Kevin Gates : « En prison, j’ai eu mon diplôme en psychologie pour comprendre mes névroses »

Originaire de Baton-Rouge dans l’état de Louisiane aux Etats-Unis, Kevin Gates sortira le 29 janvier prochain son premier album. Quelques minutes avant de monter sur la scène de la Bellevilloise à Paris (dans le cadre de sa tournée européenne) nous l’avons rencontré et avons profité de l’occasion pour découvrir un homme complexe, spirituel et surtout un artiste maître dans l’art de la rhétorique,  en toute cohérence avec l’image qu’il renvoie sur les internets.

 

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« J’ai intitulé mon 1er album ISLAH car c’est le prénom de ma fille aînée. Ce n’est pas comme si j’avais donné ce nom à ce projet pour lui donner une dimension personnelle, pour la simple et bonne raison que chaque projet que je sors est personnel. De base, je suis quelqu’un de très intimiste. »


 

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« Je viens de Baton-Rouge, l’un des états les plus répressifs des Etats-Unis. Et pourtant, les gens continuent de se tirer vers le bas. Ce n’est pas de leur faute s’ils agissent de cette manière, ils ne sont que le produit de leur environnement. Si tu leur en donne l’opportunité et les moyens, ces gens feront du mieux qu’ils peuvent. »


 

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« Quand vous voyez ou lisez le nom Kevin Gates, vous ne devez pas le voir comme une personne. Ce patronyme ne devrait pas être interprété comme tel mais plutôt comme un sentiment très fort. Je les expose à un niveau tellement universel, quand je dis universel, je parle de ma musique car elle est partagée aux quatre coins du monde à présent. Inévitablement, Kevin Gates est devenu un ressenti très puissant quel qu’il soit : de la colère, de l’amour, du bonheur, la paix, la joie ou de la dépression, de la tristesse… N’importe lequel ! Mon nom est la personnification de ces sentiments car je suis un être humain. « 


 

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« Dans ma musique tu pourras m’entendre avoir tout un spectre d’émotions, et cela varie au même titre que ma vie évolue. C’est donc normal que cela se retrouve dans ma musique. Je n’ai jamais eu peur d’être à fleur de peau. L’expression de ces sentiments, pour le meilleur ou pour le pire, cela ne m’a jamais effrayé. » 


 

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« Jay Z a dit une fois : « HOV, rappelle-toi que personne n’a été créé de la même façon que toi, tu t’es construit toi-même. » C’est quelque chose que je crois profondément : « Je suis ce que je suis capable de devenir ». Tu dois continuellement te répéter qui tu es. Au quotidien lorsque tu passes devant ton miroir et que tu vois ton reflet tu te dis machinalement « Ah c’est moi… » alors qu’au contraire tu devrais t’affirmer et te dire à voix haute « C’est moi ! ». Tu dois te regarder comme si tu étais quelqu’un de spécial. Et c’est dur pour moi parce que j’ai un complexe d’infériorité. J’ai grandi dans la pauvreté, je n’avais pas d’argent, aucune femme ne voulait de moi. Donc j’ai dû avoir recours à la motivation personnelle. Ca a marché, regarde où nous sommes aujourd’hui ! »


 

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« Je ne suis pas quelqu’un de religieux, je me qualifie plutôt comme quelqu’un de très spirituel. Est-ce étonnant si je dis le nom d’Allah dans mes textes ? Ça vous surprend que je puisse dire « Allah Akbar » ? Dieu sois loué, quel qu’il soit. Yahvé, Jésus, Mahomet ? Qu’ils soient tous loués. »


 

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« Je ne veux attirer les foudres de personne mais je pense que toutes les religions sont bonnes. Elles sont originellement enseignées dans le respect et surtout dans l’amour. Quand les gens me demandent si je suis musulman, je peux leur répondre oui car je me suis soumis à la volonté de Dieu. Je suis musulman, je suis chrétien et je suis juif si je suis cette logique. « 


 

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« J’ai 29 ans, mais lorsque je vois un enfant jouer au basket avec son père je suis jaloux car j’aurais souhaité avoir ce genre d’enfance. C’est quelque chose que je n’ai jamais connu. J’appelais « papa » un homme qui, vu son âge, ne pouvait biologiquement pas être le mien. C’est dire à quel point je voulais avoir une figure paternelle en grandissant. « 


 

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« En prison, j’ai eu mon diplôme en psychologie non pas pour passer le temps mais pour comprendre pourquoi j’avais ces névroses. J’ai donc appris à vivre avec,  j’ai pu mettre un doigt sur ce que je ressentais. »


 

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« IDGT (I Don’t Get Tired/Je ne me fatigue jamais) est plus qu’un leitmotiv, c’est un mouvement. Car après être monté sur scène et avoir tout donné pour mon public, je rentrerais à l’hôtel et je changerais les couches de mon fils Khaza. Je subviens aux besoins de ma famille : je suis venu ici avec ma femme, mes deux enfants, ma belle-mère, mon équipe et je ne peux pas me permettre de lever le pied, car ils dépendent de moi. »


 

 
Propos recueillis pas Massaër Ndiaye
Photos : Eriola Yanhoui

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