Chronique d’album : Skepta – Konnichiwa
Cinq ans que Skepta n’avait pas livré d’album. Cinq ans à façonner, mûrir et ciseler son dernier-né, Konnichiwa. Présenté en grande pompe lors d’un concert à Tokyo, clin d’œil patent à sa soif d’exportation, l’opus propose un grime à la fois pur et dilué. Au générique, BBK (dont JME et Wiley en solo), Novelist et D Double E, figures de proue du genre londonien, mais aussi Pharrell Williams, A$AP Nast et Young Lord, vedettes du hip-hop US. Des productions brutes, sombres et convulsives, portées par un flow musclé. Un hymne anti-police (« Crime Riddim »), une ode à la culture du diss (« Lyrics ») et deux vieux tubes ayant propulsé le grime (« Shutdown », « That’s not me »). Parallèlement, des refrains et des gimmicks traînent dans la tête (« Numbers ») et des sonorités trap s’infusent ici ou là, sur le puissant « It ain’t safe » et le langoureux « Ladies hit squad ». En substance, un grime authentique mais moins corseté. Plus abordable. Le bonhomme traîne ses guêtres du côté de l’Oncle Sam et a des envies de conquêtes. Joseph Junior Adenuga, précurseur et héraut du renouveau du rap made in UK, s’est donné pour mission de populariser le grime à travers le globe. Ce que beaucoup croyaient déceler comme un effet de mode se taille doucement une place solide et durable au soleil.
Maintes fois repoussé, Konnichiwa valait son année de patience. L’album s’ouvre (« Konnichiwa ») et se referme (« Text me back ») magistralement. Entre les deux, une enfilade de titres massifs et entêtants. Huitième galette de Skepta, Konnichiwa, « Bonjour » en japonais, salue la renaissance de son auteur.