La grande rétrospective de 2017
Au sortir d’un Réveillon copieux, quelques heures avant les festivités de la Saint-Sylvestre, voici ce qui nous semble être le bon timing pour tirer le bilan de l’année écoulée. Assez tôt pour conserver la fraîcheur de ce que 2017 nous a offert, assez tard pour profiter d’un recul optimal, juste et nécessaire. Alors, qu’en est-il ? Sans avoir été dépourvue de sorties musicales « heavyweight », 2017 aura surtout vu certains acteurs déjà scrutés des années auparavant, prendre un peu plus de poids au sein de leurs scènes respectives, tel Damso en France, et Migos outre-Atlantique. Au-delà de la musique, certaines choses ne changent décidément pas : Teddy Riner a encore été sacré champion du monde de judo, et le concept d’un « humour » qui n’offense pas semble toujours passer au-dessus de bon nombre de têtes. Mais comme souvent, l’année qui s’écoule a semé son lot de bonnes graines, celles qu’on espère voir germer au plus vite dans l’espoir d’un 2018 encore meilleur.
CATÉGORIES : ARTISTES | ALBUMS | ROOKIES | MIXTAPES
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TOP ARTISTES
Kendrick Lamar
A l’ère des déboutonnages faciles, Kendrick ne se déballe pas sur les réseaux sociaux. Ses pensées, sa conscience, son intime, il les livre dans ses morceaux. Sa parole rugit, jaillit alors chaque fois comme un cri puissant. On l’écoute, on l’absorbe. Kendrick est à part. En-dehors. Au-dessus. Son rap est riche et technique, incarné et engagé, élégant et audacieux. Comme ses trois précédents opus, DAMN. est un objet culte. Sacré meilleur album 2017 par Pitchfork et aux American Music Awards. La mise en image de ses singles phares, elle, a des airs de septième art. À travers ses visuels, mais aussi sur scène, le californien prolonge et étoffe l’histoire de ses disques. Une expérience esthétique totale. K-Dot n’est pas seulement le rappeur de l’année, mais celui de la décennie.
Marine Desnoue
Damso
« Damso, dis-moi qui es-tu ? » Le emcee belge ne s’est pas seulement révélé cette année, il s’est peut-être trouvé. Là, dans ses dissonances accordées. Entre sa noirceur lumineuse et sa douce brutalité. Avec des cinglements qui bercent et des berceuses qui cinglent. Damso fait du sale propre et léché. Ses élégantes vulgarités soufflent des figures de style et des bouffées de mélancolie. Inconnu il y a deux ans, sa voix de plomb vaut aujourd’hui de l’or. Triple disque de platine en France, son deuxième album, Ipséité, est déjà culte. Ses clips se lisent par millions (plus de 100 000 000 vues pour « Mwaka Moon » avec Kalash). Et ses gimmicks entrent dans le jargon populaire. Celui qui ne fait « que du lourd » n’a pas fini de peser.
Marine Desnoue
Migos
95. C’est le nombre de morceaux sortis en 2017 sur lesquels nous avons pu entendre Migos et/ou l’un de ses membres. Symptomatique d’une omniprésence qui ne saurait être remarquable si « les Beatles de notre génération » ne s’étaient pas signalés par une régularité admirable dans la performance. Dans l’élan du triomphant « Bad & Boujee », le trio d’Atlanta a trouvé avec Culture un équilibre dévastateur, entre la virtuosité mélodique de Quavo, la puissance vocale de Takeoff, et la fureur bestiale d’Offset. Depuis, la pop est à leurs pieds, de Katy Perry à Liam Payne, en passant par Calvin Harris. Qu’il est loin le temps des feats avec Gradur et Lacrim…
Lenny Sorbé
Niska
Passé les succès de « PSG » et « Sapés comme jamais », peu auraient pu imaginer que Niska en serait là où il est aujourd’hui. Il semblait alors n’être rien de plus qu’un énième épiphénomène porté par la déferlante trap, au bagage bien trop léger pour voir son voyage durer au sein d’un rap français en constante évolution. Mais c’est oublier l’une des principales qualités des charos : leur persévérance. Comme Robert avant lui, Niska a musclé son jeu. Et 2017 lui a bien rendu. « Réseaux », « Commando », « Chasse à l’homme », « B.O.C », « Salé »… toute une flopée de titres imparables, à l’énergie quasi-militaire, pour des certifications en pagaille. Chapeau charo !
Lenny Sorbé
Cardi B
Depuis le reality show Love and Hip Hop et ses vidéos Instagram devenues cultes, Cardi B a finalement pondu le hit qui l’installe dans l’univers du divertissement en tant que rappeuse. « Bodak Yellow » a squatté les Charts du Billboard et nos soirées pendant plusieurs saisons, nous laissant quand même à l’esprit une question : ne serait-ce qu’un coup de chance ? L’hiver venu, elle brille encore avec « Bartier Cardi », sur « No Limits » avec G-Eazy et surtout dans « Motorsport ». L’épitome de ce qui a aussi fait l’année de Belcalis : sa relation hyper médiatisée avec Offset du trio Migos, mais aussi les rivalités vaines qu’entretiennent les rappeuses nord-américaine pour la couronne de Rap Queen.
