Jay Prince : « La scène musicale de Londres ne mourra jamais. On ne fait que commencer. »

Longtemps il a dû trouver le parfait équilibre entre sa vie d’étudiant et de rappeur en pleine ascension. Si dans ces eaux troubles il a su forger son propre style dans un registre très mellow, il est maintenant dégagé de tout dilemme. Fraichement diplômé, il est temps pour lui de s’attaquer aux choses sérieuses. Le rappeur qui dévoilait il y a quelque temps son dernier projet « Beautiful Mercy », peut s’appuyer sur le soutien de Soulection et d’une fanbase qui ne cesse de grandir. Avant son retour en France le 18 février pour un concert à La Boule Noire, Jay Prince répond à nos questions.

 

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Comment est-ce que tu as l’habitude de te présenter ?

Je me présente habituellement en tant que Jay ou Jason, tout dépend de la personne.

 

Comment as-tu découvert la musique ? Quel en est ton souvenir le plus lointain ?

Principalement à travers l’église, et aussi avec mon plus grand frère qui jouaient toujours de la musique dans sa voiture. Petit je me souviens que l’un de mes premiers souvenir hip hop, c’est une écoute de l’album « The Blueprint » de Jay Z et aussi « Jesus Walk » de Kanye West. C’était autour des débuts 2000, j’avais genre 10/11 ans. J’étais aussi un grand fan de Nelly à l’époque, « Country Grammar » c’était mon truc ,cet album était génial et « Ride With Me » est toujours l’une de mes chansons préférées. Un autre groupe que j’adorais à cette époque, c’est YoungBloodZ quand ils ont sorti le titre « Damn » avec Lil Jon sur « Drankin Patnaz ».
Mon grand frère avait tout une sélections de morceaux dans sa voiture et je choisissais parfois les chansons que je voulais dans sa collection de CD

 

Tu produits et tu rappes aussi. Par quoi est-ce que tu as commencé ? 

J’ai longtemps joué de la basse et du synthé pour mon église quand j’étais enfant, jusqu’à mon adolescence, c’est donc là que j’ai d’abord eu l’idée de faire ma propre musique. J’avais 14 ans et après un moment, quand j’ai commencé à écrire ma musique et mes lyrics, c’était très dur d’obtenir des beats de la part des producteurs. Je ne crois pas que YouTube était un vrai truc à l’époque, alors trouver des beats originaux, c’était compliqué. Comme ce que je voulais faire, c’était ma propre musique avec mon propre son au lieu de faire des covers d’autres chansons – ce que j’ai fais, éventuellement –  j’ai finalement commencé à produire ma propre musique. Et puis au secondaire, j’ai entendu des gars parler de FL Studio. J’ai écouté leur conversation et je l’ai téléchargé dès que je suis arrivé chez moi. Mes potes du cours de science m’ont aidé à le cracker parce que j’avais une version d’essaie à l’époque et pas assez d’argent, ni même une carte de crédit pour l’acheter.

 


J’ai cette théorie dans la vie depuis tout petit : peu importe ce que je veux, il faut que je me défonce et que je fasse les bons choix pour l’obtenir.


 

À quoi ressemblaient tes premiers essais ?

A l’époque, je pensais que j’étais le plus chaud en production, mais quand je ré-écoute certain de mes premiers beats, ils ne sont vraiment pas les meilleurs. Mais c’était définitivement le processus nécessaire pour que je puisse grandir et développer un son qui m’appartient avec le temps.

 

Comment c’est finalement passé ton apprentissage de la musique ?

J’ai toujours fait de la musique à l’église, du synthé à la guitare, du chant dans le choeur d’enfant et d’autres trucs. J’ai toujours aimé l’idée de tout faire moi-même pour ne pas avoir à répondre de compte ou devoir compter sur qui que ce soit pour me donner ce que je veux. J’ai cette théorie dans la vie depuis tout petit : peu importe ce que je veux, il faut que je me défonce et que je fasse les bons choix pour l’obtenir. Il faut que j’apprenne et que j’étudie les musiciens que j’admire et si je peux tout faire alors je me suffirais à moi-même.

 

 

Tu as réussi à lancer ta carrière dans la musique et dans le même temps, obtenir ton diplôme à l’université. Comment tu t’y es pris ?

