Brav’

Depuis 2012, le rappeur Brav abreuve ses fans de différents voyages qui le guident vers la sortie de son album Sous France. Choix artistiques, barrières, son public a ainsi pu vivre tout cela avec lui, s’attachant à un projet qu’ils  ont finalement entre les mains le 26 janvier. L’occasion de lui poser quelques question.

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Peux-tu te présenter ?

Brav. Je suis né au Havre  un peu avant Tchernobyl et l’affaire du sang contaminé. Appartenant au duo Bouchées Doubles avec Tiers Monde et membre du label Din Records. Une structure indépendante qui existe déjà depuis plus d’une quinzaine d’années et qui compte dans ses rangs Médine, Tiers Monde, Alivor, Proof…

Comment as-tu commencé la musique ?

J’étais nul au football (rires, ndlr). Non, comme tous les adolescents, j’écoutais déjà pas mal de musique. Perso, c’était Michael Jackson à longueur de journée, en même temps faut dire que je n’avais qu’une seule K-7. Proof, qui est aussi mon grand frère, écoutait beaucoup de rap de son côté. Il m’a fait découvrir ce milieu et aussi de nombreuses pointures comme : Mobb Deep, Wu-Tang Clan, Tupac, Biggie, Naughty by Nature … Et, un jour, j’entends l’album ATLiens d’Outkast. Là, c’est la claque ! Musicalement, j’ai toujours aimé le son de cet album. D’ailleurs, c’est aussi ce qui m’a fait aimer Kendrick Lamar récemment. J’ai retrouvé une sonorité proche d’eux. Par la suite, j’ai décidé de me mettre à écrire lorsque j’ai entendu Ministère A.M.E.R, Time Bomb, D Abuz System, Double Pact ou la Dj Poska 25. Ça m’a donné envie de m’y mettre.

Quelles sont tes principales inspirations ?

C’est pas si évident que ça d’expliquer l’inspiration pour écrire tel ou tel morceau, mais je dirais tout simplement la vie, pour faire original (rires). Ensuite, si tu connais un peu la ville du Havre, il y a ici un côté très mélancolique. Je pense qu’inconsciemment nous sommes imprégnés de cette humeur et que ça se ressent dans l’écriture. Entre nous, le Havre, on l’appelle «  le Detroit de France ». Avec toutes ces usines, cette grisaille, la mer très sombre, ça aide sûrement plus facilement à écrire et libérer les mots que l’on trouve moins en sirotant un Virgin Mojito sous un soleil de plomb (rires). Ensuite, j’essaie de rester dans la simplicité et non dans la facilité. J’utilise mon histoire tout simplement. En même temps, si à travers un morceau, la Sacem me permet de récupérer ce que cet enculé d’huissier nous a pris (rires).

Tu viens de sortir ton premier album Sous France. Peux-tu résumer son propos en quelques mots ?

En quelques mots : Souffrance, pas un sous, France, Sous France.

On retrouve un morceau intitulé Tyler Durden dans ta tracklist. Qu’est-ce que tu retiens du film « Fight Club » de David Fincher ? Y’a-t-il un lien avec ton album ?

Fight Club est à l’origine un livre écrit par Chuck Palahniuk en 1996, puis mise en image par le célèbre réalisateur David Fincher en 1999. Encore une fois, c’est Proof qui m’a fait découvrir ce film (Ne lui dites pas svp. En tant que grand frère, il ne faut pas qu’il le sache, sinon, il aura trop de force sur moi après. [rires]). Un soir, j’allais chez lui, il m’a dit : tiens, bouge pas, regarde ça. Le film terminé, je l’ai remis aussitôt. Je crois que tout me fascine dans l’histoire : les dialogues, la philosophie, le cadrage de certaines scènes (mon côté réal), les personnages, la chute… Je ne souhaite pas spoiler les gens qui ne l’ont toujours pas vu mais je dirais qu’entre l’album et ce film, le lien qui ressort, c’est peut-être la façon dont le personnage principal est tiraillé entre deux mondes. Entre le rap et le chant, par exemple. Et puis, « c’est seulement lorsque l’on a tout perdu qu’on est libre de faire tout ce qu’on veut », c’est une vraie parole de souffrance je trouve, non ?

