John Margaritis : « Le basket et le surf sont deux monde que j’essaie de faire cohabiter »

Si vous êtes passés chez colette ces derniers jours, vous avez surement dû remarquer des clichés mêlant océan et panier de basket. Cette exposition, née de l’imagination de John Margaritis, est le fruit de la fusion de ses deux passions, le surf et le basket. Deux hobbies à priori incompatibles que le new-yorkais a su combiner en photographie et en prêt-à-porter, par le biais de sa boutique New York Sunshine. Entrevue avec un éternel enfant, inspiré par la vague et l’arceau.

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Quelle est l’histoire de New York Sunshine ?

Penser au surf à New York c’est étrange. Quand on pense au surf, on plutôt pense Californie, Hawaï… Donc lancer une marque de surf à New York, c’était une idée étrange. Mais en même temps, étant de New York et un grand fan de basket, j’aime beaucoup les Knicks, je voulais lancer une marque, une collection de vêtements en la mêlant au surf. Je voulais combiner les deux mondes que j’aime. Ce sont mes passions.

D’où le choix de combiner les deux …

C’était les deux choses que je voulais que la marque et les vêtements représentent. Je faisais des t-shirt, des jerseys de basket mais ils avaient une espèce de touche surf. Et c’est de là qu’est venu l’art. Je voulais prendre quelque chose qui était vraiment new-yorkais et évoquant le surf en même temps. Les vêtements racontaient cette histoire mais je voulais aussi faire quelque chose que l’on pourrait voir, comme le panier de basket dans l’océan. C’est comme ça que ça a commencé, je me suis dit que j’allais prendre l’océan dont j’avais pris énormément de photos étant issu d’une école de photographie. Je prenais énormément de photos de surf, de surfeurs dans l’océan.

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Comment t’es venu l’idée du concept de cette exposition ?

Je me suis dit : « Je vais juste prendre une photo de l’océan et la mettre sur un panneau de basket. » Ça a été le premier projet artistique. Mon père est menuisier donc j’avais un panier qu’il avait fait dans notre maison et il s’est cassé, il était là sur le sol et j’ai mis la photo dessus et j’ai rajouté un morceau de verre par dessus pour bien les assembler. C’est comme ça que ça a commencé. A partir de là j’en ai fait d’autres avec des vagues différentes. Et puis on s’est posé avec toute mon équipe en se demandant comment on pourrait continuer en mieux. Donc il y a eu la photo qui est celle du flyer. On avait pris un panier auquel on avait attaché des sacs de sables pour le faire tenir dans la mer. Comme si on pouvait jouer au basket dans la mer. C’était un peu l’inverse du premier « tableau ».


Comment as-tu réalisé la photo où le panier est situé sur l’océan ?

C’était un peu fou de faire ça. J’ai demandé à mon père comment il pensait qu’on pourrait mettre un panier de basket dans la mer. Il a été très réceptif il est toujours partant pour des aventures. Donc on l’a pris avec nous ainsi que mon ami Alex qui a été en école d’architecture et on a construit ça ensemble. Il y avait une espèce de cage de 3 mètres sur 3 avec un grillage, on a fait un système de pivot pour qu’on puisse le faire se balancer, je devais prendre la photo donc il y avait une dizaine d’entre nous qui se sont occupé de le faire glisser grâce à des sacs de sable et toute la structure a doucement coulé pour que tout s’installe bien pour la photo. Mais c’était très compliqué, ça nous a pris plusieurs jours d’essais et de ratés pour finalement y arriver. On a enfin eu un moment où il y avait des vagues qui allaient dans le bon sens et qui étaient de la bonne taille. Du coup on a réussi à faire monter l’édifice et ça a tenu toute la journée. J’ai bien sûr pu prendre ma photo mais on a aussi fait des vidéos. C’était incroyable.

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Était ce légal de faire ça ?

Je ne sais pas à quel point c’était légal ou non, il y avait beaucoup de gens sur la plage et ils devaient se dire mais qu’est-ce qu’ils foutent ? Ils sont complètement fous ? Surtout qu’on n’a pas réussi à avoir un résultat avant le deuxième jour. Mais quand on a réussi c’était tellement l’image que j’avais en tête, New York Sunshine, les vêtements, la boutique tout l’esprit de tout ça est condensé dans cette image.


La passion du surf pour un New Yorker, ce n’est pas un peu inhabituel ?

Il y a vraiment une culture surf à New York, des petits groupes à Montauk jusqu’à Long Island, même dans le Queens, il y a une plage appelée Rockaway Beach avec une communauté surf. Les gens y surfent tout le temps. C’est bizarre parce quand tu vois quelqu’un dans le métro avec une planche de surf tu te demandes ce qui se passe. Mais la communauté est bien là, tout le monde se connaît. Tout l’été je suis à Long Island pour enseigner le surf près de notre boutique, c’est mon moment surf. C’est 4 mois où je suis tout le temps sur la mer. Mais l’hiver quand je suis en ville je vais voir les matchs des Knicks, c’est plus urbain. Ce sont deux mondes que j’essaie de faire cohabiter. Le panier est très « New York » et l’océan c’est Long Island. L’intérêt est de les rassembler.

