas avec Bez à Bordeaux car Paris essayait de garder une stature, une élégance.
Comment vois-tu l’évolution du Classico aujourd’hui ?
Il y a énormément de changements et ça ne va pas aller en s’améliorant avec l’aseptisation des tribunes et du Parc. Les caméras partout en tribune, dans les couloirs des vestiaires, on ne retrouve plus cette liberté.
Ton pronostic pour le 5 avril ?
2-1. But de Zlatan et Lucas et pour Marseille on verra…
Quelle serait la vie du supporter parisien sans Marseille ?
C’est assez simple, on aurait trouvé une autre opposition. Tu en as besoin. Le Classico a été créé de toute pièce par Canal et si ça n’avait pas été Marseille, ça aurait été une autre équipe. Après c’est plus intéressant, tu as le Nord contre le Sud, les riches contre les pauvres… Puis parfois je peux me dire, je veux qu’ils disparaissent de la carte et d’autres fois je trouve que c’est rigolo. Ça fait partie du folklore. C’est notre équipe folklorique [rires].