Sabrina Bellaouel, ondes délicates

Il n’y a pas à dire, Sabrina Bellaouel est douce comme le R&B et les bonnes ondes qu’elle dégage nous parviennent immédiatement, même à travers un coup de téléphone en bas débit. On s’en doutait un peu, parce que son EP Illusions, lui aussi, transmet quelque chose de la chaleur humaine et offre un moment d’accalmie en huit titres. Ses chansons emportent l’auditeur dans un décor tamisé où les murmures sont mélodiques et les berceuses suaves.
On a quitté l’oasis le temps d’une conversation, histoire d’en apprendre davantage sur la chanteuse et de comprendre d’où vient ce sable dans nos chaussures…

La première fois que je t’ai entendue chanter, c’était dans une vidéo de The Hop…

The Hop, ce sont les premiers musiciens avec qui j’ai fait de la musique et du live. On s’est tous rencontrés au même moment, entre 2008 et 2009. On a décidé de monter ce groupe-là pour vraiment s’éclater sur scène, faire de la bonne musique. On avait envie de transmettre tout ce qui nous rapprochait dans le hip-hop et dans la soul. Et surtout de réarranger les morceaux. De personnifier ce truc-là en France, c’était très important pour nous et ça a duré quelques années. On faisait des reprises, des medleys… Et on réécrivait par-dessus. C’est surtout Espiiem qui réécrivait. Et moi je chantais en général les refrains de Badu, de Georgia Anne Muldrow, enfin toutes les figures fortes du hip-hop américain.

Qu’est-ce que ça t’a apporté ?

C’était mes premières expériences scéniques avec des musiciens live. Et… il faut savoir que je suis quelqu’un de très très timide. C’était vraiment compliqué pour moi au début ce rapport au public parce que je ne savais pas comment me placer. En fait, j’ai eu beaucoup de chance parce que je n’ai pas commencé seule, je n’ai pas été leader de ce groupe-là. Il y avait Kema et Espiiem pour partager la scène avec moi, et j’en tire une grande force. C’était hyper formateur. On avait une vraie dynamique de travail, on se voyait assez souvent pour répéter, on allait chez les uns et chez les autres pour trouver des idées, et du coup moi j’ai mis un petit pied dans la composition. On a pas mal tourné et après chacun a eu envie de faire son propre truc. De mon côté, Espiiem a pas arrêté de me tanner : «Faut absolument que t’écrives ton projet, faut que tu sortes ton truc toute seule», etc. C’est devenu une sorte de grand-frère, de mentor, de guru…

Tu es donc aujourd’hui très proche de son label, Orfèvre, mais aussi du label GrandeVille.

Espiiem est arrivé au bon moment avec son idée d’EP de trois titres, c’était parfait pour me lancer en solo. Je n’avais pas la structure, je n’avais pas le format… Lui m’a toujours poussée à sortir mon projet, alors comme j’avais quelques instrus de AAyhasis ou de Myth Syzer sur mon ordinateur, j’avais écrit des paroles et des mélodies et ça s’est fait comme ça. Mais je fais partie de ces deux familles. Mon rapport à eux c’est… celui des amoureux de la musique. On fait du son ensemble, on collabore. En revanche je suis indépendante aujourd’hui, je ne suis signée nulle part. Ça me tenait à cœur de sortir Illusions dans l’indépendance totale.

Pourquoi ça ?

C’est une question un peu complexe… Ça sous-entend que je ne voulais pas m’inscrire dans un projet avec eux mais… Espiiem est arrivé, au même moment je travaillais déjà avec GrandeVille, sur les projets de Jimmy Whoo… Ensuite, j’ai exploré plein de thèmes hyper différents, de musiques complètement différentes et j’avais besoin de temps pour écrire et pour explorer tout ça, pour composer un truc solide. Ça ne correspondait pas forcément aux attentes de ces labels. Et moi j’avais besoin de me libérer de tous les carcans. D’avancer à mon rythme. De ne pas avoir de pression et je pense avoir trouvé la bonne formule. Je travaille en indé mais en même temps je travaille avec des artistes d’Orfèvre et des artistes de GrandeVille… donc c’est parfait.

Tu peux me parler de ta troisième famille, le VenusCityGang ?