Raïda Hamadi
TOP ALBUMS
Sampha – Process
De l’ombre des featurings cinq étoiles pour Frank Ocean, Kanye ou Solange, à la lumière d’un album solo stratosphérique, il n’y a qu’un pas. Et celui que Sampha a franchi s’est fait dans la douleur suite au décès de sa mère en 2015. Deux ans à digérer et apprendre à vivre avec, en jonglant avec une aura grandissante hors son Londres natal. « Il y a toujours quelque chose d’imprévisible lorsque vous vous retrouvez dans une pièce avec Sampha », racontait Jessie Ware. Une phrase qui pourrait largement s’appliquer à Process, tant les harmonies sont denses, superposées par des couches de pianos et de nappes électroniques cosmiques. Loin des gimmicks et des sonorités génériques, Sampha a réussi le pari de sortir une oeuvre complexe mais pas prétentieuse, mélancolique mais pas pleurnicharde. Même s’il est toujours un OVNI dans ce paysage, cet album est quant à lui, finalement très humain.
Eric Rktn
Damso – Ipséité
Quand l’album est sorti, la place au doute subsistant quant à la place de Damso dans la hiérarchie des rappeurs francophones était encore perceptible. Au sortir d’un excellent Batterie Faible, le belge confirme qu’il fait bel et bien partie des têtes de gondole du rap hexagonal. Grâce à un projet maitrisé de bout en bout malgré un disque qui peut trainer en longueur, Damso nous démontre l’étendu de son talent en initiant l’auditeur au concept d’ipséité. Mention spéciale pour la production d’Ikaz Boi sur le titre « A. Nwaar Is The New Black », préparant à une quête métaphysique, presque mystique. Et sinon, la non-nomination de Damso aux Victoires de La Musique dans la catégorie « Album musiques urbaines », so comman ?
Frem Ganda
Vince Staples – Big Fish Theory
En pleine ascension depuis le succès d’estime du nébuleux Summertime ‘06, Vince Staples change de cap musical avec Big Fish Theory. Une évolution qu’il avait amorcée dès l’EP Prima Donna, sorti en août 2016. Le rappeur de Long Beach laisse ici transparaître l’influence de Lil B, qu’il considère comme le G.O.A.T, ainsi que son goût pour cette « hyphy music » née au coeur de la Bay Area. Ce son déstructuré et hybride, qui entremêle sonorités sautillantes, bruitages électroniques et basses saturées, n’empêche toutefois pas Vince Staples de poursuivre son activisme artistique. Aux côtés de Juicy J, A$AP Rocky, Ty Dolla $ign ou encore Kendrick Lamar, il exprime son spleen existentiel et formule une critique acerbe de la société américaine. Prenant exemple sur son expérience personnelle, Staples signe ainsi un brûlot politique nécessaire.
Osain Vichi
SZA – Ctrl
Après maintes péripéties, il est finalement arrivé. L’album Ctrl a répondu aux attentes des fans de SZA. Un album unique, qui ne trouve pas d’équivalent, qui transpire l’insouciance joyeuse et la spontanéité nerveuse de l’artiste. Même si elle a pu compter sur ses invités pour soutenir l’album (Travis Scott sur « Love Galore » ou encore Kendrick Lamar sur « Doves on the Wind » ), c’est surtout « The Weekend » qu’on a entendu cette année. Et pour bien finir l’année, Ctrl et SZA obtiennent quatre nominations aux Grammy’s.
Raïda Hamadi
Kendrick Lamar – DAMN.
Contrairement à ses deux premiers albums sortis en major, DAMN. marque ici un tournant dans la discographie de Kung Fu Kenny. Si good kid, m.A.A.d city était l’expression d’un artiste qui se révélait au monde en adoptant principalement un point de vue quasi passif; si To Pimp a Butterfly s’est construit comme un pamphlet autour de la condition de l’African American et de ses turpitudes au pays de l’Oncle Tom tout en opérant une psychanalyse stylisée de son moi; DAMN. nous ancre de gré ou de force dans l’actualité ou plutôt dans une réalité toujours plus urgente.
Frem Ganda
Mention honorables : Syd – Fin, Miguel – War & Leisure, JAY-Z – 4:44, Tyler, The Creator – Flower Boy, Migos – Culture.
TOP ROOKIES
Jorja Smith
Projet 11, le premier EP de Jorja Smith, sortait il y a déjà plus d’un an. Un projet soul, poétique et une voix jazz qui s’inspire d’Amy Winehouse. Mais 2017 aura définitivement été une belle année pour Jorja Smith qui obtient un titre entier dans la playlist de Drake et accumule les accolades de ses pairs, des BRIT’s Critics (où elle bat deux autres étoiles montantes, Stefflon Don et Mabel) et de la BBC. Après une tournée anglaise et américaine, quelques covers et le morceau « On My Mind » avec Preditah, la belle nous a donné de quoi nourrir de grandes espérances en 2018.
Raïda Hamadi
Steve Lacy
Dans la magnifique pépinière que fut OFWGKTA, on demande le talentueux guitariste et producteur répondant au doux nom de Steve Lacy. En 2017 et à même pas 20 ans, le musicien peut se targuer d’avoir offert en début d’année son excellent premier projet Steve Lacy’s Demo (produit en grande partie sur son iPhone, puis finalisé sur Ableton), en plus d’avoir apporté sa touche dans le futur album du groupe Vampire Weekend (excusez-nous du peu), d’avoir co-produit « PRIDE. » sur l’album DAMN. de Kendrick Lamar, et d’être en train de finaliser le prochain album de The Internet. Et dire que le jeune homme était encore à l’école il y a un an !
