Kevin Duong
À quel moment et pourquoi as-tu commencé à supporter le PSG ?
Franchement, je crois que je ne me souviens même plus du moment où ça a commencé. Je fais du foot depuis que j’ai 6 ans, je suis né en région parisienne donc c’était juste une évidence. Il n’y a pas un moment où je me suis posé la question : « Est-ce que je vais être supporter de Marseille? » Je suis né en banlieue qui plus est, tout le monde supportait le PSG. Je pense que ça a dû démarrer vers 6-7 ans.
Est-ce que tu as un premier souvenir de cette période-là, en tant que supporter du PSG ?
Quand j’étais petit, j’étais pas vraiment dans le côté supporter, parce que je jouais au foot, je n’avais pas Canal Plus, donc regarder les matchs de Ligue 1, n’était pas forcément évident. Ça a vraiment commencé avec les épopées européennes contre le Real dans les années 90 avec George Weah. Mes premiers souvenirs du PSG viennent plutôt de cette époque-là. Je suis né en 1985, donc je suis plutôt de cette génération.
Comment définirais-tu ta relation avec le PSG ?
J’ai une relation hyper forte avec le PSG, évidemment je suis supporter, je suis abonné au Parc des Princes depuis 5 ans, j’habite à Paris. Aujourd’hui, mon lien avec le PSG est quotidien. Je fais partie d’un groupe de supporters qui s’appelle les 300 où on discute, on échange beaucoup autour du PSG. Donc oui, c’est ancré dans mon quotidien aujourd’hui.
Dans quel état d’esprit te trouves-tu après une victoire ou une défaite du PSG ?
Cela se voit tout de suite sur ma tête si le PSG a gagné ou si le PSG a perdu. Quand ils gagnent, je suis content, rien d’exceptionnel, ça dépend aussi de la nature du match. Mais quand ils perdent par contre, ça se voit tout de suite. Je fais un peu la gueule [rire].
Et dans ton entourage, ils en sont conscients ? Comment ils le vivent ?
Ma copine le subit peut-être un peu trop à son goût. Enfin, ça fait partie de moi, ça fait partie de mon caractère et de ma personnalité d’être à fond derrière le PSG et le foot. Donc les gens doivent me prendre avec, sinon tant pis pour eux. Mais ça prend beaucoup de place dans ma vie, c’est vrai. Je peux comprendre qu’à un moment donné ça puisse prendre trop de place pour certains.
Je vois que tu portes ton écharpe 300 avec ton maillot. Est-ce qu’il y a un objet, ou un symbole que tu portes constamment sur toi, au quotidien et qui te rappelle un peu le lien que tu as avec le PSG ?
Ça va du truc basique, le fond d’écran des 300 sur mon téléphone, jusqu’à des objets fétiches pour aller au parc. Je mets toujours la même paire de basket par superstition. C’est une paire de Nike ID PSG, avec le logo et estampillé « Ici c’est Paris » sur la languette. C’est un peu la chaussure fétiche pour aller au Parc.
Quelle est la meilleure ambiance que tu aies connue dans un stade ?
Les plus belles ambiances que j’ai vues, c’est quand même les PSG-OM, il faut le reconnaître. Après il y a eu les derniers huitièmes de finale en Ligue des Champions. Que ce soit contre Chelsea ou contre Barcelone dans les années précédentes, c’était quand même assez fort. Et puis j’ai fait le déplacement, malheureusement pas la bonne année, en 2014 à Chelsea pour aller voir le quart de final. Mine de rien avec le peu de supporters du PSG qu’on était, on a fait beaucoup de bruit et j’avoue que j’ai énormément vibré.
Justement puisqu’on parle de vibrations, est-ce qu’il y a un chant qui te fait frissonner plus qu’un autre ?
Oui, il y a « Oh Ville Lumière » du PSG qui est quand même l’hymne un peu officiel. Tous le monde le connait. Quand on le lance tout le monde sort les écharpes. C’est beau à voir et c’est beau à entendre.
Comment devient-on un 300 ?
Personnellement j’ai été invité à rejoindre ce groupe par Guillaume Salmon qui est responsable presse chez colette. C’est un ami avec qui je partage la même passion pour le PSG. Lui faisait déjà partie de ce groupe et il m’a invité à y entrer. Je n’ai pas tout de suite su où je mettais les pieds. C’est au bout de quelques jours, quelques semaines que j’ai compris qu’on était dans un groupe fermé avec de vrais passionnés. Il y a vraiment différents milieux sociaux, culturels, ou socio-professionnels, des gens de tous les horizons. C’est intéressant et puis c’est une vision de l’amour du PSG dans laquelle je me retrouve. Je ne me considère pas comme un Ultra, je me considère comme un supporter fervent c’est tout. Les Ultras reprochent aux nouveaux supporters d’être des Footix, et inversement, les nouveaux supporters reprochent aux Ultras d’être trop enfermés dans leur rôle, de tout dénigrer sous prétexte que ce n’est plus comme avant. Et je pense que chez les 300 justement, il y a du compromis et un peu d’intelligence qui fait que tout le monde se sent à sa place. C’est un groupe sain.