Bien sûr. C’est mon crew. Ce sont des femmes qui sont dans divers milieux et qui composent mon équipe. L’idée c’est qu’on se pousse dans nos domaines respectifs. Il y a des artistes, des techniciennes, des esthètes, des intellectuelles… Plein de femmes vraiment différentes. Mais on est animées par le désir d’aller vers la lumière ; en tout cas, d’apporter quelque chose de lumineux. Et de transmettre quelque chose de bon et de sain, dans tous les domaines que ce soit. C’est hyper divers. Pour l’instant c’est un peu mystérieux et j’aime bien que ça le soit [rires]. On placera des petites touches de VenusCityGang au fur et à mesure pour le définir, mais pour l’instant on est encore en construction.

Tu as l’air très influencée par les autres domaines artistiques, comme la poésie et la peinture…

J’ai découvert que j’étais synesthète. Il y avait pas mal d’écrivains et de peintres du XXe siècle qui l’étaient aussi. Et il y a ce poète belge qui m’a ravi les sens [E. Verhaeren, ndlr]. Il m’a pas mal influencé, surtout pour les interludes. Pour «Left Right», et pour l’outro aussi. Je trouvais ça brillant dans les images et dans les couleurs. Ça m’a donné envie d’explorer l’idée de l’espace avec les réverbes. J’aime vraiment beaucoup cette idée d’espace. J’ai craqué une suite sur Logik, un programme qui me permet de régler la réverbe et de la mettre dans des lieux différents. Par exemple il y a une réverbe dans une cathédrale, une autre dans un lieu confiné. Et je suis hyper influencée par la peinture, j’aime beaucoup Vallotton. Surtout dans la représentation des corps, des corps nus dans des milieux aquatiques, avec des femmes, dans les bains… Ce rapport entre les femmes qui n’est jamais ambigu, qui est très doux et qui est très fin, et qui me rappelle moi-même les hammams avec ma famille. Il utilise des couleurs très douces, très apaisantes. Je trouve que la musique est très visuelle. Dans la composition, tout n’est que nuance et dégradé : c’est vraiment comme la peinture. Il n’y a pas de couleur pure ; la couleur est diluée ou prononcée. Pour moi, c’est exactement la même chose pour les notes.

Il y a quelque chose de très sensuel dans ta proposition musicale. Qu’espères-tu provoquer chez ton public ?

En fait je ne peux pas me positionner autrement qu’en tant que femme du coup… Je n’ai pas envie de tout ramener à la féminité ou à la question sexuelle dans ma musique, parce que je pense que c’est universel. Mais la sensualité c’est une chose que je trouve magnifique et j’ai des modèles de femmes autour de moi qui sont sensuelles et qui n’ont jamais été vulgaires. Et pour moi c’est vraiment ça, être une femme. En tout cas c’est dans ça que je me reconnais. Je pense que ça transparait dans la musique. Une certaine idée de la sensualité : être confortable avec qui on est. Comme je te l’ai dit, les femmes qui m’entourent dans lesquelles je me reconnais ont ce côté hyper sensuel et en même temps très pudique, très humble, et je trouve ça extrêmement beau. Et dans la pochette c’est l’idée que je voulais véhiculer. Au premier abord c’est hyper trouble, l’image est presque froissée et on reconnait de loin les courbes… Mais quand tu t’approches tout est un peu masqué, un peu trouble. C’est vraiment l’idée du finement pudique que j’ai envie de transmettre, plus ou moins… Sensuel, mais jamais vulgaire.

Est-ce que le R&B permet d’exprimer ces choses-là mieux que tout autre genre ?

Pour moi chaque style – parler de «style» c’est déjà se mettre dans un carcan –, chaque musique, est vraiment libre. Il n’y a pas de terrain gardé pour la sensualité. C’est vrai qu’on en voit énormément dans le R&B et dans la pop. L’hypersexualité des femmes, c’est un truc dans lequel je ne me reconnais pas du tout. Le R&B est un terrain où tout est possible et j’avais envie d’exprimer mon rapport à la femme et à la sensualité dans ce courant musical-là qui est vraiment un terrain de jeu pour l’expérimentation. Je considère vraiment ma musique comme quelque chose d’hybride, en constante évolution et en constante transformation… sinon je m’ennuierais beaucoup trop.

D’après ce que j’ai compris, tu as toujours pratiqué la musique de façon éclectique, protéiforme.

