Pourquoi certaines chansons deviennent des tubes ? Pourquoi d’autres floppent-elles lamentablement ? C’est le coeur du sujet que traite Derek Thompson dans Hit Makers: The Science of Popularity in an Age of Distraction. À travers son ouvrage, le journaliste développe deux thèses, dont l’une s’intitule « le mythe de la nouveauté ». Dans la préface de son livre, voilà ce qu’il en dit.
« La culture moderne est d’apparence « néothéiste » ; elle vénère le nouveau, ou du moins c’est ce qu’elle croit. Il existe une immense pression sociale pour être au fait des tendances les plus chaudes, des derniers potins, des succès récents. L’objectif de l’ensemble des marchés économiques d’aujourd’hui est de sensibiliser les gens, de les convaincre de leur faire comprendre qu’ils ont désespérément besoin de nouveaux appareils, de nouveaux services financiers, de nouvelles chansons, de nouveaux films, de nouveaux mèmes, de nouveaux livres, de nouvelles infos. De nouvelles identités aussi, pour être toujours « à la page » par peur d’être dépassé. Même les meilleurs organes de presse peuvent être trop obsédés par la recherche des dernières brulantes news (notez les trois premières lettres du mot), plutôt que de consacrer leurs ressources à informer leur audience – téléspectateurs et lecteurs – des tendances et informations qui se développent plus lentement, mais surement.
Mais les psychologues et les dirigeants des médias avancent finalement sur l’idée que la plupart les gens sont encore plus fortement attirés par les nouveautés qui leur rappellent quelque chose. Le grand public préfère sans s’en rendre compte les chansons, les intrigues ou les styles de vêtements qui leur évoquent quelque chose. Tout ce qui est familier est traité plus rapidement par le cerveau. La sensation de compréhension rapide, de se sentir en terrain connu, est autant puissante que sournoise : l’homme assimile le plaisir de se sentir en terrain familier à la qualité de cette « nouveauté ». Mais ce n’est pas ladite « nouveauté » qui l’a stimulé et lui a procuré du plaisir, mais davantage le fait qu’elle lui évoque quelque chose que son cerveau a déjà assimilé. »