One Day In 1983 : The King and the Queen

Michael Jackson et Freddie Mercury sont irrémédiablement ancrés dans l’histoire de l’industrie musicale comme de véritables showmen et faiseurs de tubes intemporels. Le premier est, après une longue carrière, intronisé « Roi de la pop », tandis que le second règne en maître sur la musique, dans un genre rock inclassable mais terriblement populaire avec son groupe Queen.
Evoluant à la même époque, ces deux montagnes se sont un jour croisées. Une rencontre de choc qui aurait pu générer des morceaux à la hauteur du statut de ces monuments. Mais…

Durant les années 70, le groupe anglais Queen se rend aux États-Unis. C’est à ce moment que son leader, Freddie Mercury, se passionne pour les clubs et l’ambiance follement hédoniste qui atteint son apogée à l’époque. De ce nouvel intérêt, il conserve les influences du disco et de la musique noire en les imposant à son groupe dans la conception de l’album Hot Space, sorti en 1982. Bien que cet opus soit reconnu comme le plus faible de la carrière du groupe, il lui attirera au moins un nouveau fan : Michael Jackson. Le jeune roitelet de la pop assiste alors à quelques concerts du groupe jusqu’à finir par accéder aux coulisses. Très vite, Freddie et Michael s’entendent et se comprennent. MJ, en pleine préparation du futur Thriller, propose alors une collaboration.

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L’enregistrement se passe en 1983 dans le studio de Michael, à Neverland, son ranch. Le travail avance mais est interrompu au bout de quelques jours par la présence incongrue du lama domestique du chanteur, Louie. Le manager de Queen, Jim Beach, confie à ce sujet : « Ils s’entendaient bien. Et j’ai soudainement reçu un appel de Freddie me disant : « Mon cher, tu peux venir me chercher parce que je dois absolument quitter ce studio. » Je lui ai demandé quel était le problème, et il m’a répondu : « J’enregistre avec un lama. Michael l’emmène tous les jours et je n’ai vraiment pas envie d’enregistrer avec un lama. J’en ai assez, je veux partir. »

Freddie quitte alors Neverland, un départ qui se traduit par l’inachèvement de trois morceaux : Victory, There Must Be More In Life Than This et State of Shock. Après la sortie de Thriller, l’album le plus vendu de l’histoire de la musique, Freddie Mercury exprime quelques regrets lors d’une interview au micro de Lisa Robinson : « Je pense que l’une des chansons aurait été sur l’album si je l’avais finie. Mais j’ai manqué mon coup. »

Pourtant, même si l’anecdote du lama reste amusante, elle n’explique pas tout. Après la sortie de Thriller, Freddie s’attelle, lui aussi, à la réalisation de son premier solo. Un véritable défi qu’il s’impose pour prouver sa valeur sans son groupe, afin d’évaluer seul son talent et sa popularité. Le succès de Thriller devient pour lui un objectif à atteindre, voire à dépasser. D’autant plus que les deux albums sont produits par le même label, celui qui lui donnera sa première chance aux États-Unis : CBS.

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Mais l’artiste sous-estime l’importance du travail nécessaire pour produire un projet au moins équivalent à Thriller. Derrière ce nom se cache un budget de 750 000 dollars, 300 chansons élaborées pour seulement 7 retenues, des musiciens renommés et toute une équipe au service de la créativité de Michael. Quant à Freddie, il travaille seul, pour la première fois. À sa sortie, Mr. Bad Guy ne rencontre pas le succès escompté et sera même un échec commercial aux États-Unis. Des résultats qui jetteront un froid sur ses relations avec CBS et de facto sur sa collaboration avec Michael.
Leurs duos sont pourtant conservés et certains sont réadaptés : There Must Be More In Life Than This apparaît dans sa version solo sur Mr. Bad Guy, State of Shock est repris sur l’album des Jacksons Victory, mais le titre est enregistré avec Mick Jagger. MJ lui-même aurait contacté Freddie Mercury pour l’en avertir. À ce sujet, le leader des Queen explique à Rudi Dolezal, réalisateur de Freddie Mercury, The Untold Story : « Une chanson est une chanson. Tant que notre amitié continue, nous pouvons écrire tous les genres de chansons. » Une note d’amertume dans une partition magistrale. Comme l’explique un autre lama appelé « dalaï » : « Plus nous aurons donné de sens à notre vie, moins nous éprouverons de regrets à l’instant de la mort. » Parfois, malheureusement, ça ne suffit pas.

 

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