Quand George Bush a esquivé deux chaussures lancées par un journaliste irakien (2008)

14 décembre 2008. Après avoir lancé le début d’une longue invasion militaire de l’Irak en 2003 en réponse aux attentats du 11 septembre, le président américain George Bush tenait une conférence de presse surprise à Bagdad en compagnie du premier ministre irakien Nuri Kamal al-Maliki. Tout deux présents pour établir les accords de sécurité entre les deux États, leur rencontre semble cordiale quand ils se serrent la main pour valider leur entente.

Pourtant, cette amitié de façade masque la situation complexe et critique de l’Irak, où l’intervention des États-Unis ne s’est pas faite sans heurts avec une centaine de milliers de morts civils à déplorer dans tous le pays. Dans ce parterre de reporters un journaliste ne supporte pas l’hypocrisie ambiante. Et tenant face à lui celui qu’il estime responsable des tueries qui sévissent dans son pays, se prépare à réagir.

Son nom : Muntadher el-Zaidi. Ce journaliste autrefois otage d’un groupe d’assaillant inconnu, a part deux fois croisé la route de l’armée américaine qui l’aurait détenue à tort.

Debout, il empoigne sa chaussure et la lance en direction du président Bush Jr. « Ceci est le baiser d’adieu du peuple irakien. » Ce dernier, vif, esquive ce premier assaut. Alors que la réaction des journalistes les plus proches de Muntazir n’est pas de l’arrêter, mais d’immortaliser l’instant, il en profite pour retirer sa deuxième chaussure et rejouer le lancer. « C’est pour les veuves et les orphelins et tout ceux tués en Iraq. » Cette fois-ci c’est le premier ministre irakien qui tente (avec une faible conviction…) d’éloigner la chaussure. C’est alors que les gardes du corps de George Bush interviennent, retenant l’assaillant et l’éloignant de la salle de conférence.

Tout du long, George Bush semble d’abord surpris puis amusé par la situation. Il ne retrouvera son sérieux que lorsqu’il constatera l’intervention de son service de sécurité.

Si les images de cette conférence ont rapidement fait le tour du monde, la suite est beaucoup moins drôle. Sa rencontre avec la sécurité américaine aura laissé à Muntadher quelques traces : un bras et des côtés cassés ainsi que quelques blessures au visage et aux jambes. C’est aussi 35 heures de garde à vue assez musclées et d’un procès dont il ne ressortira libre qu’après une incarcération d’un an. Plusieurs manifestations se sont tenues pour soutenir le journaliste et défendre sa liberté d’expression. En effet, bien plus qu’une attaque physique, jeter une chaussure à un homme et le traiter de chien, constitue la plus haute des insultes pour un Irakien.

 

Protesters_Throwing_Shoes_at_Bush_posters_in_Montreal

 

Aujourd’hui, l’armée américaine s’est retirée d’Irak et il ne reste de cet évènement que des memes, des jeux et une réplique de ces fameuses chaussures exposées dans au musée de TriBeCa à New York.

Dans le même genre