Lola Marsh : « Beaucoup des influences de ma vie viennent des films »

Il aura suffi de deux titres pour le groupe de folk Lola Marsh se fasse un nom. « You’re Mine » et « Sirens ». Deux titres à la saveur mélancolique, cet air de déjà-entendu qui vous rendrait presque nostalgique d’un moment que vous n’avez pas vécu. Porté par le duo constitué par Gil Landau et Yael Shoshanna Cohen et qui s’est depuis élargi avec le bassiste Mati Gilad, le batteur Dekel Dvir et le guitariste et pianiste Rami Osservaser, n’aurait pas pu exister sans la voix de sa chanteuse. Une voix râpeuse et suave, née par accident. À 21 ans, Yael Shoshanna perd brusquement sa voix et à la suite d’opérations, en trouve une nouvelle qui finira par séduire Gil. Pour la suite de l’histoire, on les a rencontré lors de leur premier concert à Paris après la sortie de l’EP « You’re Mine » et on leur laisse la raconter.

Le groupe sera en concert le 14 novembre au Point Ephémère. Tentez de gagner deux places ici. 

 


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Photos : Yannick Roudier


 

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Allons au commencement : comment est-ce que vous vous êtes rencontré ?

Yaël : On vit dans la même ville en Israël, à Tel-Aviv, une ville très cool. On se connaissait, on avait des amis communs, mais on s’est découvert musicalement à l’anniversaire de Gil. Il jouait de la musique, c’était une fête de musicien où tout le monde jouait de la musique. Il jouait de la guitare, j’ai chanté une chanson…

Gil : Et je lui ai dit : « Hey… » [rires, ndlr] Non je lui ai dit « Tu as une très jolie voix ! Est-ce que tu fais quelque chose ? Est-ce que tu as un groupe ? » Elle m’a juste dis « Oh. Merci. » Je lui ai redit « De rien. Mais est-ce que tu fais quelque chose ? » et elle me redit « Oh merci ». Et je lui dis « Ok, d’accord : merci, de rien. On fait quelque chose ensemble ? » Le lendemain je l’ai appelé.

 

Et comment ça c’est passé ?

Gil : C’était très gênant.

Yaël : Oui très gênant. Comme un premier rendez-vous, vous rencontrez quelqu’un, vous essayez de vous connaître. Mais en vérité, je pense qu’au troisième rendez-vous on a écrit notre première chanson.

 

C’était rapide !

Gil : Mais ça c’est bien passé, à la première rencontre on a quand même senti qu’on s’appréciait.

Yaël : Bien que l’on vienne de milieux différents et qu’on ai des goûts différents, on a essayé de trouver quelle route prendre ensemble.

 

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D’ailleurs quel est votre historique musical ? Comment est-ce que vous avez commencé et décidé d’en jouer, d’en faire votre métier.

Gil : Pour moi ça a été quand j’avais 6 ans, j’ai commencé à jouer du piano, puis est venu la guitare. En fait il y a toujours eu de la musique chez moi, d’aussi loin que je m’en souvienne. Mon père chantait un peu, mon frère me montrait des disques. Le premier groupe qu’il m’a fait découvrir, c’était Pink Floyd.

Yaël : Tu avais six ans ?

Gil : Non non, en fait jusqu’à l’âge de 10 ans, je n’écoutais que ce que mon père me faisait écouter. De la musique classique…

Yaël : Toute la variété israélienne…

Gil : Je jouais du piano, des chants hébreux. Et quand j’ai eu 10 ou 11 ans, mon frère m’a donné des disques – enfin pas vraiment, je les ai pris.

Yaël : Moi aussi je volais les CD de mes soeurs !

 

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Qu’est-ce que vous choisissiez ?

Yaël : Alanis Morissette. J’ai des souvenirs de moi petites en train de fouiller dans les disques de mes parents. Il y avait des trucs assez étranges parce qu’ils voyageaient beaucoup plus jeunes.

 

Pour revenir à votre rencontre : quand est-ce que ça c’est passé ?

Gil : Il y a quatre ans et demi.

 

Et pendant ces quatre ans, qu’est-ce que vous avez fait ? Comment est-ce que vous avez travaillé ensemble et fini par trouver comment faire ?

Yaël : Ça a pris du temps. Et tu sais, on a commencé comme un duo, seulement tous les deux.

Gil : Pendant un an et demi on a été tout les deux.

Yaël : On écrivait la musique, on enregistrait un peu, on se produisait dans des petits clubs et ensuite on s’est dit qu’il nous fallait plus de gens. Aussi pour ne pas s’entretuer. Et on avait besoin que la production soit plus large, comme on l’imaginait dans nos esprits.

Gil : Ensuite, il a surtout été question de trouver les bonnes personnes pour notre projet. Et on a trouvé ces gars et ils sont géniaux.

Yaël : Oui et ce sont de bons amis à nous.