Frem Ganda
Superwak Clique
Si les USA ont eu droit à leur lot de jeunes foufous aspirants-rockstars cette année, les terres francophones ne sont heureusement pas en reste. En plus, les nôtres sont bien moins détestables. En tête de file ? Les Suisses de la SuperWak Clique. L’équipe genevoise, nombreuse et bordélique comme Odd Future, a continué à voir sa côte grimper en 2017. Que ce soit par leurs shows à l’énergie sans pareil, ou à travers leurs projets solo. Du Focus vol. 1 de Di-Meh au No Bad vol. 1 de SlimKa, sans oublier le Gun Love Fiction de Makala, entièrement produit par Pink Flamingo, le brillant compositeur-maison. Un vent de fraîcheur venu de l’est, qui nous rappelle que les Helvètes auront aussi leur mot à dire dans les années à venir.
Napoléon LaFossette
H.E.R
Difficile d’écrire sur celle qui préfère encore rester dans l’ombre. Jamais apparue dans ses vidéos, on ne distingue d’elle qu’une silhouette sur ses covers et même sur scène. On ne peut alors parler que de sa musique : des complaintes amoureuses qu’elle choisi de mettre en image dans des scénettes au coeur de la banlieue new-yorkaise. Musicalement, elle peut être l’équivalent d’un 6lack. Et on lui prédit le même succès.
Raïda Hamadi
13 Block
Le parcours du 13 Block, c’est le lièvre et la tortue réunis. Le lièvre, c’était leur premier album, Violence Urbaine Emeute, sorti début 2016. Un excellent projet délivré trop tôt, dont la flatteuse réputation ne s’est faite qu’a posteriori. L’expérience venant en apprenant, leur second album prévu pour 2018 suit lui le chemin de la tortue. La tortue, parce que sans jamais l’annoncer explicitement, les Sevranais le font attendre depuis le début de l’année 2017. Une dizaine de morceaux apéritifs, savoureux à souhait, qui offrent l’aperçu d’une maturité artistique sans cesse grandissante, que les collaborations avec Ikaz Boi semblent capables de pousser encore plus loin. On attend sagement l’explosion.
Napoléon LaFossette
Mentions honorables : Angele, Aminé, Sabrina Claudio, SkiMask The Slump God, Ace Tee.
TOP MIXTAPES
Hamza – 1994
Avec 1994, Hamza offre vraisemblablement son projet le plus abouti. Cohérente, la mixtape réunit le vaste spectre sonore que le bruxellois s’est forgé grâce à H-24, Zombie Life, New Casanova et Santa Sauce. Le H impressionne par ses talents de synthétiseur et surprend encore, comme sur « Life » et « 1994 » où il brise son habituelle autolâtrie et se confie. Que ce soit lors d’un refrain revanchard ou un retour émouvant sur son passé, cette sensibilité nouvelle contraste avec les caractères festif et sensuel qui façonnaient jusqu’ici ses textes. Finalement, 1994 nous donne l’agréable impression de redécouvrir l’artiste. « Une nouvelle carte de visite », décrypte-t-il simplement.
Osain Vichi
Kodak Black – Project Baby 2
En 2013, Kodak Black libérait sa première mixtape : Project Baby. Quatre ans, deux albums, une pelletée de tubes nationaux et un hit mondial plus tard, le gamin de Pompano Beach est venu nous rappeler qu’il est toujours le même, avec Project Baby 2. Au programme, du Kodak dans ce qui l’a révélé et qu’il sait faire de mieux : de longues complaintes, les récits mâchouillés d’une vie complexe, auxquels s’ajoutent des réflexions sur l’impact qu’a le succès sur l’enfant du hood qu’il était. Avec, en guise de cerise sur le gâteau, l’excellent « Transportin », occasion de se rappeler au bon souvenir des Geto Boys et de s’étonner une fois de plus du fait que Lil’ Kodak n’ait qu’à peine vingt piges.
Napoléon LaFossette
Makala – Gun Love Fiction
Gun Love Fiction est un grand projet musical, condensé dans un format de poche. Six titres. Tout ce qu’il faut au tandem Makala-Pink Flamingo pour dérouler leur script habilement ficelé, et donner vie aux personnages antagonistes mais complémentaires que sont Gun et Love. Tout ce qu’il leur faut pour nous amuser, pour nous dérouter. Pour électriser les foules (« Lazer Malvo »), pour les emmener dans la chaleur moite d’un club disco des 80s (« Algenubi ») ou leur donner un avant-goût du futur (« Strike Mood »). Difficile à croire, mais on insiste : tout cela tient en à peine six titres. Fort.
Lenny Sorbé
Krisy – Paradis d’amour
Si le public s’est familiarisé avec De La Fuentes en 2016, c’est en 2017 qu’il appris à connaître Krisy. Avec une œuvre-clé : Paradis d’amour, sa mixtape délivrée entre deux caresses le 14 février. Cet eden musical prend la forme d’une palette, d’une présentation de toutes les teintes musicales capables de se mélanger dans l’univers du Bruxellois. De l’ouateux au personnel, du passionnel à l’insouciant. Une grande réussite faisant figure de préliminaires parfaitement maîtrisés avant un premier album qui sera l’un des événements de 2018, dans un gentleman rap qu’il semble le seul à savoir pratiquer en terres francophones.
Napoléon LaFossette
Snoh Aalegra – Feels
La suédoise exilée à Los Angeles n’a pas encore reçu toute l’attention qu’elle méritait. Avec sa voix grave et puissante, elle a séduit No I.D. et Common, avec qui elle rejoint le roster du label ARTium de Def Jam. Cette année, elle sort l’EP Feels. Dès la cover, on saisit l’esthétique Film Noir et les ambiances jazz cinématique qui font aujourd’hui sa signature. Ajoutez à ça des titres R&B rehaussés par ses invités – Vince Staples, Vic Mensa ou encore Logic – qu’on se repasse en boucle.
