Libération donne la parole à des réfugiés
Hier après midi, le quotidien Libération nous conviait dans ses bureaux dans le cadre d’une conférence de presse annonçant la parution du numéro spécial #LaFranceVueParLesRéfugiés ce mardi 7 mars. À l’origine de cette initiative, l’agence Fred&Farid « pilote » le projet. Les intentions sont claires : favoriser l’accueil de ces personnes. Comme en témoigne Farid, le co-fondateur de l’agence : « Nous sommes dans un monde où la perception devient la réalité ».
Puis, toujours à travers la conversation Facetime qui lui permet d’être parmi nous, l’homme nourrit son argumentaire tout en défendant sa démarche. La parole revient aux quelques journalistes-réfugiés présents autour de la table. Certains sont rompus au jeu du journalisme, d’autres -sans doute impressionnés par la présence des caméras et les regards scrutateurs mais bienveillants des personnes présentes dans la salle- ont plus de mal à s’exprimer. Pourtant, chacun à leur tour, tous affirment qu’ils n’ont reçus aucune aide rédactionnelle de la part des membres de Libération.
« Au début de l’entretien, le président s’attendait à ce qu’on lui parle de nous. Il fut donc étonné de découvrir notre savoir sur la France et son monde politique. » – Roohollah
Une poignée de journalistes issus de ce projet ont ainsi pu rencontrer le président François Hollande afin de l’interroger, non pas sur leur condition mais sur les prochaines élections présidentielles. Opération réussie puisque ce dernier a été surpris par leurs connaissances : « Au début de l’entretien, le président s’attendait à ce qu’on lui parle de nous. Il fut donc étonné de découvrir notre savoir sur la France et son monde politique » s’amuse Roohollah, réfugié Iranien.
Car si sur le papier le « coup de com' » semble séduisant c’est bien dans l’esprit des lecteurs que la notion d’égalité doit s’instiller. En effet, il s’agit avant tout de changer le regard et la perception des Français sur les réfugiés. Roohollah va même plus loin : « Sept ans que je vis en France et que je suis entouré d’amis, qui pour la plupart sont très engagés. Parfois lorsque je converse de politique française avec eux, ils ne tiennent pas forcément compte de mes analyses. Je me sens alors sous-estimé ».
« C’est une expérience formidable. Quand j’étais en Iran, Libération était une institution. » – Roohollah
« En tout et pour tout, j’ai dû mettre dix jours pour écrire mon papier. Personne ne m’a aidé car ce qui m’intéresse, c’est de communiquer comme un journaliste. Ça c’est le plus dur. » – Youssif (Soudanais)
« Ce projet nous donne un peu de voix. Tout le monde parle de nous, mais nous ne parlons pas. » Anmar Hijazi (Syrienne)
« Pour participer à ce numéro, la seule condition était le professionnalisme…pas la nationalité. » – Ammar Almamoun (Iranien)
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