Oui, c’est vrai que j’ai commencé par le gospel hyper tôt, à l’âge de 16 ans, ce qui m’a permis d’avoir un bagage assez technique et en même temps ça m’a permis, moi très timide, d’extérioriser mes émotions. Après il y a eu le punk, qui était vraiment un moyen de faire de la musique hyper frontale, j’avais besoin de cette énergie-là. Il y a aussi une partie plus introspective de mon écriture : j’écris des chorales, à trois, quatre, ou cinq voix qui sont des chorales assez froides. C’est plutôt du classique contemporain. Je me suis beaucoup inspirée d’un artiste qui s’appelle Arvo Part, qui écrit de la musique chrétienne pour église. J’aime beaucoup. J’aime me sentir bouleversée dans la musique parce que je ne peux pas définir. Donc tout ça, ça fait partie de moi, et j’ai envie de le mettre en avant, peut-être dans des prochains projets. Mais c’est vrai qu’il y a plusieurs Sabrina Bellaouel. Pour l’instant, je mets en valeur la partie R&B.

Mais alors pendant une année comme 2017, qu’est-ce que tu as écouté par exemple ?

Des albums, il n’y en a pas beaucoup. Il y a l’album Endless, la deuxième partie de ce projet magnifique de Frank Ocean, que j’ai beaucoup écoutée. Il y a aussi le dernier album de Radiohead, A Moon Shaped Pool. Je les ai vus sur scène à Arras, c’était tellement beau, tellement plein d’émotion ! Et puis Jonny Greenwood ! Il est incroyable ce mec. Je pense aussi à l’album de Solange, A Seat At The Table… Après j’écoute beaucoup plus de choses qui sont sorties bien avant ; Jill Scott, Tweet, et Georgia Anne Muldrow qui est une artiste féminine qui m’a beaucoup influencée. Bon, et il y a l’album de Bjork qui est incroyable ! Les visuels sont fous. Et le James Blake, qu’il ne faut pas oublier.

Je me demande qui est Sabrina Bellaouel dans la vie de tous les jours, en dehors de la musique.

J’ai vendu des cheveux pendant un an ! J’étais commerciale. J’ai vendu des perruques, des mèches, des synthétiques, des naturels… Entre Barbès et Château Rouge. C’est le métier pratique qui m’a permis de financer ce projet-là. En tout cas j’étais dans un bureau et cette expérience-là a vraiment confirmé mon rejet total de cette vie-là, tapie derrière un ordinateur… C’est vraiment pas pour moi [rires] !

Ton premier projet solo, c’était donc Cheikh, chez Orfèvre. Tu le regardes comment aujourd’hui ?

Avec le recul, ce projet je le vois comme un prélude à ce qui va arriver plus tard. Ça représente vraiment qui j’étais, quelles étaient mes influences aussi à ce moment-là lorsque je l’ai composé avec les différents producteurs. J’ai fait quelques scènes pour le mettre en avant – j’ai dû en faire trois, pas plus. Et après c’est vrai que ce qui a suivi c’est une longue traversée du désert émotionnelle pour moi… Je n’arrivais plus ni à écrire, ni à composer. Et plus il faisait hyper froid, l’année dernière l’hiver a duré hyper longtemps ! Du coup c’était compliqué pour moi de trouver l’inspiration. J’en ai eu marre. Je suis partie en Algérie. À ce moment-là je travaillais encore à Château Rouge ! Je vendais encore des cheveux et j’ai pété les plombs, je leur ai dit : «Je vais arrêter». Je suis partie. J’ai pris mon billet pour le bled, c’est là-bas que j’ai écrit tout l’EP.

Qu’est-ce qui t’a permis de retrouver l’inspiration en Algérie ?

J’ai écrit cet EP dans des cocons, dans des cocons de famille. Entre Batna, Alger et Oran. C’est un pays qui est tellement complexe et plein de contradictions… De manière générale, les contradictions m’inspirent. Mais ce qui m’a donné envie d’écrire, c’est le rapport des algériens à l’amour. Il y a une pudeur et une humilité… et un certain degré de passion… et c’est en fait le savant mélange de tout ça qui m’a donné l’inspiration sur toutes les histoires… et les mots. Après, en termes d’images je me suis mis en quarantaine : j’étais dans Batna, c’est une petite ville entourée de hauts plateaux et de montagnes. Oran c’est la mer, Alger c’est la ville. Une espèce de mélange de pleins de trucs différents dans lequel l’amour est central.

Au début j’avais pensé faire une comparaison entre le clip que tu as sorti et celui de The Blaze, «Territory», puis j’ai abandonné parce que je trouvais que c’était un rapprochement un peu rapide. Mais avec ce que tu me dis, je trouve que ça fait vraiment sens.