Raïda Hamadi
TOP PRODUCTEURS
Double X
On sait bien peu de choses sur ceux que l’on crédite en tant que « Double X ». Ils opèrent en tandem, du côté de Livry-Gargan… et 2017 a fini de les couronner comme les grands hitmakers à la française. Difficile de formuler concrètement leur signature musicale, tant leur palette est variée : un coup ils surfent efficacement sur les tendances les plus évidentes (« E. Signaler », « Bling Bling »), un coup ils façonnent les hymnes qui seront scandés dans tous les clubs de l’Hexagone (« Chasse à l’homme », « Θ. Macarena »). Et quand ils ne s’acoquinent pas avec les mastodontes de l’industrie, ils frôlent l’excellence aux côtés des « sans visages » que peuvent être Kekra ou Siboy. Dans tous les bons coups.
Lenny Sorbé
Pi’erre Bourne
Le producteur, originaire de la Caroline du Sud et désormais établi dans le Queens, à New York, est complètement ancré dans l’ère du temps. Une ère où la scène Soundcloud a réalisé une entrée fracassante au sein de la culture hip-hop. Pas étonnant que Pi’erre soit derrière les tubes « Magnolia » de Playboi Carti ou « Gummo » du déchainé 6ix9ine. Sa recette magique : une mélodie simple et entraînante, une boucle hypnotique et une pincée de basses saturées. Également rappeur, le beatmaker est auteur de la série Life of Pierre et nous a gratifié de quelques pépites telles que « Honeyberry », « Water Boy » et « Hacked My Instagram ». Autant de morceaux qui nous poussent inexorablement à pratiquer le « Milly Rock » et à crier frénétiquement « Yo Pi’erre, you wanna come out here ? ». Infernal.
Osain Vichi
Ponko
À l’instar de ses compatriotes Damso, Hamza ou encore Roméo Elvis, Ponko n’a pas à rougir de son importance dans la percée récente de la « belgian touch » dans le rap francophone. Et ses faits d’armes pour l’année 2017 ne nous feront rien démentir : que ce soit pour le sudiste SCH sur « Pas La Paix », « Marquises » de Disiz La Peste, « Woke Up » de Ramriddlz ou « Assumer » de Slim Lessio, le producteur bruxellois a apporté une sonorité rafraîchissante et efficace au service de lyrics qu’il magnifie constamment.
Frem Ganda
Ronny J
L’un des mouvements musicaux majeurs de 2017 a consisté en l’explosion mainstream des Soundcloud rappers, cette bande de camés à peine majeurs qui n’ont eu cesse de défrayer la chronique et de squatter les hautes sphères du Billboard 200. S’il ne fallait retenir qu’un seul producteur issu de cette scène, ce serait sur la touffe blonde platine de Ronny J que les lauriers viendraient se poser. Denzel Curry et XXXTENTACION hier, Lil Pump et Smokepurpp aujourd’hui, le virtuose a su imposer une patte sonore aujourd’hui familière au monde du rap, entre dérivé de la drill, influences métal et basses extra-saturées. Les plus aventureux oseront parler de game-changer, et l’on aurait tort de leur opposer un non trop catégorique.
Napoléon LaFossette
Pink Flamingo
Il aura suffit d’un peu moins de deux ans pour mettre à mal la notion de « rap français », devenue quasi-obsolète. Car à l’heure où nous parlons, il y a de fortes chances que votre rappeur français préféré soit belge… ou peut-être suisse. Et s’il est suisse, vous l’avez sans doute déjà entendu sur des productions signées Pink Flamingo. Aussi connu en tant que Varnish La Piscine, il est l’architecte sonore d’une Superwak Clique très en vue en 2017, et un fan invétéré du grand Pharrell Williams. Une influence que l’on perçoit aisément dans ses synthés féroces (« Wes Anderson », « Strike Mood ») et ses rythmiques groovy (« Algenubi »).
Lenny Sorbé
Mentions honorables : Pyroman, Steve Lacy, Junior Alaprod, Astronote, Murda Beatz.
TOPS SONS
TOPS CLIPS
Kendrick Lamar – « HUMBLE. »
« Sit down, be humble » : un refrain entêtant qui aura assurément marqué l’année 2017. Le 30 mars dernier, Kendrick Lamar surprend avec une claque visuelle – qu’il fait mine de donner dans le clip de « ELEMENT. » quelques mois plus tard – du nom de « HUMBLE. ». Seul dans la pénombre au milieu de ce qui semble être une église, un faisceau de lumière qui l’éclaire et vêtu d’une robe religieuse, Kendrick sonne la charge. Au rythme de l’imposante production – signée Mike WiLL Made-It – les plans larges, colorés et saisissants se succèdent, et K-Dot trempe dans un égotisme inattendu. Le clip est l’œuvre de Dave Meyers et du collectif « The Little Homies » – dont le rappeur fait partie. Amateur du contre-pied, Kendrick affirme cette propension en se positionnant une fois de plus là où peu l’attendaient.
Osain Vichi
Young Thug – « Wyclef Jean »
Ah qu’ils peuvent être capricieux, ces artistes ! On a beau oeuvrer dans leur propre intérêt, ils trouveront toujours le moyen de nous donner du fil à retordre. Ryan Staake en sait quelque chose. Pour illustrer le titre « Wyclef Jean » de Young Thug, le réalisateur avait esquissé les grandes lignes d’une vidéo on ne plus plus ambitieuse. 100 000 dollars de budget, des dizaines de figurantes, autant de mini-voitures, des bébés flics, une piscine… Sauf que le rappeur n’a pas daigné se pointer lors du tournage, et il a bien fallu improviser. De là, lui est venu une idée lumineuse : narrer – non sans humour – ce qui s’est avéré être un rendez-vous manqué. Faux clip, vraie réussite.
