Chronique d’album : Kevin Gates – Islah

Après avoir abreuvé son public de mixtapes au cours des années passées, Kevin Gates s’est enfin décidé à passer le cap du premier album avec Islah, nommé ainsi en l’honneur de sa fille. Un projet personnel donc, dans lequel le rappeur fait parler un sens de la mélodie qui n’est pas sans rappeler un certain Future, l’habileté vocale en plus. De fait, Kevin Gates alterne rap et chant comme il alterne les facettes de sa personnalité, aisément et sans restrictions, étant tantôt un hustler valeureux, tantôt un sentimental désabusé. Gates est vrai, il le laisse transparaître sans le marteler, et cela lui accorde la crédibilité pour s’ouvrir à l’auditeur sans perdre en cohérence. Quand il récite sa galère quotidienne, Kevin est sans détail. Brut, incisif, parfois rugueux, il moque les rappeurs jouant un rôle qui lui est taillé sur-mesure (« Really Really », « Thought I Heard », « La Familia »), et ne manque jamais de gratifier l’auditeur de wordplays bien sentis. Quand il se veut plus intimiste, le plaisir charnel semble parfois être confondu avec l’amour (« One Thing ») aboutissant sur des relations se révélant infructueuses, si ce n’est chaotiques. En dépit de quelques tentatives audacieuses (« Hard For » et ses riffs de guitare sèche) et d’une certaine régularité dans la performance, Kevin Gates peine toutefois à élever le niveau d’un album qui demeure dépourvu de véritable coup d’éclat et dont les structures des pistes deviennent parfois prévisible. Qu’à cela ne tienne, le louisianais n’a pas de quoi rougir : Islah est un beau bébé.

Date de sortie : 29 janvier 2016
Label : Bread Winners Association, Atlantic
Note : 6,5/10

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