Comment ça se passe pour intégrer les 300 ?
C’est les 300 qui te choisissent plutôt que l’inverse. Après je pense que selon ton implication dans le groupe, ta place est plus ou moins préservée. Si tu ne donnes pas de signe de vie pendant un an, c’est probable que ta place soit menacée et ainsi de suite… Si quelqu’un part, ça libère la place pour quelqu’un d’autre et ensuite dans les 299 autres, il y a des gens qui ont des amis qui aimeraient y rentrer etc.
Toi personnellement, en quoi te sens-tu légitime dans ces 300 personnes ?
Je me sens légitime dans la mesure où j’estime que je suis un supporter vraiment fervent du PSG. Ce qui est intéressant c’est que dans ce groupe des 300 il y a vraiment de tout et tous les membres dans leurs activités professionnelles font quelque chose d’intéressant. Donc au final, ça amène des valeurs autres que la discussion autour du football. Je sais qu’il y a des membres qui ont trouvé du boulot grâce à un d’entre nous qui travaille dans les ressources humaines, quand ils cherchaient du boulot etc. C’’est avec des choses comme ça que c’est devenu un groupe presque familial.
Si tu pouvais décrire ta personnalité au sein des 300…
Je ne peux pas me considérer aujourd’hui comme un porte-drapeau des 300… Je suis plutôt un sportif, je joue au foot à côté. On va dire que la partie des discussions qui m’intéresse le plus, c’est la facette sportive de l’équipe : les résultats, les discussions autour des tactiques des joueurs etc. Je ne suis pas forcément l’ambianceur. Je sors un peu, mais ce n’est pas moi qui vais organiser des sorties. Je pense que justement ce qui est intéressant dans ce groupe, c’est que tout le monde a le sentiment d’avoir sa place, de pouvoir donner son opinion et justement d’échanger tout en ayant son propre avis.
Que représente l’OM pour toi ?
L’Olympique de Marseille, c’est le rival historique du PSG, en tout cas celui de ma génération. Parce que le vrai rival de l’OM à l’époque était Bordeaux. C’est seulement depuis les années 80 et l’exposition médiatique qui en a fait un grand classique. Moi je suis né avec ça, donc pour moi c’est le classique PSG-OM.
Comment définis-tu l’opposition PSG vs OM ?
OM-PSG, c’est le match de l’année forcément. Le PSG-OM et l’OM-PSG. D’après mon expérience, ce sont les meilleurs ambiances que j’ai vécues au Parc des Princes. On ne peut pas nier que Marseille est un grand club français. Aujourd’hui c’est le PSG qui a la place de leader et on a envie de le rester.
Quelle est la plus grande joie que tu aies vécue dans un PSG vsOM ?
La plus grande joie ? Chaque victoire est une grande joie. Après j’ai des souvenirs qui me passent par la tête… Un PSG-OM en 2002 où Ronaldinho met son coup franc et Luiz Fernandez commence à danser la samba sur le bord de la pelouse. C’était un moment magique. On parle de quelqu’un qui aime le PSG. Tout le monde se souvient de cette danse.
Et la plus grande victoire parisienne face à l’OM ?
Je ne sais pas si c’est la plus grande, mais c’est la plus récente et la plus importante, c’est la finale de la Coupe de France, au Stade de France, car il y avait un titre au bout. En général, les PSG-OM sont en milieu de saison et ne sont pas forcément décisifs pour le championnat ou pour le palmarès. Là il y avait un titre derrière, c’était une finale, et la gagner au Stade de France, c’était beau.
Si tu devais citer la plus grande peine que tu aies vécue lors d’un PSG vs OM…
Je ne sais même plus si on avait fait match nul ou si on avait perdu mais c’était le match où Marseille avait envoyé les minots au Parc des Princes. C’était l’équipe des moins de 21 ans je crois, en tout cas des jeunes, des réservistes. Donc pour commencer c’était déjà un peu la honte et en plus on n’a même pas gagné. Après ce match-là, j’ai été chambré par mes potes marseillais pendant longtemps.
Le but le plus fort que tu aies vécu lors d’un Classico ?