Lenny Sorbé
Jay-Z – « Moonlight »
Pour mettre en image sa critique du manque de représentation et de reconnaissance des Afro-américains dans l’industrie du cinéma et de la télévision, Jay-Z fait appel à Alan Yang (Master of None) pour la réalisation de cette parodie de Friends. Une critique qui rebondit alors sur l’erreur commise par Warren Buffet aux Oscars, offrant la statuette du meilleur film de l’année à La La Land, quand il revenait véritablement à Moonlight. Le casting exclusivement Noir de cette parodie, nous ramène à la série Living Singles, qui a largement inspiré Friends. Tous les personnages originaux sont ici remplacés par des talents Noir-Américains connaissent cette année des succès critiques : Issa Rae, productrice et rôle principal de la série Insecure, Lakeith Stanfield et Lil Rel Howory, tous deux apparus dans Get Out, satire sociale sur le racisme, la comédienne et humoriste Tiffany Haddish, qui fait la tournée des talk show avec son livre The Last Black Unicorn, Tessa Thomspon (Dear White People, Creed) et Jerrod Carmichael (The Carmichael Show).
Raïda Hamadi
Orelsan – « Tout Va Bien »
On ne donne pas assez de crédit aux prises de risques visuelles tentées par Orelsan depuis le début de sa carrière. Avec la sortie de La fête est finie, l’artiste revient à des principes plus simples mais tout autant efficaces : long plan séquence sur le clip « Basique », sur « Tout va bien » c’est la sobriété, l’image légèrement désaturée et laiteuse proposée par Greg & Lio, qui avaient déjà marqué les esprits avec « Jimmy » de Booba, « Or Noir » de Kaaris, « Amnésie » de Damso ou « Égérie » de Nekfeu. Cerise sur le gâteau, le petit garçon à la fin du clip dit une phrase en ukrainien avec pour traduction « Tout va bien », or il dit en réalité « Ne croyez pas tout ce qui est écrit ».
Frem Ganda
D.R.A.M – « Giligan » ft. A$AP Rocky & Juicy J
Ecouter D.R.A.M, c’est laisser toute la plus bête gaminerie en nous prendre le dessus, avec le plus grand des plaisirs. Le regarder aussi, d’ailleurs. Comme pour nous prémunir du blues de la fin d’été, le Virginian est venu nous amener en août un bijou de whatthefuckisme, en compagnie de Juicy J et d’A$AP Rocky. C’est au milieu d’un parking de supermarché que les trois compères se baladent, chihuahuas en mains, s’occupant à faire disparaître le tissu recouvrant les fessiers des ménagères grâce à leurs lasers oculaires. Le tout dans des tons très vifs, des décors à leurs vêtements, dans ce qui semble singer une société de consommation des 70s kitschisée, sans trop que l’on ne comprenne pourquoi. Une explication ?
Napoléon LaFossette
TOP FILMS
Moonlight, de Barry Jenkins
Sacré « Meilleur film » aux derniers Oscars, Moonlight ne traite pas seulement d’un homosexuel afro-américain qui tente de survivre au milieu du ghetto floridien. Le long-métrage de Barry Jenkins questionne l’identité humaine et dépeint la complexité de trouver sa place dans la société – et de s’accepter en tant qu’individu. Sur fond d’un esthétisme immaculé, coloré et poignant, Moonlight suit l’évolution de Chiron jusqu’à l’âge adulte. Une mère dévastée par le crack, un père absent que remplace un dealer du quartier, une sexualité qui le tiraille : à travers une immersion dans le quotidien cruel du protagoniste, Moonlight met en scène une poursuite renversante du bonheur.
Osain Vichi
Detroit, de Kathryn Bigelow
Politique, puissant, violent, mais surtout nécessaire. Detroit filme d’abord la fureur générale des émeutes qui secouèrent « la ville de l’auto » à l’été 1967, avant de zoomer sur un fait sanglant. Réel. Kathryn Bigelow nous immerge alors entre les murs d’un motel, où des noirs se donnent du bon temps. Jeux naïfs et descente de police. C’est le début d’un huis clos qui étouffe, terrifie, bouleverse et révolte. On n’en sort pas tout à fait indemne. Sans jamais tomber dans le manichéisme, le film dénonce l’injustice d’un système qui protège les uns et bafoue les autres. Plus actuel que jamais.
Marine Desnoue
M, de Sara Forestier
Dans un monde parallèle, M aurait pu être un Disney comme le sont La Belle et La Bête, Blanche-Neige et d’autres. Parce qu’au premier abord, on a l’impression que les personnages et l’histoire sont aseptisés et que le dénouement est d’une telle évidence. Ce conte de fée réel est généreux en émotion et avare en réplique (quel bonheur !). Mais le tour de force de la réalisatrice-actrice Sara Forestier repose sur une prestation magistrale de Redouane Harjane, juste et précis de la première à la dernière minute. C’est simple, si l’histoire repose sur le binôme amoureux, il est évident que Mo – à l’écran – polarise l’attention, minimisant malgré lui l’apport de l’actrice.
Frem Ganda
Get Out, de Jordan Peele
Que de chemin parcouru par Jordan Peele, depuis les débuts du show Key & Peele sur la chaîne Comedy Central, il y a quasiment cinq ans. Fort de ce succès, la moitié du binôme s’attèle à réaliser son premier film au cinéma, qu’on ne saurait classer en film d’horreur, en comédie ou pourquoi pas encore, en film d’horreur satirique nuancé par une touche de comédie. Pour faire passer la pilule. Puisqu’il serait – apparemment – bon de rire de tout à travers l’expression artistique, rions du racisme ordinaire, rions des clichés et de l’hypocrisie ambiante qui se joue et se prolifère chaque jour. Mais par pitié rions ensemble, ne rions pas l’un de l’autre.
