La success-story de Thebe Magugu, nouveau gagnant du prix LVMH

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Du haut de ses vingt-six ans, Thebe Magugu peut non seulement se targuer d’être déjà détenteur du prix LVMH, mais également d’être le premier africain à remporter ce précieux prix. Retour sur un parcours impressionnant, aussi bien en termes de mode que d’engagement.

Originaire de Johannesburg en Afrique du Sud, Thebe Magugu a très vite su gravir les échelons le menant au mercredi 4 septembre, jour sacré de sa réception du prix LVMH à la Fondation Louis Vuitton. Une récompense bien méritée. Cette dernière est décernée depuis 2013 à de jeunes créateurs de mode par le leader mondial du luxe. Jeune, Thebe Magugu l’est. Il détonne surtout par la palette de couleurs et de formes graphiques qu’il offre à travers ses collections de vêtements pour femmes. Des pièces esthétiques, certes, mais également engagées : Thebe Magugu allie mode et activisme en faisant passer des messages politiques à travers ses créations. C’est grâce à ce parti pris que le designer a été primé par l’actrice suédoise Alicia Vikander en cette fin d’été. En plus de mettre à l’honneur tout un continent avec ce prix, le designer obtient ainsi une dotation de 300 000 euros et une année de mentorat assurée par LVMH pour se perfectionner dans des sphères telles que la propriété intellectuelle, ou encore l’image et la communication. De quoi “structurer sa marque” et consolider la petite équipe de trois personnes qui l’entouraient jusqu’à aujourd’hui.

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Se pose alors la question de l’identité et du parcours du jeune lauréat. La sensibilité de ce dernier a sûrement joué un rôle important dans son développement en tant que designer. Sur les conseils de sa mère, Thebe Magugu a pris l’habitude de narrer ses cauchemars dans un journal. Des écrits qui l’ont inspiré dans son travail lorsqu’il est retombé dessus dernièrement. Ainsi, si le styliste aime incorporer des couleurs vives dans ses collections, il y a ajouté une touche plus sombre, inspirée par un rêve sur la mort de chevaux, que l’on retrouve dans ses pièces au ton plus grave présentées lors de son défilé Automne 2019 en octobre dernier. Une manière pour lui de “transformer les périodes de souffrance en une chose belle et positive”.

Autre inspiration, les silhouettes de femmes traditionnelles, dont sa mère, encore et toujours. Thebe Magugu affirme avoir “toujours été entouré de femmes”, qu’il qualifie “d’indépendantes, de fortes et de déterminées”. Une raison pour lui, lors de la création de sa marque en 2016, de rendre hommage à la complexité des femmes d’Afrique du Sud. De quoi également faire une déclaration politique par le biais de ses pièces, toujours flatteuses — bien que déstructurées — pour celles qui les portent. Autre exemple, sa collection automne 2018, à travers laquelle Magugu a fait allusion à une série de féminicides qui ont eut lieu dans son pays d’origine entre 2017 et 2018 et mettant le doigt sur la violence misogyne. Avec ses doigts de fée, il a su passer le message en dessinant des pièces qui interrogent les rôles traditionnels assignés aux femmes. Une manière de considérer les couleurs autrement, puisque certaines correspondent par exemple aux teintes des vêtements utilisés pour laver les produits chimiques.

Magugu, qui affirme ne pas être timide et ne pas avoir peur de “célébrer les corps” en tant que sud africain, n’hésite jamais à dénoncer ce qui le dérange. Il compte bien faire parler son héritage grâce à ses collections éthiques, toutes conçues et fabriquées à Johannesburg dans le but de “créer une marque africaine avec de vraies conséquences à l’international” et de bénéficier d’une qualité de tissus incontournable. On peut d’ores et déjà constater que son travail a atteint d’autres parties du globe, malgré le fait que selon lui, “la question de la distribution et de l’exportation reste particulièrement difficile”. Mais sa marque livre aujourd’hui dans 70 pays dans le monde. De plus, Magugu a notamment saisi l’opportunité d’exposer une récente collection capsule avec 24 Sèvres à Paris, alors qu’il gagnait une autre récompense : le prix le plus prestigieux de l’International Fashion Showcase à Londres. Du même coup, il créait Faculty Press, un magazine mettant en lumière les nombreux talents émergents des scènes de la mode et de la créativité issus d’Afrique du Sud. Sa collection Printemps 2019 portait justement le nom de African Studies. Inutile donc de se demander pourquoi d’après Alicia Vikander, Thebe Magugu fait partie intègre du “futur de la mode” — promesse qui n’est plus à vérifier.

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