Jonathan Candan

À quel moment et pourquoi as-tu commencé à supporter le PSG ?

J’étais ado, prépubère et je grandissais en banlieue. Mon père m’emmenait beaucoup au Parc, c’est devenu un héritage : d’abord le football, et par la force des choses le PSG. Je suis très attaché à ma ville, à ma banlieue et je pense qu’il n’y avait aucune autre façon pour moi d’aimer le sport que de passer par le PSG.

Quel est ton premier souvenir de supporter ?

Cela doit être l’un de mes premiers matches au Parc des Princes. Je suis né en 1980, donc ça devait être en 1986-87. Au début, j’y allais plus comme un spectateur fasciné par le Parc que par le PSG. Le premier gros match, je pense que c’était celui de 1993 contre le Real. C’est à ce moment-là que mon amour pour ce club est né. La capacité de retourner un match et d’arriver à transformer un scenario qui était perdu en une victoire magnifique avec ce but de Kombouaré, c’était incroyable. Je pense que je me suis roulé par terre et que j’ai embrassé ma télé ce soir-là.

Comment définirais-tu ta relation avec le PSG ?

Elle est particulière. Le PSG est devenu un ami proche avec qui je discute quasiment tous les jours. C’est de l’amour pour le club, de l’amour pour la ville, de l’amour pour le stade. J’ai la chance d’avoir tous mes amis qui sont supporters de ce club. J’adore ce sport, j’adore cette équipe, j’adore ce côté théâtral et tous ces acteurs.

Quelle est ta réaction après une victoire ou une défaite ?

Après une défaite du PSG je réagis très intérieurement, j’ai besoin de me mettre dans ma coquille, de refaire le match. J’adore le mettre dans une timeline, savoir si la défaite à un réel impact, savoir si j’ai vraiment raison d’être triste ou si je peux garder espoir. Il y a des défaites comme celle contre Bastia, le 4-2 dégueulasse de début janvier, qui sont vite oubliées. C’est la même chose pour la défaite d’il y a deux-trois semaines, contre Bordeaux, il y avait eu Chelsea juste avant. J’arrive à rationaliser un maximum. Par contre il y a des défaites qui me blessent, et je le vis seul. J’essaie de ne pas trop en reparler après. Concernant les joies liées aux victoires, c’est indescriptible. En fonction du club en face, je vais charrier. Les lundis de victoires en Ligue 1, après un gros match je suis hyper fier, et je pense que ça se voit sur ma gueule. En réunion, c’est quelque chose qu’on souligne souvent. Je suis indestructible un lendemain de victoire.

 

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Quelle est la plus belle ambiance de stade que tu aies vécue ?

Le soir contre Galatasaray, dans les années 2000 [deuxième tour de la Ligue des Champions, ndlr],  j’ai vu une explosion. Ce n’était pas vraiment une explosion de joie, mais il y avait quelque chose de particulier, c’était sulfureux. Il me semble que j’étais en tribune Auteuil et à côté de nous il y avait des supporters Turcs avec des maillots de l’OM pour nous narguer. En terme d’ambiance, il y a eu aussi le dernier match de Pauleta, où il y a eu une communion dans le stade. C’était un joueur tellement beau et élégant,  j’ai beaucoup aimé le remerciement que le stade à pu lui faire ce soir-là. C’était magique.

Quel est le chant qui te fait le plus frissonner ?

Sans aucun doute « Ô Ville Lumière » pour moi c’est intouchable. Il réussit à mélanger le PSG et Paris. Personnellement, je ne peux pas les dissocier. À chaque pas que je fais dans cette ville, chaque moment où je regarde un monument, où je me balade, je ressens un amour pour la ville très important.

Comment as-tu eu l’idée de créer les 300 et pourquoi la référence au film « 300 »?