 

Vous venez tous de la même ville ?

Gil : Maintenant on vit dans la même ville.

 

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Comment vous avez travaillé sur votre projet ?  Avec votre groupe ou tout les deux ?

Gil : Ca dépend des morceaux. On avait déjà des démos, beaucoup de démos.

 

Pendant quatre ans vous avez eu le temps d’en faire.

Yaël : Exactement.

Gil : On a ensuite essayé de les rassembler. Par exemple « Days To Come », c’était la première chanson qu’on a écrite. Il doit y en avoir 16 versions.

Yaël : Oui ! Elle a changé tellement de fois.

Gil : De l’autre côté, il y a des chansons comme « You’re mine » qu’on a écrite en acoustique, avant même de penser aux arrangements. On s’est présenté au groupe et Mati, notre bassiste et a commencé à improviser. Dekel, le batteur a donner le rythme etc.

 

C’est un travail de groupe, assez instinctif ?

Yaël : Oui et dans notre groupe, il n’y a pas d’ego. On donne les chansons au groupe et tous le monde a son mot à dire.

Gil : On vient tous d’univers différents, de la musique classique, du jazz… Donc chacun apporte quelque chose de son propre monde.

 

 

Il y a quand même un point commun à toutes vos chansons dans ce projet. Elles sonnent comme des bandes-son de films. Est-ce que c’est une inspiration pour vous ?

Yaël : Oui ! Beaucoup des influences de ma vie viennent des films. Quand j’écris une chanson, je peux vraiment voir la scène dans ma tête. Et j’aime aussi les bandes-son. Avec Gil, on va dans cette direction cinématographique – des scènes, des paysages – on adore ça.

 

Pour moi, votre film est toujours un western.

Yaël : Mon père adore les westerns. Je dois avoir ça dans le sang.

 

Autre chose, la scène. Comment est-ce que vous vous préparez pour un concert ?

Gil : En fait c’est drôle, parce que sur cette tournée, on a essayé différents rituels. Donc on en a beaucoup, mais ils sont encore nouveaux.

Yaël : J’ai mon propre rituel !

Gil : Vraiment ? Dis-nous tout !

Yaël : Je me met toujours devant un miroir en parcourant le line-up et je chante un petit peu chaque chanson pour sentir toutes les vibes du concert. Du début à la fin, pour raconter le concert.

 

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Pour anticiper le déroulement du concert ?

Yaël : Oui, je me donne des directives à travers les chansons.

Gil : Hier on a fait du karaoké et c’était génial !

Yaël : Oui, on l’avait backstage en Allemagne.

 

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Vous choisissez quelle chanson en général ?

Yaël : Uptown Girl !

Gil : C’était un jeu playstation, très drôle. Avec toutes ces chansons des années 80. On a eu l’impression que ça nous avait donné de l’énergie avant le show.

Yaël : Et on a aussi une poignée de main secrète. Assez embarrassante.

 

Est-ce que vous continuez d’écrire pendant la tournée ?

Yaël : Oui, on écrit tout le temps. Je pense qu’on a de quoi faire un autre album. C’est important pour nous, même si on vit des moments stressants en tournant, de continuer d’enregistrer, d’écrire.

 


On aura l’impression d’avoir entendu ces chansons, elle seront personnelles, mais épiques.


 

Vous avez déjà une idée de la direction que prendra l’album ?

Gil : Oui ! il est presque prêt. Il sortira cet automne.

Yaël : Tu as entendu l’EP ? L’album sera aussi dynamique que : des hauts, des bas, comme tu l’as dis cette impression de cinéma et cette nostalgie. On aura l’impression d’avoir entendu ces chansons, elle seront personnelles, mais épiques.

 

Dernière question : on vous l’a posé plusieurs fois, mais d’où vient Lola Marsh ? 

En choeur : [rires]

Gil : Elle est française !

Yaël : Non elle a été kidnappée en Israël. On s’est assis et on avait besoin d’un nom parce qu’on était sur le point de donner notre premier concert. C’était au tout début à Tel-Aviv. Et on s’est donc assis avec des amis, et on s’est dit « Allez ! on a besoin d’un nom. Qui a des idées ? » Et on a commencé à jeter des idées en l’air et je ne sais plus vraiment mais on en est arrivé à Lola Marsh. Ca sonnait bien, alors on l’a choisi.

Gil : Oui, ça roule sur la langue.

 

Vous pensez que dans le futur, Lola Marsh va devenir un personnage ?

Gil : Peut-être

Yaël : Il y a des gens qui pensent que je suis Lola Marsh. Ils m’appellent « Lola! » Au début du show il me disait « Est-ce qu’on devrait dire que tu es Lola ? Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse aujourd’hui ? » Et je lui dit « Aujourd’hui je suis Shoshanna [son deuxième prénom], le jour suivant je suis Lola.

 

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