C’est vrai que quand j’ai vu ce clip là je me suis dit «wahouh» ! C’est superbe de mettre en valeur comme ça l’Algérie. Et le récit derrière m’a énormément touchée. C’est l’Algérie, donc ça me touche automatiquement, mais ils auraient pu faire la même chose à Shangaï ou au Kilimandjaro ! C’est fort parce que c’est un retour aux sources, une famille qui se retrouve, c’est là que c’est puissant. L’expression de leurs visages est tellement belle, tellement naturelle, tellement vraie. C’est fou à quel point il est fort. C’est pas le clip qui m’a donné envie de tourner en Algérie : ça, ça a toujours été mon rêve. Raconter l’Algérie de manière différente. Malheureusement, c’est un pays qui n’est pas tellement mis en valeur dans nos sociétés occidentales. Et finalement, je trouvais ça bien de faire un petit peu comme The Blaze, d’associer cette musique électronique hyper occidentale à ce pays.

J’ai le sentiment que ton travail prône une certaine authenticité. Quelque chose de ce retour aux sources dont tu parles, ce côté home made.

Lorsque je compose un projet j’ai vraiment envie de marquer des temps, des pauses. Je trouve ça dur à digérer les albums où tous les bangers s’enchaînent. J’ai besoin de souffler, de silence, de changement de lumière, de changement d’espace. Qu’on ait l’impression de voyager. Émotionnellement aussi. En tout cas j’avais envie que les gens se projettent et voyagent par projections. Je pense que c’est une entreprise hyper ambitieuse mais en tout cas c’est cette fonction-là que j’ai voulu donner au petit «Me, Danny and Cars» qu’on a fait avec mon guitariste. On avait vraiment envie de marquer un temps de respiration, c’est comme un moment volé.

Tu peux me raconter l’histoire autour de ton clip «L’eau» ?

Hannah Rosselin et moi, ça a vraiment été un coup de cœur artistique. Elle, elle avait déjà tourné des films et des courts-métrages à Cuba, à Los Angeles, en Palestine… Et quand elle m’a montré ses images je suis tombée amoureuse ! Elles n’avaient pas encore de musique alors je lui ai filé l’EP. On s’est rendues compte que ça collait parfaitement. On s’est dit qu’on allait écrire. Elle m’a demandé ce que je voulais raconter, j’ai parlé de l’Algérie. On s’est mises d’accord, et on s’est organisées pour partir ensemble. On est parties là-bas dix jours avec l’idée de tourner un clip et on est revenues avec énormément d’images : deux clips et un documentaire. Le clip de «Illusions» va sortir en janvier, et le documentaire, qui est plus sur la genèse de l’EP et ce vers quoi je me dirige dans le futur, musicalement, ce sera peut-être pour le mois de février ou de mars. On organisera une projection.

Ta musique elle-même est très cinématographique, c’est un peu comme une histoire sonore…

Je suis très contente que ça puisse être perçu comme ça. C’est vraiment hyper visuel pour moi et j’ai besoin de, comment dire… Lorsque j’ai écrit ce truc-là avec les gars – parce que c’est principalement des gars –, je n’ai pas écrit de «scénario». C’était des collaborations, des trucs qui trainaient, des trucs que j’ai laissé mijoter dans mon disque dur et sur lesquels je suis revenue après. C’était un vrai puzzle et je n’ai rassemblé toutes les pièces qu’à la fin. Donc ce scénario je l’ai écrit presque en dernier, en essayant de créer ce passage entre la tension et le relâchement. Ce sont vraiment des choses qui me tiennent à cœur. C’est ce mélange-là qui me permet de me sentir bouleversée par la musique. C’est vraiment : «Est-ce que j’ai le temps de respirer à ce moment-là ?». On n’a pas le temps de respirer entre le premier et le deuxième morceau. C’est avec «L’eau» qu’on commence à s’ancrer et à se poser tu vois, à vraiment profiter. Après, il y a «Legalize» qui est plus terrienne, avec des gros kicks, beaucoup moins de réverbe. Et «True Love Dies» qui est une sorte d’envolée un peu lyrique, et qui est complètement cinématographique pour moi. J’aimerais bien qu’on la prenne pour une pub ou pour un film.

Ton EP est très cohérent dans son esthétique. De la pochette aux titres, en passant évidemment par les atmosphères musicales. Tout se prolonge.