Frem Ganda
Grave, de Julia Ducournau
Élevée dans une famille végétarienne, Justine est forcée d’ingurgiter un rein de lapin cru lors d’un bizutage, après avoir intégré une école vétérinaire. C’est là que la jeune étudiante, à son propre étonnement, se découvre un instinct carnivore… un poil trop prononcé, dirons-nous pour l’euphémisme. Croyez-le ou non, ce scénario sans grande prétention a accouché de l’une des plus franches réussites récentes du cinéma d’horreur à la française. Froid et morbide, Grave dérange, irrite, surprend. Il questionne, aussi. Car dans sa manière de représenter le cannibalisme, on devine bien que la réalisatrice Julia Ducournau se fait (malgré elle ?) l’écho de la cause animale, en nous invitant – par l’extrême – à porter un autre regard sur nos habitudes alimentaires. Subtile.
Lenny Sorbé
TOP SÉRIES
The Deuce, de David Simon et George Pelecanos
Pour tout amateur de The Wire, chaque nouvelle série scénarisée par David Simon est un événement en soi. Au programme de The Deuce ? Une exploration du Manhattan des 70s, et son petit monde de la nuit. Prostituées, macs, serveurs de bars, mafieux et flics s’y côtoient dans un délice de réalisation. Installant le décor d’une fiction s’annonçant passionnante, David Simon cherche une nouvelle fois à mettre la lumière sur les ficelles, à nous montrer comment les femmes de la rue sont peu à peu devenues femmes de l’objectif alors que les premiers pornos commençaient à être autorisés. Avec le lot de débrouillards et gangsters que cela amène, tous cherchant évidemment à s’emparer du butin naissant. Une première saison unanimement appréciée.
Napoléon LaFossette
Ozark, de Bill Dubuque
C’est comme si les dieux cathodiques avaient enfin entendu nos lamentations après nous avoir laissé orphelins de Breaking Bad il y a un peu plus de quatre ans. Bye bye Showtime, Netflix accueille cette nouvelle série dans la plus grande des chillances, donc. Avec cette nouvelle politique géniale qui a complètement transformé l’univers des séries TV : le binge watching. Ozarkc’est l’histoire d’un père de famille pragmatique mais plein d’illusions, c’est l’histoire du pardon, de l’adolescence, du risque, du secret. Tout cela sous fond de traffic de drogues à grande échelle. Ou pour faire simple : jusqu’où iriez vous par amour…de l’argent ?
Frem Ganda
Insecure, de Larry Wilmore et Issa Rae
Tout est parti d’une websérie The Misadventures of Awkward Black Girl, où les aventures romancées d’Issa Rae et d’un dilemme amoureux centré autour d’un personnage socialement maladroit qui exorcise sa gêne dans des freestyles improvisés face au miroir de sa salle de bain. Insecure reprend ce scénario, et l’adapte à un personnage aux portes de la trentaine entourée d’amies de plus ou moins bon conseils. Si la première saison souffrait quelques faiblesses dans ses intrigues, la saison 2 trouve enfin son rythme et donne à Issa Rae toute la lumière qu’elle mérite. Mention spéciale à la bande son de la série.
Raïda Hamadi
Stranger Things, de Matt et Ross Duffer
Après une première saison phénoménale, qui a étanché la soif de nostalgie des fans de Spielberg et des Goonies, la série Stranger Things a repris en 2017. Will, Mike, Lucas et Dustin sont de retour pour affronter les monstres de l’Upside Down aux côtés d’Eleven. Même si le scénario de la saison deux perd l’effet de surprise et de rebondissement de la première saison, celle-ci réussi a accrocher ses spectateurs et à nourrir leur affection pour ses jeunes héros. Au risque de s’essouffler, une troisième saison est tout de même prévue pour 2019.
Raïda Hamadi
Rick & Morty, de Dan Harmon et Justin Roiland
Un vrai-faux poisson d’avril. C’est ainsi que la chaîne Adult Swim a donné le coup d’envoi de la saison 3 de Rick & Morty, prenant de court et de surprise les inconditionnels de la série. Le ton est donné. On se laisse alors emporter par l’ivresse malsaine du savant fou, qui nous traîne de force dans ses mésaventures loufoques, tel son petit-fils craintif et étourdi. Toujours autant d’humour noir et de références malignes pour cette troisième saison, mais des épisodes plus denses que jamais. Puis quel genre de show peut se targuer d’avoir poussé McDonald’s à ressortir de ses stocks poussiéreux une vieille sauce de 1998 ?
Lenny Sorbé
TOP EXPLOITS SPORTIFS
La saison de Russell Westbrook
Au départ, pourtant, peu auraient fiché leur billet sur OKC dans la course aux playoffs. Il faut dire que le Thunder avait laissé filer sa superstar, Kevin Durant. C’était sans compter sur le zèle d’un Russell Westbrook hors classe. Le meneur ne s’est pas contenté de porter sa bande à bout de bras jusqu’en post-season, il est devenu le deuxième joueur de l’histoire à boucler une saison en triple-double (31,6 points, 10,7 rebonds et 10,4 passes). Mieux, il aura fait sauter en prime le vieux record de 1962 d’Oscar Robertson, en compilant 42 triple-double au total. Alors, son titre de MVP, personne n’aurait pu lui disputer. Pas même Harden, Kawhi ou LeBron. Cette saison-là, le Brodie planait bien trop haut. Et dans quelques dizaines d’années, son nom habitera toujours les mémoires.