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On sent que c’est vraiment important pour toi de mêler le basket et le surf, plutôt que de choisir une discipline à exploiter ?

Quand j’étais très jeune, mon rêve était d’être un surfeur professionnel ou un basketteur professionnel. Je sais aujourd’hui que je ne serai aucun des deux, je n’ai jamais été assez bon pour me lancer dans l’un ou dans l’autre. Donc le plan B parfait c’est de faire mon art en incluant ces deux passions. Dans tout ce qu’on a fait, on a toujours essayé de combiner les deux univers. Dans le nouveau magasin qu’on a ouvert à Southampton, toute la boutique est rempli de sable et on peut y voir des vidéos de basket. L’idée est toujours de mélanger les deux.


Qu’a tu fait avant tout ça ?

Avant tout ça j’ai été dans une école d’arts visuels, photographie et design pendant un an et demi et puis j’ai abandonné. J’ai travaillé à Quiksilver comme vendeur, 7 dollars de l’heure à vendre des vêtements. Je n’avais jamais vécu en ville tout seul donc Quicksilver me rappelait un peu l’ambiance familière que j’avais à Long Island. Chaque année quand j’avais un job comme ça je démissionnait avant l’été pour pouvoir donner des cours et surfer. Il y avait une bonne ambiance, il y avait tous mes amis. J’ai toujours voulu être à New York et pouvoir travailler par moi-même, selon l’emploi du temps que je choisis. Donc j’ai commencé à faire juste des t-shirts tout seul et l’été je les donnais à mes amis. Ça a commencé à bien prendre, j’ai eu un petit peu de presse qui s’est intéressé à moi, certaines boutiques en voulaient. Donc je me suis dit « Faisons ça pour de vrai, commençons une ligne de vêtement ». J’ai toujours aimé la mode, la culture, le design mais je n’aurais jamais pensé qu’un jour je pourrais avoir une marque, un « business ». J’ai commencé à fabriquer les t-shirts et ça a grossi à partir de ça, on a vendu à New York puis ici à Colette, au Japon, à Hong Kong. L’art a suivi juste à ce moment-là.

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Quelle suite sera donnée à cette exposition ?

Après cette exposition il y en aura surement d’autres. On veut continuer ce qu’on fait là. On travaille sur différentes idées pour d’autres projets. L’inspiration de New York, du basket et du surf seront toujours les mêmes. C’est en préparation mais nous n’avons rien à montrer encore. Ça sera peut-être un livre…


Comment t’a eu l’opportunité de pouvoir exposer ton boulot chez colette ?

Pour être à Colette aujourd’hui ça a été beaucoup, beaucoup d’emails (rires). J’étais venu il y a 5 ans environ. Un ami m’avait dit : « Il faut que tu viennes voir ce shop il est vraiment cool. » En arrivant j’ai été impressionné, il y a de grands designers, des marques de streetwear vraiment cool. C’est un concept qui pour moi n’existait qu’à New York mais en fait tout le monde essaye de s’y mettre à la différence que Colette le fait extrêmement bien. Je savais que quoi que je fasse je voudrais que ça atterrisse ici. On a réussi à avoir un mail par un ami et on les a contacté. Les deux premières fois ça n’a pas fonctionné parce qu’on n’étaient pas encore assez organisés. Je me disais qu’il fallait absolument que la prochaine fois qu’on les contacte ce soit complètement carrée. En février dernier on a présenté à Sarah notre nouveau lookbook avec plein de photos et la réponse a été positive, on était vraiment contents. C’était un vrai but à atteindre. On est resté en contact, une amie nous a dit qu’il y avait le quai 54 un grand tournoi de basket à Paris et qu’il serait intéressant d’y être à ce moment-là. On a tout de suite pensé que ce serait le parfait timing pour venir. On a envoyé l’idée à Sarah et elle l’a tout de suite approuvée.

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A qui est destinée votre ligne de vêtements ?

L’objectif pour la ligne de vêtements c’est que les basketteurs de rue aient envie de porter les vêtements mais que les surfeurs cools en aient envie aussi. Je veux que les surfeurs pro veuillent les porter mais aussi qu’A$AP Rocky veuille les porter.
Je pense que quand tu rentres dans le monde du surf, que tu ne fais que ça, c’est comme si tu y étais coincé. Donc j’aimerais aller au delà de ça et que les gens me suivent là-dedans. Je veux que les personnes de ces univers se mélangent alors qu’ils n’en ont pas l’habitude.

Comment pense tu que les français accueilleront ton expo ?

Je suis arrivé sur le lieu de l’expo et j’ai vu quelqu’un prendre en photo une des œuvres, il avait l’air content. C’est un moment parfait pour ce qu’on a fait, c’est le printemps, il commence à faire beau. Ça serait étrange en hiver. J’ai le sentiment que les français à Paris regardent beaucoup ce qui se passe à New York et inversement.

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Découvrez l’exposition Hoop Dreams et la ligne New York Sunshine chez colette jusqu’au 21 juin.

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