Sur le moment, quand cela arrive, quel sentiment éprouves-tu exactement ?
Sur le moment… Sur un Charo Life, je viens d’arriver et je ne connais rien, donc ça me ronge. Mais sur Zifukoro ce qui m’a apaisé c’est que le disque d’or est arrivé assez rapidement. Malgré cela, je me dis intérieurement qu’on peut faire mieux, musicalement. Sur Charo Life, ça m’avait plus touché. Mais avec le temps on arrive à comprendre et je me dis que les gens ne sont pas là pour me critiquer ou me vouloir du mal, ils veulent juste de la bonne musique. Il n’y a pas d’autre coupable que moi si le public n’est pas aussi réceptif. Les mecs critiquent ce que je leur donne. Par exemple, pour la cover de Charo Life, c’est moi qui l’ai pensé comme ça, c’était instinctif, je l’ai faite dans ma cité. L’accueil de la pochette a été mitigé et ça nous a poussé à faire mieux par la suite.
On a l’impression que tu es plus relâché créativement parlant, moins sous pression.
C’est peut-être un truc que j’avais remarqué sur le précédent album. Zifukoro était mieux réalisé mais avait moins ce côté décontract’. Un peu comme si je voulais montrer que je savais rapper. Après les critiques j’ai réécouté l’album et je me suis dit qu’il fallait peut-être que je me relâche un peu, que je me fasse juste kiffer musicalement. Du coup cet album est un peu plus décontracté. Je suis plus naturel mais cela va de pair avec mon état d’esprit. Le Niska de ce nouveau projet est le Niska que je suis tous les jours. J’ai beaucoup d’autodérision et j’essaie de retranscrire cet état d’esprit dans les différents morceaux de Commando. En général mes morceaux les plus aimés sont ceux où je suis le plus décontracté, tout simplement. Après je tente aussi d’écrire des choses où je me prends un peu plus la tête. Mais au final les gens veulent un Niska simple, qui puisse les faire danser et rire mais qui sait aussi être street comme dans « Chasse à l’homme« .
Par rapport à Zifukoro où tu t’es dispersé en allant un peu toucher d’autres univers musicaux, aujourd’hui tu veux aller plus loin, mais dans ton style de prédilection.
C’est exactement ça ! Tu ne peux pas maîtriser quelque chose que tu ne connais pas. Sur Zifukoro j’essayais de m’ouvrir sur des styles que je ne maîtrisais pas. Ce n’était pas réellement du Niska. Là sur Commando je veux m’épanouir sur du Niska, avec mes propres mélodies, mes propres instrus; tous ces éléments que j’utilise d’habitude pour les rendre populaire. Cette notion est importante et se différencie du concept qu’est la musique populaire ! C’est là que réside la différence.. Avec mes propres ingrédients, rendre la musique populaire et pas l’inverse.
Tu disais il y a peu, vouloir travailler avec des artistes différents en citant David Guetta, notamment. Ce n’est pas un peu paradoxal ?
Mais pourquoi ne serait-ce pas eux qui s’ouvriraient à moi ?! David Guetta et moi pourrions trouver un terrain d’entente, non ? Au final il fait de la musique « ambiançante », moi de même. Vu sous cet angle, trouver un terrain d’entente semble plus facile. Je n’ai pas spécialement besoin de faire du David Guetta pour que ça marche. On peut ramener nos univers respectifs sur un seul et même titre.