Le groupe des 300 est assez singulier. Après la naissance de mon fils, j’étais moins présent dans les sorties avec les potes. J’avais besoin de rester en contact sur un sujet qui me passionne sans forcément sortir de chez moi. Facebook a créé une fonctionnalité groupe avec des outils très novateurs par rapport à un forum : envoyer des liens, liker, commenter… C’était beaucoup plus adapté à notre mode de discussion. Nous ne sommes pas comme sur un forum, à visage caché. Là ce sont de vrais individus, de vrais personnalités, c’est là-dessus que ça a été créé.
Dans les années 2000, on en a vraiment chié sportivement et je ne sais pas si on aurait pu réussir à avoir un groupe aussi stable aujourd’hui si il avait été basé sur les résultats de l’époque.

La particularité du groupe c’est notre façon d’exprimer notre passion. J’ai un grand respect pour le boulot qui a été fait pendant des années par les Ultras, j’en ai bénéficié, comme tout le monde. L’ambiance au Parc n’est pas née de nulle part, il y a des gens qui ont travaillé dur pour ça, qui se sont levés tôt le weekend, qui ont fait des déplacements. Je pense juste qu’on a une autre manière d’exprimer notre passion, elle est tout aussi respectable, elle n’est pas au dessus ni en dessous. On y passe autant de temps, mais différemment.  Notre passion s’exprime plus virtuellement, mais elle est dans l’air du temps. On est dans une époque football business, et maintenant c’est beaucoup plus simple pour nous de s’exprimer librement sur le digital, surtout dans un stade où tout est un peu trop aseptisé aujourd’hui.

Quant à la référence au 300, elle est assez simple. Quand j’ai créé le groupe on était une dizaine, mes potes, mon frère. Petit à petit, les potes de potes sont arrivés, puis tous ceux qui assumaient à l’époque leur passion pour le club sur mon fil d’actu Facebook. C’est vraiment quelque chose qui était assez rare, ce n’est pas de la honte, mais ce n’était pas un truc aussi élégant qu’aujourd’hui d’aimer le foot et le PSG. On s’est très vite retrouvés à 100, 200, ça devenait compliqué à gérer, mais on a réussi à s’en sortir. Quand on est arrivé à 300 mecs sur Facebook qui commentaient en même temps, ça devenait un brouhaha pas possible. On a dû instaurer des règles, c’était juste pour organiser l’intérieur. On s’est arrêté à 300 parce qu’on se disait que plus de membres, ce serait impossible. Et puis le film est sorti à ce moment-là, et on se considérait comme des Spartiates, dans le sens où on ne s’arrêtera pas, on est indestructibles. La référence était un clin d’œil. Et d’un clin d’œil on est passé à une identité visuelle.

 

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Que représente l’OM pour toi ?

L’OM, c’est avant tout une passion. Je respecte toute forme de passion, même si on n’a pas le même attachement. Je suis très respectueux des Marseillais par rapport à leur ferveur, mais sur un terrain et dans un stade je les déteste. Ça représente une rivalité très saine, très belle. C’est notre « sparring partner » préféré.

Quelle est ta plus grande joie lors d’un PSG vs OM ?

C’est une joie très intérieure, un peu mathématique. C’est le dernier match en date pour une raison toute bête. En terme de confrontations et de nombre de buts marqués on les a dépassés. Nous sommes un petit club né en 1970 alors qu’eux existaient déjà à l’époque de Pagnol et du pastis. A la vue de notre jeunesse, j’ai aimé me dire qu’on leur passait devant. Symboliquement, c’est cette victoire qui m’a procurée le plus de joie parce que je suis un fou de stats, et c’est la plus belle stat qu’on puisse m’offrir sur un plateau.

Quelle est pour toi la plus belle victoire d’un PSG vs OM ?

Je dirais quand même la finale de la Coupe de France de 2006. C’est aussi parce que je me suis retrouvé à faire la fête sur les Champs et que c’était assez rare de le fêter comme ça. J’adore me retrouver à fêter des victoires.

Quelle a été ta plus grande peine lors d’un PSG vs OM ?

Leur victoire un petit peu après leur sacre en Ligue des Champions. En plus de la gagner et d’être crevés, ils nous ont malmenés. Ça m’a vraiment saoulé, ça m’a même dégouté. Plus récemment il n’y en a pas eu, déjà parce qu’ils perdent tout le temps, et ensuite parce que leurs victoires généralement je les trouve assez anecdotiques.