Tu as aussi sorti une web-série où tu abordes l’avancée de ton album. Pourquoi ?

C’est mon côté « Norman fait des vidéos » ça [rires] ! Les gens ne veulent pas seulement écouter de la musique, ils veulent aussi la vivre. Mon idée, c’était de pouvoir garder un lien avec les gens qui soutiennent notre démarche et les immiscer dans les coulisses de l’album. Un jeune artiste, un certain Stromae [rires] l’a très bien fait avec ses « leçons ». Je trouve ça bien que les gens puissent t’accompagner dans une aventure. A ce moment, l’auditeur n’est pas seulement un acheteur potentiel de musique ou un commentateur de statut Facebook, il devient un contributeur de cette musique. Peut-être que c’est vers ces nouveaux concepts qu’il faut se tourner. D’un autre côté, tu peux te permettre de tester des choses et les gens sont plus à même de comprendre le choix d’un thème ou d’une prod si tu les plonges dans un autre univers plutôt que de risquer une carrière sur un titre mal compris. Pour ma part, j’ai trouvé ça cool de pouvoir échanger avec le public grâce à ce genre de format vidéo. Je crois qu’on était qu’à notre première essai avec ces épisodes « Diary Of Brav ». Il y aura forcément une suite …

Qu’est-ce qui a constitué ton plus gros soutien dans ton parcours ?

Le plus gros soutien ? Un seul ? C’est difficile d’en citer un en particulier. Y en a eu plusieurs :

Mes parents. Je crois qu’avoir eu des parents pauvres mais compréhensifs, ça valait mieux qu’avoir des parents riches et cons… (tout court). Ensuite, ma famille en général. Une famille nombreuse, ça aide, surtout à la sortie d’un disque. Tu es assuré de faire un minimum de ventes [rires]. Ma famille de coeur (Din Records pour la majorité), ces personnes qui te donnent un coup de pied au cul quand tu crois que tu as réussi, et qui te portent quand tu n’y arrives plus. Ensuite, socialement parlant, je dirais la Fondation Abbé Pierre et les Restos du Coeur de Coluche, ils ont nourri toute ma famille à un moment et nous offraient des cadeaux à la Noël (je garde une gratitude éternelle). Et, enfin musicalement parlant, je pense à tous ces gens que je rencontre grâce à cette musique et qui nous portent comme un membre de leur famille parfois.

Que représente pour toi le fait de faire partie de Din Records ?

C’est magnifique, c’est comme si tu avais demandé à Michael Jackson ce que ça faisait de travailler avec Quincy Jones. Ça représente pas mal de chose. Un mode de vie, une vision, une méthodologie de travail, une discipline, une manière de pensée collective et non individuelle.

Quels sont tes projets ?

L’album enfin sorti, je consacre du temps actuellement aux répétitions pour des lives éventuels. Ensuite, j’aimerai retenter l’expérience de l’année dernière que j’ai eu avec mon livre photo « La lune sans les étoiles », mais cette fois-ci avec un livre où il y a plus d’écrit, tout en l’accompagnant de photographies que je prendrai le long de cet aventure et de mes prochaines rencontres. Et puis un disque, ça doit se préparer alors je suis déjà en train de plancher sur les thèmes du prochain album. Maintenant qu’on a allumé un peu de lumière sur moi, je ne vais pas attendre que l’ampoule grille. Quoi que j’ai eu le temps de m’habituer à force de rapper dans le noir.

Si tu ne faisais pas de musique, que ferais-tu aujourd’hui ?

Des films… Fight Club 2 Le retour, Fight Club 3 ne meurt jamais, Fight Club en Russie (rires) !

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