J’ai eu la chance de travailler avec deux esthètes, deux artistes que j’admire beaucoup. Hannah Rosselin, dont je t’ai parlé, et Maxime Wolff qui a conçu tout le design graphique. On a de nombreux points en commun, on a la même idée du beau, ce qui nous a beaucoup rapprochés. Et c’est vrai que même les titres sont très graphiques, on a beaucoup travaillé les visuels avec Maxime. Le premier titre est un «I» pour… «Introduction» ! Et «O»… la première lettre de «Outro». Tout simplement [rires] ! Je trouve que ce ne sont pas de jolis mots. Je voulais garder les premières lettres, comme des symboles. Le morceau «Illusions», lui, appelle le titre de l’EP, c’est le thème principal de tous les morceaux. Le mirage des sens dans notre quotidien, et surtout la confiance qu’on leur donne. En fait, lorsque j’ai écrit tout ça en Algérie, j’ai beaucoup réfléchi à cette question des mirages. Et à la vérité. Et je me suis dit que les choses étaient vraies jusqu’à un certain point mais qu’il y a aussi beaucoup d’informations qui nous échappent… Et puis, croire qu’une chose est réelle parce que tu désires qu’elle le soit… Chaque titre de l’EP explore ce sujet-là dans des situations concrètes.

Que raconte la chanson «Legalize» ?

Ça n’a rien à voir avec la marijuana [rires]. C’est vraiment un leurre. En fait, je parle de notre société, de cette société de masques où les gens passent par de futiles conversations hyper superficielles pour éviter de révéler qui ils sont réellement. Je dis : «legalize what you say you do», c’est-à-dire : «retire ton masque et dis-moi réellement qui tu es». L’idée c’est vraiment d’assumer qui on est et ce que l’on dit, parce que ça a une réelle conséquence en fait. On a chacun une énorme responsabilité et l’énergie qu’on transmet est importante. J’ai tellement été dans ce milieu-là ; dans la musique, tu rencontres beaucoup de gens qui parlent, qui… Voilà, enfin… Tu vois ce que je veux dire, je vais pas trop m’éterniser là-dessus [rires] !

Dans «O», tu chantes avec quelqu’un d’autre ?

Non, c’est moi ! En fait, il y a trois voix et les trois sont les miennes. Il y en a une qui est dans ma tonalité de base et les deux autres sont dépitchées, j’ai changé la hauteur tonale. Et celle dont tu parles, je la trouve hyper intéressante parce qu’elle est masculine, elle change presque le timbre. J’aime bien cette idée-là.

Est-ce que tu comptes faire plus de dates avec Illusions qu’avec Cheikh ?

Je vais faire quelques dates avec mon DJ qui est aussi l’ingé son qui a travaillé sur tout l’EP, il s’appelle Johnny Ola. Et avec mon guitariste Daniel Malet. Pour l’instant, on va partir sur cette configuration-là, à trois. Pour ce qui est de mes projets futurs, je pense que je vais être accompagnée des musiciens de The Hop… La famille. C’est l’équipe parfaite, parce qu’on se connaît tellement bien.

Si je me souviens bien, tu disais dans la table ronde de YARD travailler majoritairement avec des hommes.

J’ai toujours été entourée uniquement par des hommes dans la musique. Et malheureusement hein… Je m’entends très très bien avec eux ! Dans le domaine des arts, je ne fais pas attention aux sexes, à l’appartenance sexuelle. Je ne fais aucun amalgame, je trouve que c’est liberticide. J’ai eu la chance de rencontrer des musiciens talentueux, qu’ils soient hommes ou femmes. Quand on m’a invitée à la table ronde de YARD, j’ai trouvé ça intéressant d’échanger avec ces chanteuses qui partagent la même idée que moi de la musique. Je les ai trouvées hyper ouvertes et hyper talentueuses. Avec May Hi, on s’est retrouvées plusieurs fois pour bosser, soit chez moi, soit chez elle. C’est une excellente beatmakeuse, ce que je trouve admirable parce que ça existe très peu ici, en France.

Tu vas continuer à collaborer avec des rappeurs ?

J’ai fait pas mal de collaborations, où tu vois, je suis la seule meuf sur un refrain avec des rappeurs… J’en ferai encore mais vraiment beaucoup moins… Maintenant, j’ai vraiment envie de faire mes trucs quoi ! Et pourquoi pas faire l’inverse en fait. C’est là que ça peut beaucoup plus m’intéresser. Demander à des rappeurs de poser sur un refrain ou de faire l’intro sur un de mes projets… Mais ça dépend vraiment, là, il y a une collaboration avec Jazzy Bazz qui va arriver sur son prochain album, une interlude en français… Je marche au coup de cœur.

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