Quel est le but le plus fort en émotion que tu aies vécu lors d’un PSG vs OM?

Le but le plus fort en émotion sans hésitation c’est celui de Pauleta. J’avais l’impression de voir Michael Jordan mettre un panier, de voir sa trajectoire de balle. Je l’ai vu au ralenti et dès que je le revois c’est pareil. Je ne sais pas comment il a fait pour se placer, pour voir Barthez avancer, c’était du génie. Je crois que sur le moment j’ai fais des tours de table dans mon salon pendant un quart d’heure. J’étais comme un fou. Dès que j’y repense, j’ai des frissons.

Quel est le geste technique qui t’a le plus transporté lors d’un PSG vs OM ?

C’est simplement tous les grigris de Ronaldhino. C’est un mec qui a compris très vite que pour nous ce match-là était important. On n’avait pas l’Europe à l’époque donc on ne pouvait se rattacher qu’au Championnat. Roni’ nous a fait kiffer et il a récupéré le passif de la série de défaites subie contre eux dans les années 90. D’un seul coup le mec est arrivé et leur a dit : « Allez vous faire foutre, ici c’est Paris ».

Quel est le duel de joueurs qui t’a le plus marqué ?

Je n’ai pas l’impression qu’on ait pu vraiment vivre des OM-PSG avec une tête forte de chaque côté, comme on peut vivre un Barca – Real avec Messi et Ronaldo. Le truc qui m’a le plus marqué c’est le front contre front de Ducrocq et Ravanelli. Pierre Ducrocq est un mec qu’on aime tous par rapport à son amour du maillot, son attachement au club et à la ville. Dans ce face à face, il n’a pas lâché alors que Ravanelli était un peu plus grande gueule et plus vieux. Il m’a fait kiffer, il n’a pas baissé le regard.

Quel est le duel de dirigeants qui t’a le plus marqué ?

C’est un peu plus compliqué parce qu’il n’y a jamais vraiment eu de duel de dirigeants, on n’a jamais eu de grandes gueules. Je pense que si Borelli avait été là dans les années 90 quand la confrontation a vraiment explosé médiatiquement, il aurait eu plus de couilles qu’un Denisot qui était un peu plus en retrait. Tapie et Diouf par contre sont de vraies grandes gueules. Ça nous manque, j’aime bien quand ça part dans la presse, ça fait partie de ce sport. Peut-être que ça va disparaître dans quelques années et on aura eu la chance de le vivre, mais pour moi c’est important qu’on prépare un match comme ça.

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Comment vois-tu l’évolution du Classico aujourd’hui ?

Je ne vois pas une bonne évolution du Classico. Dans les années 90, il y avait des joueurs franco-français. Aujourd’hui, on a la chance d’avoir une tribu étrangère, italienne, argentine, brésilienne. Par contre je ne pense pas qu’ils aient autant conscience que dans les années 90 de la rivalité entre les deux clubs. Pour eux je pense que l’important ce sont les trois points. Si Marseille n’a pas un investisseur costaud, ce n’est pas vraiment un duel. On a la Ligue des Champions, on est encore dans les deux coupes nationales, eux comme Lyon n’y sont plus. J’aimerais bien qu’il y ait un petit retour du club sur le devant de la scène européenne, là ce serait un vrai Classico. Il y a un vrai déséquilibre aujourd’hui.

Un pronostic ?

Je mise sur un 3-0 là-bas et des buts de Cavani et Ibra et je mets une petite bille sur Silva de la tête.

Quelle est la vie d’un supporter parisien sans Marseille ?

Je pense que le PSG d’aujourd’hui s’en fout. C’est juste une équipe à battre pour atteindre les titres. Pour les supporters, je pense que ce serait un peu différent. D’abord j’adore charrier, donc si je n’ai plus cette petite tête de Turc, c’est un peu moins drôle. Les supporters du PSG ne peuvent pas exister sans ceux de l’OM, par contre le PSG peut vivre sans l’OM.

 

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