Marine Desnoue
Chapecoense qualifié en Copa Libertadores
2016 les avait laissé meurtris, endeuillés, effarés. Décimés aussi, puisqu’ils n’étaient que six a avoir survécu au terrible crash du vol 2933 de LaMia Airlines, qui avait privé Chapecoense de ses rêves de glorieux triomphe en Copa Sudamericana. Solidaire, le monde du football s’était rapidement porté au chevet du club brésilien. Mais qu’à cela ne tienne : tout était à reconstruire. Alors Chapecoense s’est reconstruit. Et de quelle manière : emmenée par l’ancien lillois Tulio de Melo – qui avait gracieusement offert ses services au club qu’il représentait déjà en 2015, la formation de Chapecó est parvenue à accrocher une huitième place de championnat, synonyme de second tour de Copa Libertadores. Difficile de rendre plus bel hommage à tous les disparus.
Lenny Sorbé
Le Handball français
« Personne te regarde comme le handball. » Ok, certes. Mais quand il s’agit de voir la France gagner, c’est bel et bien du côté du handball qu’il faut jeter un oeil, n’en déplaise à Booba. Dès janvier, les Experts s’en allaient conquérir devant leur public un quatrième titre de champion du monde, le sixième de la France. Une manière comme une autre de cimenter un peu plus leur place parmi les plus grands de l’Histoire du sport collectif. Comme si ce n’était pas déjà assez, ils ont ensuite été imité par leurs homologues féminines, qui ont de leur côté ajouté un second sacre mondial à leur palmarès. Quand bien même ils ne semblent pas le quémander, il serait peut-être temps de leur accorder l’intérêt qu’ils méritent.
Lenny Sorbé
Le dixième titre mondial de Teddy Riner
On le bouscule, un peu, mais à la fin, c’est toujours lui qui gagne. 144 victoires d’affilée, exactement. Et des sacres qui se comptent sur les doigts des deux mains. Du jamais vu. Cette année, c’est un neuvième puis un dixième titre de champion de monde que Teddy Riner est allé décrocher. Le premier dans la catégorie reine, celle des poids lourds (+100 kg) à Budapest, en septembre, le deuxième « toutes catégories » à Marrakech, en novembre. Le double champion olympique entre encore un peu plus dans l’histoire du sport français. De l’histoire tout court.
Marine Desnoue
Le Real Madrid de Zinédine Zidane
Le parcours du Real Madrid sur la scène nationale et européenne force le respect et l’admiration. Que dire de cette seconde Champion’s League glanée au détriment de la Juventus, des 18 buts marquées par Cristiano Ronaldo dans cette même compétition, de la Supercoupe de l’UEFA remportée face au FC Séville ou de la Coupe du monde des clubs gagnée face à l’équipe nippone du Kashima Antlers ? Rien, excepté des compliments dithyrambiques largement méritées par l’équipe coachée par le demi dieu Zinedine Zidane. Et si nous lui souhaitons encore pas mal de titres à la tête du club, on ne peut s’empêcher à rêver de voir le Marseillais prendre les rênes de l’Équipe de France.
Frem Ganda
TOP SNEAKERS
TOP INSTAGRAM
@anderson_.paak
Anderson .Paak pense son compte Instagram comme sa musique : façon puzzle. Une mosaïque d’images pop, poétiques et surréalistes, qui dessinent une fresque sans fin. Les œuvres signées Simone Cihlar, une artiste « collage » allemande, mettent en scène le chanteur à dos de tortue ou d’espadon, dans les airs, sur un vaisseau spatial, sur la Lune, au ski, au fond de la mer… Puis, ici ou là, une vidéo donne vie à chaque tableau. Un contre-pied sublime à la vacuité imposée par l’immédiateté des réseaux sociaux.
Marine Desnoue
@wwwesh.studio
Fraîchement créé, ce studio de création en pleine ébullition importe la culture street dans le monde du design. Depuis leur atelier bagnoletais, les sept designers du collectif imaginent des objets, du mobilier, des visuels, des livres ou des vêtements, puis proposent leurs services créatifs. Leur Instagram présente leurs inspirations, expérimentations et œuvres finies, comme ce bougeoir graphique, ce trench métallisé réversible ou ce porte-clés en plastique fluo.
Marine Desnoue
@avanope
Tout a commencé avec ce sweat Champion, dont le « C » brodé s’était calé au milieu d’un logo Gucci. De quoi embraser Instagram. Puis il y a eu les sneakers Nike estampées Gucci, Prada, Dior ou Givenchy, le jean « Just don’t », le t-shirt Fila/Fendi, la ventoline Vuitton, le ballon de basket Dior ou la robe en dustbags Prada. Ava Niuri mélange les styles et superpose les logos, invente un luxe trivial et urbain. Ironie de l’histoire, ses bootlegs ont généré des centaines de copies. Elle, ne contrefait pas. Elle « re-designe » et « re-contextualise ». Son objectif : moquer le consumérisme et la logomania. Adoubée par Dapper Dan, cette styliste, rédactrice et photographe chaperonne aujourd’hui la stratégie de contenu digitale d’Helmut Lang.
Marine Desnoue
@kirbyjenner
Kirby Jenner, c’est ce petit mec à moustache qui se fantasme en jumeau caché de Kendall Jenner. Avec une maîtrise parfaite de Photoshop et une couche d’humour, il détourne et s’incruste sur une flopée de clichés aux côtés du clan Kardashian. Ici, déguisé en fraise au premier rang d’un défilé ou là, en slip sur un cheval derrière Kendall. Près de 750 000 curieux se délectent à découvrir ses aventures loufoques sur Instagram.