Fixer mes priorités a toujours eu une place importante dans mon équilibre. Pendant mes premières années de fac, j’allais aux soirées et je faisait tout ce qu’un freshman fait. Mais à ma deuxième année, j’ai laissé tomber tout ça et j’ai réalisé que j’étais à l’université et que je pouvait me créer un réseau. Qu’au lieu de faire la fête je pouvais faire parler de moi. Au lieu de traîner dans la salle commune, j’ai choisi de créer un réseau avec mes pairs, avec qui j’ai étudié la musique et appris comment devenir meilleur, avec de nouvelles techniques d’enregistrement, de production etc.
J’ai du équilibrer et rendre les deux mondes compatibles. J’ai étudié la Production Musical en mineur de mon diplôme en Média, pour faire en sorte d’alléger l’impression que je travaillais en incorporant ce que je fais en dehors de l’école.

 

Pendant l’année 2015, tu as fait quelques passages à Paris. Quelle relation entretient-tu avec la ville ?

Je suis un fou de voyage. J’aime ça, voir le monde autant que je peux, quand je le peux, spécialement à cet âge, pour être plus perspicace et gagner en inspiration. J’aime Paris. Je viens depuis que je suis gosse, depuis 2005. Mon oncle était DJ à Paris aussi et j’étais fan de son album Street Dreams. J’ai de la famille à Paris et des proches qui vivent là, donc c’est toujours comme une seconde maison quand je viens et que je joue ici.

 

Tu reviens d’ailleurs bientôt. A quoi tu t’attends ?

Honnêtement, je suis super excité par ce concert à Paris, parce que c’est toujours beaucoup d’amour, tout le monde passe un bon moment ici et les Parisiens savent comment faire la fête. Et comme je peux parler français, je trouve facilement ma place à Paris. Il y a toujours de bonnes vibes.

 


Soulection est une famille pour la vie. Ça n’a jamais été quelque chose d’intimidant, seulement du love.


 

C’est aussi l’occasion pour toi de présenter ton dernier projet « Beautiful Mercy ». Qu’est-ce que tu peux nous en dire ? Quel a été ton processus créatif ?

Le processus créatif pour « Beautiful Mercy » était différent de ceux que j’ai fait auparavant. Pour la première fois, j’ai dû travailler pendant que j’étais à l’école et terminer le projet alors que j’avais complètement terminé les études. J’avais donc deux différents regards sur la vie puisque j’entrais dans ce qu’on appelle le monde « réel », puisque je n’étais plus à l’école et que j’étais dehors ouvert à tout. Ce projet est le fruit de mon côté vulnérable, celui où j’ai dû m’ouvrir et être honnête avec les gens. Pas seulement ceux qui me soutiennent, mais aussi mes pairs, ceux de mon équipe, mes amis et ma famille. Je suis passé par une période de transition, où après la fac j’ai quitté la maison de ma mère, je suis parti en tournée pour la première fois, j’ai vu beaucoup de choses qui m’ont affectées d’une bonne comme d’une mauvaise manière dans mon processus créatif pour cet EP et j’ai dû me laisser aller pour reprendre pied et revenir prêt et préparer pour mon prochain projet sur lequel je travaille actuellement.

 

 

Tu es lié à Soulection. Comment c’est passé votre rencontre et qu’est-ce qu’elle t’as apportée ?

Soulection est une famille pour la vie. On s’est rencontré via mes amis IAMNOBODI et Hannah Faith, que j’ai connu bien avant le reste du crew. À partir de là, j’ai rencontré Joe Kay, Jacqueline, Julio et le reste de l’équipe et du roster tout au long du voyage.
Soulection a été d’une grande aide et a poussé ma carrière. Ils ont soutenus mon EP « BeFor Our Time » qui ont continué à jouer des sons de cet EP pendant leur tournée en Amérique du Nord. En m’exposant sur leur plateforme, ils ont donné un boost à ma fan base c’est certain et honnêtement, c’est la famille, ça n’a jamais été quelque chose d’intimidant, seulement du love.

 

Etant originaire de Londres, comment tu décrirais la scène hip hop dans cette ville ?

La scène dans son ensemble joue un grand rôle dans la culture, elle ouvre des portes et apporte plus aux artistes de Londres, que ce soit le grime, le rap ou le hip hop, on est tous pertinent et ce n’est pas encore fini. Londres est une petite ville comparé à d’autres grandes villes populaires, mais la scène musicale et la culture créative de Londres ne mourront jamais, elles continueront de grandir. Et on ne fait que commencer.

 

Quels sont tes projets ?

Tout simplement continuer de grandir en tant qu’individu, travailler sur de la nouvelle musique, partir en tournée en Europe et en Amérique du Nord. J’ai une marque lifestyle et un collectif qui devrait être lancé officiellement qui s’appelle DRMCLB (Dreamclub). Et avec tout ça, je compte faire plus de ma musique, des courts-métrages et il y aura plus de créatifs comme moi qui vont aider à pousser la musique et la créativité à un autre niveau.

 

Jay-Prince

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