Throwback : La cantine d’Al Capone (1930)

Dans l’imaginaire collectif, Al Capone est la représentation parfaite du gangster, le premier nom qui vient à l’esprit lorsqu’on pense à un criminel appartenant à l’univers mafieux. Une image que l’homme s’est forgé grâce à un tempérament de feu et un goût immodéré pour la violence, un style impeccable et des activités criminelles qui font de lui un des bandits les plus connus du XXème siècle. Gangster aux multiples facettes, il a construit sa fortune sur la fabrication et la distribution d’alcool pendant la période de prohibition aux États-Unis entre 1920 et 1933. Redoutable stratège, il s’est fait un nom en mettant au point des ruses pour isoler et éliminer ses rivaux lorsqu’ils devenaient trop puissants, n’hésitant pas à les tuer de ses propres mains. Un de ses faits d’armes les plus sanglants restent le Valentine’s Day Massacre, un jour où deux hommes de main d’Al Capone déguisés en policiers tueront sept hommes de son rival George Clarence « Bugs » Moran.

Outre cette vie de criminel, il est aussi décrit comme un homme loyal et attaché au code de l’honneur et à des valeurs familiales. Enfin, Al Capone aura définitivement façonné le stéréotype du gangster grâce à son style classe et élégant : caractérisé par un costard noir, parfois à rayures, et un chapeau de type fedora. Il deviendra longtemps après sa mort une source d’inspiration pour de nombreuses œuvres littéraires ou cinématographiques.

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Gangster redoutable, Capone n’en reste pas moins un grand philanthrope. Héritant d’un sens prononcé de la famille propre aux immigrants italiens des métropoles américaines, il est de ceux qui envoient des fleurs aux funérailles de ses ennemis en guise de politesse. Très sensible à son image et voulant rester proche du peuple, Capone décide de créer une Soup Kitchen à Chicago, 935 South State Street, pour accueillir et nourrir les victimes de la crise de 1929, dont l’issue deviendra The Great Depression outre-Atlantique. Plus ou moins admiré pour certaines de ses activités criminelles – le transport illégal d’alcool est vu comme une activité brave dans un contexte anti-gouvernementaliste – le criminel gagne l’empathie et se voit adoubé par la population de Chicago. Une sorte de Robin Hood des temps modernes.

Lors de l’hiver 1930, le Soup Kitchen d’Al Capone distribue 3 repas par jour (petit déjeuner, déjeuner et dîner) aux nombreux sans-abris et chômeurs de la ville. Devant le local servant de cantine, de longues files d’attentes se mettent en place trois fois par jour, sous l’œil des habitants de la ville et de ses médias. Il faut comprendre que les Soup Kitchen sont rares dans le pays à cette époque et surtout organisés par des églises et de petites associations. C’est donc un événement assez notable de voir une soupe populaire aussi importante autant au niveau des personnes accueillis que des repas servis, dans un pays qui compte alors 12 millions de sans-emplois, soit un quart de la main d’œuvre du pays. Le Soup Kitchen d’Al Capone fera même la couverture du journal local Herald Chicago Tribune, lui offrant une bonne publicité auprès des Chicagoan ainsi que des médias diffusant l’idée d’un gangster bienfaiteur : un mafieux philanthrope soucieux du prolétariat et Robin des Bois en guerre face à un gouvernement impuissant. Si en 1950, trois ans après la mort d’Al Capone, le Soup Kitchen est démoli, il restera l’un des premiers à être crée et contribuera à développer beaucoup d’autres hospices dans tout le pays entre la Great Depression et le début de la seconde Guerre Mondiale. Al Capone quant à lui, écrira un peu plus sa légende, mais autrement que par des frasques carabinées.

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