Marine Desnoue
@miniswoosh
Pour cette mordue de sportswear, Instagram est le terrain de jeu idéal. Elle y expose ses vestes, bananes, colliers, pantalons, t-shirts, hoodies, cabas, salopettes ou pulls DIY, tous frappés d’une virgule. Alexandra Louise Champion Hackett déconstruit des accessoires ou des vieux vêtements Nike, pour en faire quelque chose de plus urbain, plus audacieux. Au départ, la designer australienne customisait pour le sport. Puis, en créant son label ALCH à Londres, elle en a fait son fonds de commerce.
Marine Desnoue
TOP « KEL FIN TERRIBLE »
Patrice Evra
Pour ponctuer une carrière aussi riche en trophées qu’en déclas couillues, Patrice Evra largue ses amarres du côté de la Canebière, en janvier 2017. Ça fleure bon la retraite dorée, sous le soleil azuréen, en toy boy d’un OM nouvellement friqué. Sa routine hebdomadaire nous le confirme : dimanche, il trottine après son opposant direct sur les pelouses de Ligue 1 ; lundi, il pousse les frontières du malaise sur Instagram. Le cirque dure jusqu’en novembre, avant que « Tonton Pat » ne décide de partir sur un coup de tête de pied, que dis-je ? un véritable mawashi geri adressé à l’un de ses propres supporters en marge d’un match de Ligue Europa. « I love this game ! »
Lenny Sorbé
Les Blackfaces
On ne vous demande pas de comprendre ni de savoir qui a raison ou qui a tord, on demande simplement de l’empathie. On ne dit pas que vous êtes racistes, on dit que vos actions reflètent une ignorance et qu’aujourd’hui l’amalgame est vite fait. On ne vous demande pas de choisir entre l’opinion d’un Rohff et celle d’un Kalash, tout comme on ne vous demande pas de choisir entre le mot « black » et le mot « noir ». Le mal est plus profond… Mais qui sommes nous pour juger, alors que nos rappeurs claquent des « négros » à tout bout de champ ? Qui a le droit de le dire ? Qui le dira ? « Calmos les amis »… faites preuve d’empathie. C’est aussi simple que ça.
Frem Ganda
« Se queda »
Nous sommes au début de l’été, et après un démarrage poussif, le mercato du PSG s’emballe enfin. Et pour cause : il se murmure que Neymar serait « tout proche » de rejoindre club dont il a été le bourreau quelques mois plus tôt en Ligue des Champions. L’hypothèse d’un transfert record se consolide un peu plus chaque jour… jusqu’à l’intervention de Piqué. Il lui suffit d’un tweet, d’une légende, d’une photo, pour balayer d’un coup les rêves à voix haute des supporters parisiens. « Se queda ». Catalans et marseillais s’en donnent à coeur joie, mais oublient la force de persuasion du carnet de chèques de Nasser. Quelques semaines plus tard, c’est bel et bien avec le PSG que Neymar s’engage, laissant les ex-trolls à la merci des ex-trollés.
Lenny Sorbé
La chute d’Harvey Weinstein
Tout a commencé par une enquête du New York Times, qui renseignait les accusations de harcèlement sexuel et de viol portées à l’encontre de Harvey Weinstein, alors fondateur avec son frère, de la Weinstein Company et membre de l’Academy of Motion Picture Arts and Science qui remets les Oscars. Parti de là, les témoignages se multiplient, et le public crie au scandale touché par les témoignages glaçants de leurs actrices préférés. Jusqu’ici, Harvey Weinstein n’a pas été condamné, mais les langues se délient et la discussion est finalement ouverte sur ce qui n’était qu’un secret de polichinelle, une inconvenance tolérée au prétexte d’un folklore d’un autre temps et de la pression du pouvoir. Mais tout ne s’arrête pas là, et d’autres acteurs/réalisateurs/producteurs voient leurs actions dénoncées. Sur la liste : Kevin Spacey (renvoyé de House of Cards), Louis CK (dont le dernier film a tout simplement été annulé), Ben Affleck, Brett Ratner, Bryan Singer, Steven Seagal, Ed Westwick… Et tout comme le scandale s’est déversé sur d’autres prédateurs, il déborde au-delà du monde du cinéma pour aborder le domaine du harcèlement sexuels dans le milieu professionnel. Une chute méritée qui aura aussi eu le mérite de son utilité.
Raïda Hamadi
La dernière course d’Usain Bolt
Usain Bolt est une légende. Une espèce rare de sportif, charismatique au point d’attiser une curiosité certaine pour sa discipline, y compris auprès de ceux qui s’en désintéressent habituellement. Car en le regardant dans ses oeuvres, le spectateur s’attendait naturellement à vivre un moment d’Histoire. L’annonce de sa retraite était un déjà déchirement en soit. Mais le scénario de son épilogue l’a été encore plus. Aujourd’hui encore, on ne peut admettre qu’Usain Bolt ait « terminé » sa carrière. Pas plus qu’il n’a « terminé » sa dernière course, les muscles de sa cuisse gauche l’ayant lâché sur la lancée de son ultime sprint. Aïe… Merci tout de même pour toutes ces performances époustouflantes.
Lenny Sorbé
Mentions (dés)honorables : le retour manqué de Joke, l’élection de Donald Trump, l’annulation de PNL à Coachella, les tromperies de Kevin Hart, Rohff et ses réseaux sociaux.