Chronique d’album : Kool Shen – Sur le fil du rasoir

Après quelques années d’absence occupées à parfaire son poker-face et à mater le foot, Kool Shen reprend du service. Moins visible que son partenaire aux cordes vocales en téflon, on pensait venue l’heure de la retraite pour le doyen du rap français. Et effectivement, à 50 ans, le rappeur s’approche du micro avec prudence…

Eh vous voyez, papy, il est toujours à l’heure”, cette phrase lâchée à l’AFP et paraphrasée à longueur d’interview résume la crainte qui plane sur cette album. Comment ne pas ressasser les recettes des années 90 ? Comment faire du neuf avec de l’ancien ? Dire oui à la trap ? Dire non aux samples de pop ?

C’est un album maladroit mais touchant que délivre Kool Shen, qui s’essaye aux tempos contemporains. Ses efforts pour rester dans le coup l’arrachent de sa zone de confort, on l’entend chanter ses refrains ou tenter un peu de vocoder… Le flow du grand père est toujours efficace, mais on regrette quelques refrains, notamment le lourdingue de « Ghetto Youth », ou celui de « Ma Rime », une tentative ratée d’opposer son rap et Marine le Pen.

Le FN et la politique française sont présents à travers tout l’album et c’est aussi là que l’album est “à l’heure”. Mais on ne peut s’empêcher de sourire en l’entendant poser “la jeunesse emmerde le front national” – en référence à la chanson des Bérurier Noir, groupe punk français des années 80 – le tout sur une instru de Therapy. Du haut de sa moitié de siècle et avec les anciens Lino et Soprano en featuring, personne n’est dupe du tour de passe-passe.

Soyons clairs, aucun classique sur cet album, quelques lourdeurs, mais tout de même de belles pistes. On ne peut pas enlever au vieux briscard sa plume et son flow redoutables comme un rasoir.

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