Je pense que c’est la chevauchée fantastique de Ronaldinho à Marseille, je crois que c’est 2004 ou 2005 je ne sais plus. 2003 ! Oui c’est ça. Il part tout seul, il dribble tout le monde, même le gardien, il n’a plus qu’à la pousser au fond. Je me souviens, il y a même eu Jérôme Leroy qui a fait le « crevard », il a taclé pour dire que c’était lui qui avait marqué alors que c’était pas mérité.
Quel est le joueur pour toi qui caractérise le mieux le PSG vs OM, côté parisien ?
Aujourd’hui je pense que c’est Blaise Matuidi qui représenterait le mieux la rivalité. Il est attaché au PSG, à ses valeurs. Globalement, tout confondu, il faudrait un joueur beaucoup plus agressif, peut-être un Patrick Colleter ou encore Alain Roche. Tous ces gars qui compensaient peut-être un manque technique par une envie, une détermination au dessus de tout. C’est ce genre de défenseurs un peu rugueux qui me vient à l’esprit tout de suite quand je pense à un PSG vs OM. De toute façon c’est une bataille, un combat, donc il faut des guerriers. Et en général ces gars-là, ils sont prêts.
Est-ce qu’il y a un Classico que tu aurais vécu d’une façon un peu inédite, dans les conditions dans lesquelles tu l’aurais vécu ?
Je me souviens du Classico où Pauleta met son lob sur Barthez. Je me souviens de l’endroit où j’étais. On était quinze chez moi devant la télé alors que j’ai un salon de 10m2. Je me souviens qu’on avait fait beaucoup de bruit et que mes voisins m’avaient pris pour un sauvage à ce moment-là.
Est-ce qu’il y a un duel de joueurs qui t’a marqué pendant un OM vs PSG ?
Ça serait fin des années 90 ou début 2000, le match avec Ravanelli avec le tête contre tête avec je ne sais plus quel défenseur du PSG [Pierre Ducrocq ndlr.]. Cette image est assez forte. Comme celle lors d’un OM vs PSG en Coupe de la Ligue en 2005, où le dernier but est marqué par Bernard Mendy après une tête en retrait de Lizarazu. Le mec était revenu six mois à Marseille et il finit là-dessus, c’était assez marrant.
Et dans le même sens est-ce qu’il y aurait un duel de dirigeants qui t’aurait aussi marqué ?
Je ne trouve pas que les dirigeants mettent beaucoup de pression sur le match. Encore moins depuis qu’on a Monsieur El-Khelaïfi comme président parce qu’il a quand même un côté classe et assez « low-profil ». C’est la même chose pour Monsieur Labrune d’ailleurs. Je pense que ça l’a été beaucoup plus avant, mais j’y faisais beaucoup moins attention.
Comment vois-tu l’évolution du Classico ?
Je pense qu’aujourd’hui on se concentre quand même plus sur l’aspect sportif du match, moins sur le bruit qu’il peut y avoir autour. Aujourd’hui, les mouvements de supporters, il y en a de moins en moins. Les déplacements sont de plus en plus encadrés, voire interdits. Donc je pense que maintenant la ferveur reste sur le terrain, ce sont les joueurs qui prennent la pression. Nous en tant que spectateurs, on se concentre surtout sur le vainqueur le match et pas sur la rivalité qui existe autour. Je pense que ça a un petit peu moins de charme à ce niveau-là.
Est-ce que tu aurais un pronostic pour le 5 avril ?
On va gagner 2-1. But de Thiago Silva et de Zlatan. Côté marseillais, but d’André Ayew.
Dernière question : pour toi quelle serait la vie d’un supporter parisien et du club sans Marseille ?
Je pense que la vie d’un supporter du PSG sans Marseille ne serait pas forcément triste, mais elle serait moins drôle. On a toujours un meilleur ennemi avec qui on aime bien charrier. Et c’est vrai que Marseille est le client idéal pour ça. Au-delà de la rivalité sportive, ils ont eu des histoires aussi extra-sportives, sur lesquelles on peut s’amuser. Ils n’ont pas toujours été très forts, ils sont descendus en D2 pour des raisons assez obscures. Sans l’OM, on n’aurait pas d’équipe à chambrer. Monaco, même si sportivement ça vaut le coup, ils ont un stade pourri, ils n’ont pas de spectateurs. Il pourrait y avoir l’OL mais Lyon n’est personnifié que par le président, donc on s’ennuierait un peu.
Il y aurait quand même une vie pour le PSG ?
Il y aurait une vie pour le PSG évidemment. Le PSG s’auto-suffit.