Pic of the week : la réunion d’OutKast à Coachella
L’histoire s’écrit seulement à la force des années, c’est pour ça qu’encore aujourd’hui le hip-hop reste dénigré par les élites ; mais parfois des symboles témoignent de la popularisation du genre et la réunion d’OutKast à Coachella en est un. Vendredi dernier ce moment n’était pas célébré par une communauté mais par une génération qui a grandi avec le groupe depuis 20 ans et au rythme de ses hits : « Player’s Ball », « Elevators (Me & You) », « Rosa Parks », « Ms Jackson » et « Hey Ya ».
Eric Zemmour qui prônait la hiérarchisation culturelle et qui n’hésitait pas à déclarer que « le rap était une sous-culture d’analphabète » devrait très rapidement revoir ce postulat. Le rap s’institutionnalise année après année et s’apprête à entrer dans le cercle des « grandes cultures » si chères à celui qui a fait de la polémique son fond de commerce. L’une des raisons évidentes semble être la longévité d’un genre auquel on promettait un avenir aussi radieux que la tecktonik ; mais le fondement essentiel de cette nouvelle considération vient du public.
En effet, ceux qui ont découvert le hip-hop dans les années 1990 ne sont naturellement plus les gamins insouciants méprisés qu’ils étaient à l’époque . L’évolution de leur situation économique et leur position sociale est maintenant valorisée aux yeux de la société et leurs goûts musicaux eux demeurent ceux de leur enfance. On vit avec la musique de notre jeunesse, c’est comme cela que Ray Charles, Elvis et les Beatles sont devenus éternels. Et c’est de la même manière que Notorious BIG, le Wu-Tang et Kanye West installeront leurs noms et leurs musiques dans une culture institutionnalisée et populaire.
Bientôt les médias généralistes mais surtout le cercle des « experts » arrêteront de circonscrire le hip-hop à un genre caricatural et restrictif. Car si Pink Floyd et George Clinton n’ont pas révolutionné respectivement le rock et la funk mais la musique, il en est autant pour OutKast.