Étant donné que ce style, ou en tout cas, le genre dans lequel vous voulez évoluer est encore tout récent, comment est-ce que vous parvenez à exister et à vous construire sans la base d’un antécédent. Comment vous arrivez à créer un marché ? Comment arrivez vous à vivre ?
ML : Je pense que c’est justement parce qu’il n’y a pas eu grand chose avant… Mais je ne comprend pas. C’est parce que c’est en France ?
Disons qu’en France, il n’y a pas eu de grande star ayant tout fracassé avec ce style-là. Peut-être PNL avec le « cloud rap ».
ML : Bah je pense que justement c’est parce que ça n’a pas existé avant qu’on a peut-être plus envie de le faire exister. Ce n’est pas sensé être inconnu je pense, ça devrait être un style tout à fait reconnu en France et pas qu’aux Etats-Unis.
Clairement, dans votre musique, vous êtes dans une niche. Ce n’est pas pop, dans le sens populaire. Ce n’est pas quelque chose qu’on écoute sur des radios généralistes. Alors qu’aux Etats-Unis, si. Entre guillemets, comment voyez vous l’avenir de votre scène ?
MH : Franchement, moi je ne me suis jamais posée la question. Mais les retours que j’ai, c’est qu’en gros, il faut développer et qu’il faut faire autre chose si on veut que ça fonctionne. Je sais qu’à chaque fois que j’ai parlé avec des patrons, des studios et tout le reste, à chaque fois ils m’ont dit : « Ouais c’est pas mal. Mais on va faire autre chose parce que ça ne marchera pas ».
NG : Ils ne sont pas prêts…
MH : Donc en faire un marché, ce serait lourd hein. Je pense qu’on veut toutes vivre de ça. Moi après je n’essaie pas. Tu vois, je fais ce que je fais. Et malheureusement, je ne pense pas qu’un jour ça aura vraiment sa place. Je pense vraiment que les français ne sont pas prêts pour écouter ça. Ce n’est pas quelque chose qui deviendra populaire. Et d’un côté, tant mieux !
La France, c’est un frein ?
MH : Oui, la France c’est un frein de ouf. Et toi Bonnie tu chantes en français parfois, toi tu chantes en anglais aussi, toi en arabe aussi… Je sais déjà que pour moi, rien que le fait de ne pas chanter en français, c’est grave un frein en France. À chaque fois on m’a demandé de faire des trucs, en me disant « Ouais, tu vas faire la même chose, mais en français ». Sauf qu’en français, ça ne sonne pas pareil. La musicalité n’est pas la même. Donc si on reste vraiment dans ce qu’on veut et ce qu’on essaye de faire, je ne pense pas qu’il y ait un marché qui puisse s’ouvrir.
NG : Et puis il y a un quota radio. Pour que ton son passe, il faut qu’il soit en français. C’est plein de trucs comme ça qui forcément vont contribuer à freiner le truc. Pour ma part, j’ai choisi l’anglais parce que je kiffe, parce que tous les artistes que j’écoutais chantaient en anglais. Je ne comprenais pas forcément et pourtant le message passait. Donc j’ai choisi l’anglais. Et le faire en français, c’est autre chose. L’impact est différent. Quand un français écoute un son en anglais, il va prendre la vibe, il va prendre l’ensemble du morceau. Quand tu arrives avec un texte français, ça percute. Quand j’écoute un morceau de Bonnie, je vois la différence entre l’anglais et le français. D’ailleurs, je trouve que tu manies très bien le français.
MH : Mais en fait c’est une flemme. Parce que l’anglais c’est trop facile. C’est tellement musical que quand tu chantes, c’est obligé de passer un minimum si tu as la voix. Alors que le français, c’est tellement une belle langue que tu dois choisir chaque mot et il faut qu’ils soient posé parfaitement. Et par exemple Bonnie, elle le fait parfaitement.
NG : Il faut que tu réussisses à les faire sonner en fait.
BB : Ah si, c’est trop beau. Après le français, ce n’est pas une obligation. Si tu n’as pas envie de chanter en français, tu ne chantes pas en français. Moi je trouve ça intéressant, mais c’est juste qu’il faut trouver des tricks, parce que ça ne sonne vraiment pas bien le français. C’est chiant, mais tu peux exprimer plein de trucs différemment. Il n’y a que les rappeurs qui font bien sonner le français je trouve. Après, il faut juste trouver des subterfuges. Mais c’est pas facile.
ML : Le français, quand il est bien chanté, comme Edith Piaf et tout ça…c’est encore mieux.
NG : C’est sûr, la langue est belle.
BB : Moi je trouve que Wallen, elle le faisait trop bien. K-Reen aussi elle a fait des trucs de ouf.
MH : Aujourd’hui elle fait du zouk…